Me Essid déterminé à manger encore du lion * "Les accusations de mauvaise gestion financière n'ont aucun fondement" * Me Faouzi Ben Mrad : "Des dépenses et des voyages" * Me Mondher Cherni : " Le Conseil de l'Ordre doit participer à l'élaboration des projets de lois " Me Jomâa Ben Messoud : " Le bâtonnier est un homme compétent qui a une grande expérience et qui a beaucoup donné à la profession " Me Abderrahman Kraïem : " L'unification des aspirations pour le bien de la profession "
Demain se tiendra à Gammarth l'assemblée générale annuelle du conseil de l'ordre des avocats. Une assemblée qui selon les observateurs, sera chaude d'autant plus que certains avocats ont avancé ces derniers jours des accusations contre le bâtonnier en ce qui concerne la gestion financière du conseil de l'ordre et de la Caisse de Retraite et de Prévoyance. Des accusations alimentées par le report de la présentation du rapport administratif et financier de la caisse prévu initialement lors de cette assemblée générale. Mais aussi par la motion approuvée par les membres du conseil de l'ordre qui retire au bâtonnier la gestion financière de la Caisse. Une motion jugée illégale par Me Essid. Les débats lors de cette assemblée seront donc focalisés sur ces questions. Les "adversaires" du bâtonnier ne manqueront pas de les soulever. Mais les "partisans" se préparent déjà à y répondre. Pour en savoir plus nous avons invité Me Essid et des avocats de différentes sensibilités.
Le Temps : Certains vous accusent de mauvaise gestion des finances du conseil de l'ordre mais surtout des finances de la caisse de retraite et de prévoyance dont vous présidez le conseil d'administration qu'en dites-vous ?
Me Béchir Essid : Ces accusations sont fausses et erronées et n'ont aucun fondement. Elles ont des arrières pensées électorales et politiques. Le but est de porter préjudice au bâtonnier et ternir son image. L'objectif étant aussi de bloquer le processus de réformes de la profession. Ce sont comme je l'ai dit des calculs électoraux et politiques. Ce sont ainsi des accusations gratuites. Donc tous ceux qui sont derrière ces rumeurs peuvent venir au conseil et à la caisse vérifier les comptes et toute la comptabilité de la gestion financière. Au conseil de l'ordre et à la caisse de retraite nous travaillons dans la transparence la plus totale et nous n'avons rien à cacher et nous ne craignons personne sauf Dieu le plus puissant.
• Mais comment se fait-il que lors de la réunion du conseil de l'ordre tenu le 26 juin 2009 les membres du conseil ont voté une motion en vertu de laquelle vous êtes déchargé de tous les pouvoirs de gestion de la caisse de retraite et de prévoyance au profit du directeur administratif de la caisse? Cette décision n'a pas été appliquée parce qu'elle est contraire à la loi organisant la caisse. Cette loi stipule clairement que seul le bâtonnier est habileté à occuper le poste de président du conseil d'administration de la caisse et qui a les prérogatives de gérer les finances et de signer les chèques. (voir articles 4 et 5 de la loi citée). Donc ce qui a été décidé lors de la réunion du 26 juin est caduc et illégal. Le bâtonnier en tant que président du conseil d'administration de la caisse est le seul qui a le droit, comme le dit clairement la loi, de déléguer ses pouvoirs concernant la gestion des finances à un membre de l'administration de la caisse. Le nom du directeur que certains veulent le charger de la gestion n'a pas été mentionné par la loi organisant la caisse.
• Quel est selon vous le bilan de cette année judiciaire du conseil de l'ordre ? Depuis notre élection nous n'avons pas arrêté de travailler pour le bien de la profession. Nous avons réalisé d'importants acquis dont notamment la caisse de retraite et de prévoyance pour les avocats qui fonctionnent aujourd'hui au profit des avocats avec une administration moderne.
