L'image de l'avocatie en prend un sérieux coup Une ambiance chaude et un débat houleux dans une salle surchauffée par une présence nombreuse. L'assemblée générale annuelle du Conseil de l'Ordre des Avocats a été, en quelque sorte, une occasion de règlement de compte entre les partisans et les adversaires du bâtonnier Me Béchir Essid et ce, sur fond de calculs électoraux et même politiques. Les adversaires qui ont constitué une alliance pour la circonstance entre des sensibilités de droite et d'autres de gauche, et qui étaient, jadis, les alliés du bâtonnier, lui reprochent, aujourd'hui, une mauvaise gestion financière notamment en tant que président du Conseil d'administration de la Caisse de retraite et de prévoyance, l'accusent d'agissements non démocratiques. Des accusations rejetées par ses partisans qui assurent que la gestion de la Caisse et du Conseil se déroulent dans la transparence la plus totale. Hier, donc, les interventions se sont focalisées sur cette question : pour, ou contre le bâtonnier ?
Interventions Les travaux de l'assemblée ont commencé par l'allocution de Me Essid qui a rejeté toutes les accusations et qui a assuré que les comptes de la Caisse de retraite et de prévoyance ont été contrôlés par des experts comptables et ne comportent aucune faille. Une affirmation qui a été rejetée par certains intervenants et même (et c'est une première !) par un membre du Conseil de l'Ordre et du Conseil d'administration de la Caisse de retraite et de prévoyance qui a souligné que le conseil n'a pas approuvé la justesse des comptes et qu'il a chargé des experts comptables de la vérification. Après l'allocution du bâtonnier, le secrétaire général du Conseil de l'Ordre Me Hédi Triki et la trésorière Me Saïda Akremi, ont présenté, respectivement, les rapports moral et financier. Ensuite, place aux interventions, dont certaines étaient houleuses et très agressives et parfois même " insultantes ". Nous reproduisons ci-contre des déclarations qui reflètent les deux sons du cloche. Néjib SASSI
Me Lazhar Akremi : " Audit et s'il le faut nous saisirons la justice " " La gestion financière a été marquée par la non transparence. Le bâtonnier agit seul. Les dépenses du Conseil de l'Ordre des avocats sont évaluées à environ 1300 millions de dinars, alors que les entrées à 1100 millions. C'est la première fois depuis sa création que le Conseil de l'ordre enregistre un déficit. En plus, les dépenses du bâtonnier avoisinent celles du Conseil de la section de Tunis du Conseil de l'Ordre qui compte environ 3500 avocats et dont les dépenses sont évaluées à 106 millions de dinars en 2009. Devant cette situation nous réclamons l'application de la loi et l'établissement d'un audit et pensons même saisir la justice ".
Me Boubaker Belthabeth : " Les accusations sont des simples rumeurs " " C'est la bataille électorale pour l'élection du bâtonnier en 2010 qui a commencé avec des arrières pensées politiques. Une bataille électorale prématurée au détriment des intérêts de la profession. En ce qui concerne la gestion financière, ce sont tous les membres du Conseil de l'Ordre et du Conseil d'administration de la Caisse de retraite et de prévoyance qui en sont responsables. Et, aucun d'entre eux ne peut se dégager de cette responsabilité et prétendre que seul le bâtonnier en assume la responsabilité. En plus, toutes les accusations restent de simples rumeurs non fondées sur des preuves. Elles visent le bâtonnier mais en réalité, elles ont terni l'image de marque de la profession auprès de l'opinion publique ".
Me Mohamed Karoui : " La majorité est avec le bâtonnier " " La gestion financière du Conseil et de la Caisse est transparente et les comptes sont justes et il n'y a aucun dépassement. Il y a une minorité qui pour des intérêts personnels, veulent ternir l'image du bâtonnier et lui porter préjudice. Le bâtonnier qui jouit d'une majorité parmi les avocats, reste au-dessus de ces fausses allégations ".