La grogne des français (politiques, syndicats) n'arrête pas le processus. La Tunisie offre une main-d'œuvre abondante et peu coûteuse en plus des avantages fiscaux L'objectif de dépasser le niveau actuel des investissements étrangers qui n'a pas excédé les 1273MDT (selon les données provisoires) hors privatisations en 2006, répond également aux défis de réduction du taux de chômage et de renforcement de la croissance économique. Au cours du mois de mars courant, trois entreprises françaises ont annoncé leurs intentions de délocaliser leurs activités de production en Tunisie. Ces opérations constituent des sources de création d'emplois pour nos concitoyens et de destruction pour les leurs. Les Français condamnent de plus en plus la multiplication des opérations de délocalisation de leurs unités productives et considèrent qu'elles cherchent uniquement à réduire leurs coûts en mettant « out »* des milliers et des milliers de salariés et à améliorer par essence leurs rentabilités. D'un autre côté de la balance, les opérations de délocalisation sont pour les pays d'accueil comme le nôtre, génératrices d'emplois et plus ou moins créatrices de richesses. Outre le groupe « Damartex » opérant dans le prêt-à-porter, le fabricant de lingerie fine « Aubade » et « Metzeler », fabricant de pièces détachées pour automobile vont bientôt délocaliser une partie de leur production en Tunisie. A rappeler que la marque Aubade compte réaliser 95% de ses opérations d'assemblage en Tunisie, que le groupe Damartex a annoncé son projet d'investir dans une unité de production en Tunisie, dont la mise en service devrait débuter en 2008 et que plus récemment l'équipementier Metzeler appartenant au fonds d'investissement anglais Capital Venture City Bank va délocaliser l'une des ses branches françaises en Tunisie à cause d'une baisse de commandes des constructeurs français.
La course au « dumping social » pour maximiser leurs taux de profits en produisant là où c'est le moins cher et vendre là où il y a du pouvoir d'achat incite les entreprises étrangères opérant particulièrement dans le secteur du textile-habillement à délocaliser ou à transférer une partie ou la totalité de leurs activités de production dans un pays disposant d'avantages compétitifs. La Tunisie dispose d'une main-d'œuvre abondante et peu coûteuse, ce qui constitue un avantage concurrentiel par excellence en matière d'attraction de capitaux. Néanmoins, il va sans dire que le bas prix de la main-d'œuvre ne suffit pas pour stimuler davantage les opérations de délocalisations sur le site tunisien. Les entreprises étrangères cherchent entre autres des avantages fiscaux, une infrastructure moderne, des coûts de facteurs (téléphone, électricité..) compétitifs et un système bancaire incitatif. Donc, indépendamment de la formule qui sera adoptée par les entreprises « délocalisantes » pour mobiliser la main-d'œuvre tunisienne-génréalement en offrant des emplois précaires ou flexibles, les avantages ne manquent pas.
Pour les Trois entreprises précitées, la délocalisation de leurs activités de production « demandeuses » de main-d'œuvre, répond aux besoins de redéploiement de leurs bilans ou de leurs situations financières. Concurrence asiatique, baisse des chiffres d'affaires, perte de parts de marché, le coût élevé des opérations d'assemblalge, le coût élevé de la main-d'œuvre européenne, l'instabilité du marché ; sont les quelques arguments présentés par les directeurs financiers et les managers des entreprises précitées pour justifier leur stratégie.
Par ailleurs du côté de la société civile européenne on réprouve catégoriquement les opérations de délocalisations qui entraînent des suppressions cruelles d'emplois chez eux. Les Français s'interrogent même s'il y aura plus tard en France des produits « made-in France » ? Aubade compte supprimer 180 emplois et fermer son site dans la Vienne. Metzeler qui emploie en France près de 1000 salariés compte mettre à la porte 310 d'entre eux. Quant au Groupe Damartex, il a annoncé que les transferts de production ne donneront pas lieu à des plans sociaux. A vue d'œil, les délocalisations profitent aux firmes transférant une partie ou l'intégrité de leurs activités de production dans des pays qui présentent des avantages compétitifs et aux employés du pays d'accueil alors qu'elles nuisent aux intérêts des salariés européens. Mais il faut aussi reconnaître que si ces délocalisations sont génératrices d'emplois chez nous, dans la plupart des cas ces emplois restent précaires.