• Contrairement à ce qu'il a été annoncé le rapport financier de la caisse de retraite et de prévoyance ne sera pas présenté demain à l'assemblée générale ? Effectivement et c'était mentionné dans les invitations adressées aux avocats. Le programme comportait une assemblée générale du conseil de l'ordre au cours de laquelle seront présentés le rapport moral et le rapport financier et une assemblée générale de la caisse de retraite et de prévoyance au cours de laquelle seront présentés les rapports administratif et financier et le rapport des experts comptables. Mais comme la caisse qui a commencé à fonctionner le 1er juillet 2008 n'a pas ainsi atteint la durée d'une année de gestion, le conseil d'administration a décidé donc de reporter la présentation des deux rapports à la fin de l'année.
• Un mot sur vos relations avec le président de la section de Tunis du conseil de l'ordre? Elle sont bonnes et normales.
• On dit que vous allez briguer un autre mandat? C'est une question prématurée. Mon souci majeur est la réalisation de plus d'acquis pour la profession. -------------------------------- Me Faouzi Ben Mrad : "Des dépenses et des voyages" "Le conseil de l'ordre a passé son temps à régler les différends et à organiser les voyages. La situation de la profession est restée statique. Les dépenses du conseil de l'ordre ont énormément augmenté et c'est la première fois que les dépenses ont dépassé les recettes. Le bâtonnier a passé tout son temps à voyager. Des voyages avec des frais élevés sur le compte des finances du conseil de l'ordre. En plus il gère le conseil comme un jardin privé imposant toujours ses opinions et ses points de vue". -------------------------------- Me Mondher Cherni : " Le Conseil de l'Ordre doit participer à l'élaboration des projets de lois " " Le rendement du Conseil de l'Ordre pour l'actuelle année judiciaire était normal. Cette année s'est caractérisée par la propagation de plusieurs rumeurs au point qu'on n'arrive plus à distinguer le vrai du faux. Des avocats ont tenté de porter préjudice au Conseil de l'Ordre et au Bâtonnier et ce à des fins politiques et électorales. Il est vrai que la critique est un droit garanti mais on ne doit pas porter atteinte aux personnes. Ceci nuit à l'image de l'avocatie et l'affaiblit. Et c'est fait exprès. Pour le volet financier, personnellement je fais confiance au rapport du Conseil. D'autre part, je considère que tout ce qui a été réalisé on ne peut pas le qualifier d'acquis à titre d'exemple la couverture sociale est un droit et non un acquis. Aussi, le Conseil n'a pas pris les bonnes décisions quand certaines parties ont porté atteinte à la profession et il n'y a pas eu un suivi pour ces affaires. Par ailleurs, je pense que le Conseil doit réclamer sa présence en tant que membre dans la commission de préparation des projets de lois ". -------------------------------- Me Jomâa Ben Messoud : " Le bâtonnier est un homme compétent qui a une grande expérience et qui a beaucoup donné à la profession " " On peut dire que le rendement du Conseil de l'Ordre des avocats pour cette année était moyen. Il a essayé de réaliser des acquis et il a réussi dans certains cas. Le Conseil doit être à l'écoute des attentes des avocats et de leurs préoccupations pour leur faciliter leur travail au quotidien et moderniser la profession. En ce qui concerne les rumeurs notamment celles se rapportant au volet financier, on ne peut en parler qu'après l'expertise. Personnellement, je respecte le bâtonnier. C'est un homme compétent qui a une grande expérience et qui a beaucoup donné à la profession. " -------------------------------- Me Abderrahman Kraïem : " L'unification des aspirations pour le bien de la profession " " Pour cette année, il y a eu des acquis au profit des avocats notamment en ce qui concerne l'élargissement du champ d'action. L'accent a été mis aussi sur l'importance de la formation et du recyclage ainsi que la nécessité d'être " up to date " en incitant les avocats à l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Pour ce qui est de la défense de la profession, on pense actuellement au partage des tâches en créant des structures pour la gestion quotidienne ainsi que des structures disciplinaires. D'une manière générale, cette année a été particuilièrement axée sur les préparatifs des élections que sur le travail de fond. Mais il faut savoir que le plus important c'est qu'aujourd'hui pour avancer il faut que les 6900 avocats tunisiens soient unis. "
Dossier réalisé par Afef BEN ABDELJELIL et Néjib SASSI