Le Temps-Agences - Les dirigeants chinois ont annoncé hier des "punitions sévères" pour les responsables des émeutes sanglantes d'Urumqi, la capitale du Xinjiang qui a connu un début de retour à la normale malgré le quadrillage des forces de l'ordre. Réuni mercredi soir autour du président Hu Jintao, le Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste chinois a estimé que la stabilité dans la région autonome était "la tâche la plus importante et la plus pressante", selon un communiqué publié jeudi.
Mais la plus haute instance dirigeante de Chine a également promis des "punitions sévères" pour les responsables des émeutes qui ont fait au moins 156 morts à Urumqi, selon le bilan officiel.
Il s'agissait de la première réaction de la direction du Parti et de l'Etat chinois depuis le début des troubles interethniques entre Ouïghours, musulmans turcophones, et Hans, l'ethnie majoritaire en Chine.
Toujours très présents, mais sensiblement moins nombreux que la veille, militaires et policiers anti-émeutes ont continué hier de séparer physiquement les quartiers des Hans de ceux des Ouïghours, la principale minorité de cette région du nord-ouest de la Chine.
La Turquie est prête à accorder un visa de séjour à la dissidente ouïghoure en exil Rebiya Kadeer, accusée par la Chine d'avoir fomenté les émeutes, a déclaré hier le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
"J'ai appris par la presse ce matin que le ministère des Affaires étrangères avait rejeté de précédentes demandes (de visa). Si elle nous fait une nouvelle demande, nous lui accorderons un visa", a-t-il dit aux journalistes avant de quitter la capitale turque pour la réunion du G8 en Italie.
Mme Kadeer, 62 ans, qui vit en exil aux Etats-Unis depuis 2005, a dit mercredi soir à une chaîne de télévision turque avoir déposé deux demandes de visa auprès de l'ambassade de Turquie à Washington et qu'elles avaient été rejetées.
Les autorités ont annoncé mercredi soir que la situation était désormais sous contrôle dans cette ville de plus de 2 millions d'habitants.
Aucun attroupement de gens armés n'était visible, au contraire des jours précédents, et les transports publics ont recommencé à circuler, comme les taxis.
Après une fermeture officielle de trois jours, les commerces ont rouvert.
Le bazar -- grand marché oriental en plein quartier ouïghour -- n'avait pas lui repris ses activités. Et pour certains, la fermeture du bazar illustrait bien la différence de traitement des communautés.
Les Ouïghours accusent régulièrement les Hans de les traiter comme des citoyens de seconde zone et de prendre prétexte d'une menace séparatiste pour exercer à leur encontre une répression politique, culturelle et religieuse.
Jugeant que les troubles au Xinjiang avaient "pris la dimension d'atrocités", M. Erdogan a indiqué qu'Ankara demanderait que le sujet soit discuté au Conseil de sécurité de l'ONU, dont la Turquie est membre non permanent.
La Chine a rejeté hier toute saisine du Conseil de sécurité.