Les élèves de la neuvième année de l'école de base ont la possibilité de passer le concours d'entrée aux lycées-pilotes à la fin de l'année scolaire. Lequel concours a été institué depuis une dizaine d'années. L'expérience du lycée-pilote lui est antérieure. Elle avait commencé quelques années plus tôt et était destinée aux élèves les plus brillants ayant passé la sixième. D'ailleurs, l'institution du concours d'entrée aux collèges-pilotes est un " remake " de cette " sixième " depuis l'année dernière. Les élèves les plus méritants iraient aux collèges-pilotes. Donc, il s'agit de rassembler les meilleurs élèves dans des collèges et des lycées prônant l'excellence pour pousser davantage la concurrence et atteindre des paliers élevés du savoir. Mais, près d'une vingtaine d'années après le lancement de cette expérience d'établissements scolaires pilotes, a-t-elle été évaluée à sa juste mesure ? A-t-on sondé les enseignants pour recueillir leurs remarques concernant cette approche éducative ? A-t-on prêté l'oreille aux requêtes des élèves et de leurs parents ? A-t-on entendu les autres intervenants sur la scène éducative ? De telles questions interpellant les esprits des observateurs et méritent d'être analysées pour renforcer les compétences dans l'enseignement.
Le point de la situation L'expérience des établissements scolaires pilotes prône l'amélioration des résultats. Sa réussite est tributaire de l'amélioration des ratios d'excellence. Lesquels ratios devraient s'établir à partir de repères évolutifs si jamais ils existent. Autrement, on devrait les chercher. Dans l'optique d'adresser des regards croisés à cette question, on s'est adressé à un groupe d'enseignants et d'inspecteurs réunis à l'occasion de la fête de fin d'année scolaire. Ils ont préféré tous parler sous couvert de l'anonymat et refusé de se faire photographier. L'idée maîtresse qui se dégage, c'est que l'institution de l'expérience des lycées-pilotes ne s'est pas accompagnée d'un traçage d'objectifs déterminés de qualité : " On cherchait à instaurer la concurrence pour améliorer les résultats sans aucun objectif précis par rapport à des repères déterminés auparavant ", affirment les différents intervenants. Leurs propos montrent qu'ils sont même très critiques par rapport au niveau. " Il ne suffit pas que l'on ait dans ces lycées des taux de réussite de 100 % dans notre baccalauréat. Ce résultat est normal du moment que l'on ait choisi les meilleurs élèves lors de la neuvième. Lesquels brillants élèves ne devraient pas perdre la main au point de rater leur bac. Il fallait chercher d'autres objectifs ", réclament-ils. Un inspecteur a même fait une approche comparative : " On aurait pu tabler sur le taux de réussite aux grandes écoles françaises. Il s'agit d'un concours impliquant d'autres compétences venant de plusieurs pays. Ces concours pourraient servir de référence et situer le niveau des Tunisiens par rapport aux autres " En guise de réponse, ce même inspecteur affirme : " le nombre de Tunisiens dans les grandes écoles françaises n'a pas évolué durant les deux dernières décennies et il ne faut pas justifier ce résultat par la création de nouvelles écoles spécialisées en Tunisie. C'est plutôt notre plafond d'excellence. L'expérience des lycées-pilotes n'a pas apporté le plus escompté en matière d'excellence. Je crois qu'il est grand temps d'en faire l'évaluation "
L'alternative A première vue, ce sujet des établissements scolaires pilotes mérite d'être débattu et les spécialistes n'attendent que le feu vert pour le faire mais, ils n'ont pas eu l'occasion. Les différents intervenants sur la scène éducative émettent le vœu d'être concertés sur de tels problèmes impliquant l'avenir de l'enseignement en Tunisie. Ils appellent à une concertation sur la nouvelle expérience des collèges-pilotes qui est à la veille de sa troisième année. Donc, elle est à la veille de son premier concours de la 9ème. Ils appellent également à une évaluation de l'expérience des lycées-pilotes en lui traçant des objectifs. Ils souhaitent que cette évaluation touche également le niveau dans les autres lycées en remarquant que la lauréate nationale du baccalauréat en sciences expérimentales est issue cette année d'un lycée non-pilote et de la localité de Tabarka. Est-ce un signe de banalisation des lycées-pilotes ? Seule une évaluation rationnelle pourrait apporter la réponse.