Me Abdeljelil Bouraoui avance l'idée de la tenue d'élections anticipées. La réunion du 6 novembre du Conseil de l'Ordre des avocats sans le Bâtonnier (voir le Temps du 17 novembre) continue de faire des vagues et a plongé la profession dans une véritable crise. Une scission s'est d'ores et déjà opérée entre les adversaires du Bâtonnier Me Béchir Essid et ses partisans. L'ex-bâtonnier Me Abdeljelil Bouraoui a même avancé l'idée de la tenue début 2010 d'élections anticipées du Bâtonnier, des membres du Conseil de l'Ordre et des sections. Des élections dont la date initiale était fixée pour juin prochain. Me Bouraoui nous a déclaré : " c'est un problème de structures qui se pose et qui a pris des dimensions considérables. Il serait peut-être opportun qu'une réunion ait lieu avec la médiation des anciens Bâtonniers pour déterminer les points de discorde entre les deux parties et essayer de trouver une solution au différend. A défaut d'un accord, il est préférable d'appeler à la tenue d'une assemblée générale élective, pourquoi pas en janvier prochain, afin de sortir la profession de l'impasse ". Fonction Cette crise s'est déclenchée quand des membres du Conseil de l'Ordre ont tenu une réunion sous la présidence du secrétaire général et sans l'aval du Bâtonnier et ont pris des décisions qui remettent en question la gestion unilatérale, selon eux, des affaires du Conseil, entreprise par Me Béchir Essid. Ils ont ainsi remis en cause la désignation par le Bâtonnier d'un représentant de la profession au sein du Conseil économique et social ", " le retrait de l'argent liquide de la caisse du Conseil ", " l'utilisation excessive de son téléphone portable dont la facture serait au frais du Conseil et le montant de l'entretien de sa voiture de fonction ". " Allégations " rejetées par le Bâtonnier qui a jugé la réunion illégale. Ainsi, il a tenu hier, à la Maison de l'Avocat, à Tunis, une conférence informative sur cette question à laquelle ont assisté des centaines d'avocats. " Factures " ? D'emblée, Me Essid a commencé par signaler la gravité de la situation qui menace les structures mêmes de la profession : " Agresser le Bâtonnier, le symbole de l'avocatie, est une agression contre toute la profession. Et cela ne date pas de la réunion du 6 novembre, cela date pratiquement depuis un an. Un groupe d'avocats, avec la complicité de certains membres du Conseil de l'Ordre, ont commencé à mener une campagne pour ternir l'image de marque du Bâtonnier en avançant comme argument, cette soi-disant mauvaise gestion financière en l'accusant carrément de dérober l'argent de la caisse du Conseil en gonflant les factures et en utilisant d'autres moyens ". Me Essid s'en est défendu en assurant que " la gestion financière du Conseil et celle de la caisse de prévoyance et d'assurance-maladies, sont saines et cela a été certifié par des experts comptables de renom ", a-t-il précisé. Le Bâtonnier a ajouté que ces mêmes personnes l'accusent d'avoir terni l'image de l'autonomie de la profession. Il explique qu'il a sauvegardé cette autonomie et il a en plus réalisé d'importants acquis pour les avocats et qu'avec le dialogue constructif il va en réaliser d'autres. Consensus Le Bâtonnier a ensuite donné la parole aux avocats présents. Le premier qui a pris la parole est Me Imed Becheikh Arbi, membre du Conseil de l'Ordre. Il a commencé par expliquer que " contrairement à une promesse tenue il y a un an, le Bâtonnier ne l'a pas désigné comme c'était convenu, comme représentant de la profession au sein du Conseil économique et social et c'est regrettable ". " Le Bâtonnier, ajouta-t-il, n'a cessé de prendre unilatéralement les décisions sans consulter les membres du Conseil de l'Ordre. C'est pour remédier à cette situation que nous avons tenu la réunion du 6 novembre. Le Bâtonnier agit seul et se permet même de retirer de l'argent liquide de la caisse. Nous voulons que ce genre de dépassement cesse ". Mais pour Me Chokri Belaïd, " ce n'est pas cela le fond du problème. Cette réunion tenue par les membres du Conseil de l'Ordre est illégale, ajoute-t-il. Elle est contraire à la loi régissant la profession et au règlement intérieur qui stipule que c'est le bâtonnier et lui seul qui peut fixer la date des réunions, leur ordre du jour et les présider et s'il a un empêchement, il désigne par écrit son remplaçant. C'est clair et cette réunion est une tentative de " coup d'Etat " qui nuit à la profession ". Et, c'est donc dans une ambiance surchauffée que se sont poursuivies les interventions les unes pour défendre le Bâtonnier, les autres pour l'attaquer. Place, donc, au Conseil des sages, composé d'anciens Bâtonniers, comme l'a souligné Me Bouraoui pour essayer de trouver un consensus et débloquer la situation.