Alors que les appels à la moralisation des pratiques économiques, financières et commerciales se sont multipliés, partout dans le monde, ces derniers temps, face aux dérives ayant provoqué la récente crise économique et financière mondiale, l'Association des responsables de formation et de gestion humaine en entreprise (AFORGHE) a choisi le sujet de ''l'éthique, la gouvernance et les ressources humaines'' comme thème aux travaux de sa 12ème Université d'été qui ont démarré, hier, à Gammarth, avec la participation d'une élite d'experts et de conférenciers de Tunisie et de plusieurs autres pays maghrébins, arabes, africains et européens, principalement d'Algérie, Maroc, Mauritanie, Sénégal, France et Italie. La manifestation étalée sur deux jours, est organisée en collaboration avec la fondation allemande ''Konrad Adénauer Stiftung'' et comportait des séances plénières, des ateliers de travail et des tables rondes sur les divers aspects du sujet dont l'actualité et l'importance ont été mises en exergue par tous les orateurs intervenus au cours de la séance d'ouverture.
Crise de valeurs Donnant le coup d'envoi des travaux, au nom du ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la fonction publique et du développement administratif, son chef de cabinet, Mr Fethi Bdira, a souligné que la récente crise économique mondiale est une crise de valeurs, et non pas une crise de système, car elle a été déclenchée par le manque de respect de certaines valeurs simples et rudimentaires. Aussi, parler d'éthique et de moralisation des pratiques, en cette circonstance, constitue un rappel à l'ordre au moment opportun et est propre à déranger et à inciter à la réflexion et à l'autocritique en vue de fixer des principes et des normes du travail bien fait. La présidente de l'AFORGHE, Mme Zeineb Mahjou Attia, a évoqué aussi une perte des repères, soulignant que les décideurs et les managers attirés par le profit immédiat et la rentabilité à tout prix, sont réduits, aujourd'hui, à naviguer à vue d'oeil. Selon elle, l'éthique est un catalyseur à la bonne gouvernance. Mr Thomas Shiller, représentant régional de la fondation ''Konrad Adenauer Stiftung, a développé la même idée, affirmant que l'éthique et la bonne gouvernance vont de pair dans la mesure où toute la société est assujettie à l'exigence de la bonne gouvernance et non pas seulement les entreprises économiques. Cependant, la moralisation nécessite des moyens contraignants qui imposent le respect des valeurs éthiques. Or, comme l'a affirmé un conférencier, les contraintes légales ne suffisent pas à garantir l'honnêteté des relations d'affaires. La dérégulation et la déréglementation sont érigées en principe dans le cadre du système économique libéral. La loi elle-même stipule la dérégulation, au nom du libéralisme, ce qui a permis les déraillements ayant provoqué la crise économique mondiale. Dans cette optique, la moralisation implique le retour à la régulation et à la réglementation, pour certains, alors que la majorité continue de défendre le libéralisme intégral et réclame davantage de libéralisation. Au même moment, la loi n'est pas toujours respectée et peut être détournée. Les textes peuvent être diversement interprétés. Le respect des règles de l'éthique relèverait, donc, davantage d'une volonté personnelle que d'une loi. Portée au niveau de l'ensemble de la société, elle exige l'enracinement d'une nouvelle culture qui accorde la priorité à l'être humain, de sorte que l'économie doit être mise au service de l'homme et non pas l'inverse, comme l'a affirmé Mr Thomas Shiller., et ce en ancrant chez les décideurs et tous les citoyens, en général, le sens de la responsabilité sociale, c'est-à-dire amener chacun des citoyens et plus particulièrement chaque responsable et chaque décideur à penser aux conséquences de ses décisions au niveau où il est placé ainsi qu'au niveau de la société dans son ensemble.