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"Nous sommes attachés à ce que notre culture soit fidèle à son référentiel, ancrée dans ses racines, ouverte sur les courants de la modernité, en symbiose avec les mutations de l'époque"
Interview du Président Ben Ali à la revue «Rihab Al-Maarifa»
Publié dans Le Temps le 11 - 07 - 2009

Tunis-TAP - Le Président Zine El Abidine Ben Ali a accordé une interview à la revue culturelle tunisienne «Rihab Al-Maârifa» qu'elle a publiée dans son dernier numéro. Dans cette interview, le Chef de l'Etat évoque la place privilégiée accordée à la culture dans le projet civilisationnel de la Tunisie et le rôle du dialogue des civilisations, des cultures et des religions dans la lutte contre les effets négatifs de la mondialisation.
Il souligné, également, l'importance de l'unité culturelle dans la construction d'un édifice maghrébin invulnérable et met l'accent sur la place de choix qu'occupe la jeunesse dans les priorités du Chef de l'Etat.
Voici le texte intégral de l'interview :

Vingt jours après le Changement du 7 novembre 1987, vous aviez consacré un conseil ministériel à la culture et pris un ensemble de mesures d'avant-garde en faveur de ce secteur. Vous aviez également proclamé le principe « La culture support du Changement ». Cela signifie, Monsieur le Président, que vous aviez la pleine conviction que le Changement doit être essentiellement culturel.
Vingt-deux ans après le Changement et alors que notre pays est entré dans une nouvelle étape de réformes, ce principe est-il toujours d'actualité ou conviendrait-il de le faire évoluer à la lumière des évolutions intervenues au plan national et sur la scène mondiale ?
Depuis le début du Changement, nous avons accordé à la culture dans notre pays tout l'intérêt et toute l'attention qu'elle mérite. Nous continuons à déployer des efforts et à multiplier les initiatives pour promouvoir davantage ce secteur et impulser sa progression sur la voie de l'évolution et de la création.
Notre proclamation que «la culture est le support du processus du Changement » ne relève ni d'une attitude conjoncturelle, ni d'une option pour une phase limitée de notre marche nationale. Elle procède de l'essence même de notre projet civilisationnel.
Nous l'avons érigée en principe partant de notre conscience du rôle de la culture quant au renforcement des fondements de la société, à l'enrichissement de l'interaction entre ses composantes et à l'impulsion des énergies créatrices chez tous les citoyens, hommes et femmes.
A notre sens, le Changement est une action civilisationnelle continue, qui englobe les différentes dimensions politique, économique et sociale. Il ne saurait produire ses effets, poursuivre son avancée et réaliser ses objectifs de la manière que nous lui avons voulue s'il ne prend pas appui sur une base culturelle en constante évolution qui sauvegarde ses constantes, le nourrit de valeurs constructives et de visions renouvelées, et aiguise sa volonté pour aller de l'avant vers le meilleur et le sublime.
C'est là ce que confirment les grandes mutations intervenues au cours de l'histoire, c'est aussi ce que commande aujourd'hui la place privilégiée dont jouit la culture à notre époque si riche en évolutions intellectuelles et scientifiques de plus en plus rapides.
Nous avons tenu à renforcer notre référentiel national et à inciter les créateurs à produire et à innover. Nous leur avons ouvert les espaces d'activité culturelle pour abriter leurs œuvres littéraires, intellectuelles et artistiques. Nous avons pris l'initiative depuis le Changement d'aménager pour les intellectuels les conditions propices à la création, étendu la couverture sociale en leur faveur et leur avons prodigué les encouragements nécessaires. Nous avons consacré le droit à la production de la culture et à en tirer profit.
Nous avons garanti la liberté de pensée, d'expression et de participation à tous, dans le cadre de l'Etat de droit et des institutions et œuvré à supprimer toutes les formes de censure administrative sur les livres et les publications, afin de procurer au créateur tunisien les meilleures conditions pour la production partant de la consécration du droit à la liberté d'opinion et d'expression.
Afin de permettre au secteur d'occuper la place dont il est digne dans le processus de développement global, nous avons augmenté progressivement le budget consacré au secteur de la culture et de la sauvegarde du patrimoine pour atteindre en 2009, le taux de 1,25% du budget de l'Etat. Grâce à cela, nous avons accompli de nombreuses réalisations qui nous ont permis de renforcer les institutions de référence du secteur et de rapprocher la culture du citoyen.
Nous continuons d'aller de l'avant dans cette voie, misant sur les apports de nos intellectuels, sur les capacités sans cesse renouvelées et leurs aptitudes à la création et à l'innovation pour impulser le processus de progrès, de modernité et d'édification, conforter le rayonnement de notre pays et sa place aux niveaux régional et international.

Vous avez, Monsieur le Président, affirmé à maintes reprises, que les peuples tirent fierté de leurs cultures et que les cultures prennent de la valeur grâce à leur production. Mais, dans le contexte de la mondialisation, la culture demeure-t-elle le signe de l'identité des peuples ?
Il est vrai que nous avons affirmé en de multiples occasions que les peuples tirent fierté de leurs cultures et qu'il n'est pas de culture évoluée sans intellectuels créateurs, capables de créer, et d'apporter leur contribution dans un contexte de liberté et d'engagement librement consenti, au service des causes de la patrie et de ses aspirations, ainsi qu'au service des causes humaines dans leur acception globale.
C'est pourquoi nous n'avons ménagé aucun effort pour entourer de toute notre attention nos savants, nos chercheurs et nos créateurs dans les divers domaines scientifiques, littéraires et artistiques. Nous avons veillé constamment à leur prodiguer nos encouragements, à honorer ceux qui se distinguent parmi eux et à leur assurer les conditions favorables pour accomplir leur noble mission de la façon la meilleure.
Nous sommes persuadés que les peuples se distinguent essentiellement par leurs cultures, et que le meilleur moyen d'assurer l'invulnérabilité de la société réside dans l'impulsion de ses énergies créatrices et innovantes, afin qu'elles contribuent par leur savoir et par leur intelligence, à enrichir sa culture, à en améliorer les contenus, à développer ses méthodes et ses instruments et à propager ses valeurs et ses concepts.
Mais si tel est toujours le rôle de la culture dans ses relations avec l'identité des peuples et de leurs spécificités distinctives, son rôle dans la préservation des constantes de la société n'en sera que plus important et plus nécessaire dans le contexte de la mondialisation de la culture, et des défis engendrés par la révolution informatique et médiatique que nous vivons aujourd'hui, défis qui requièrent de notre part, la réalisation de l'équilibre entre l'ouverture sur le monde, l'accès à la modernité, d'une part, et d'autre part, l'enracinement de notre identité, la consolidation de nos constantes et la recherche des moyens d'apporter notre contribution, dans notre environnement régional et international, de manière à enrichir notre patrimoine historique au service de la civilisation humaine.

Le génie des peuples ne réside pas dans la standardisation de leur culture dans un mode uniforme, comme le suggère la mondialisation sauvage. Ne croyez-vous pas, Monsieur le Président, que la richesse et le rayonnement des cultures ne se réalisent pas par l'assimilation, mais par la différence et les particularismes ?
Nous croyons que la civilisation humaine est un produit commun auquel tous les peuples, toutes les nations ont contribué au cours de longues périodes de l'histoire. C'est pourquoi aucune nation ou groupement humain n'a le droit, quelle que soit son importance, de prétendre accaparer ces acquis communs de l'humanité ou d'imposer son propre référentiel aux différents peuples. Les génies des peuples sont naturellement variés et nécessairement différents. Nous avons réaffirmé à de nombreuses reprises dans le passé, que ces différences ne doivent pas constituer un motif pour la négation ou l'exclusion, mais plutôt constituer un vaste domaine de différenciation et de richesse.
Toute tentative de standardisation dans ce domaine revient à priver la culture humaine de la richesse de ses créations et de la diversité de ses acquis et constitue une atteinte au droit des peuples à se différencier et à exprimer leur identité.
Pareille démarche aboutit au repliement sur soi et ouvre la voie au fanatisme et à l'extrémisme, au lieu de la compréhension mutuelle et de la concorde. Les échanges et l'interaction des différentes cultures demeurent un facteur décisif pour l'établissement des ponts entre les peuples et l'institution d'un dialogue d'égal à égal entre les civilisations et les cultures.

Kairouan, Capitale de la culture islamique en 2009 tandis que Tunis a été capitale culturelle en 1997. Pourrions-nous nous attendre à ce que Tunis ou d'autres villes tunisiennes soient promues capitales de la culture africaine et méditerranéenne, qui sont des compléments de notre civilisation ?
Nous célébrons cette année Kairouan en tant que capitale de la culture islamique, eu égard à sa place historique privilégiée et à son vaste rayonnement, des siècles durant, sur son environnement maghrébin et méditerranéen après que Tunis eut été désignée, en 1997, capitale culturelle par une décision de l'UNESCO. Tout en étant fiers de notre appartenance africaine et méditerranéenne, et en veillant à jouer un rôle actif efficient dans ces deux espaces, nous poursuivons nos efforts pour que notre pays soit une capitale permanente de la culture dans ses différentes tendances.
Dans ce contexte, nous avons organisé, en coopération avec les organisations régionales et internationales, nombre de rencontres, colloques et conférences, en vue de renforcer la coopération culturelle entre les peuples, de même que nous avons créé un centre international pour le dialogue des cultures et une chaire universitaire pour le dialogue des civilisations et des religions, institué des prix pour promouvoir la culture de la modération, de la tolérance et de la coopération entre les peuples et ouvert nos espaces culturels aux différentes formes de création humaine.
Sur cette base, nous considérons que la Tunisie demeure toujours une capitale culturelle et une terre de rencontre permanente entre les civilisations et les cultures. C'est là une dimension humaine et planétaire de notre pays que nous veillons, de toutes nos forces, à maintenir et à préserver.

N'est-il pas à craindre que le colloque dédié au dialogue des cultures à Kairouan, ne se transforme en un prélude à la marginalisation des cultures nationales, lesquelles constituent le fondement de l'identité des peuples
En réalité, nous n'avons aucune crainte à l'égard du dialogue entre les civilisations, les cultures et les religions, et nous ne le considérons pas comme un prélude à la marginalisation de la culture nationale.
Nous y trouvons plutôt une voie idéale pour traiter les incidences négatives des courants de la mondialisation, et renforcer la coopération et la solidarité entre les peuples, dans le cadre d'un partenariat équilibré et du respect mutuel. Nous avons affirmé auparavant que « nous avons besoin, aujourd'hui, plus que jamais, d'instituer un partenariat international pour le dialogue, la coopération, la paix et le développement, consacrant la communication entre toutes les nations, partout dans le monde, indépendamment de la couleur, de la race, de la religion ou de la langue ».
Nous avons, également appelé, à plus d'une occasion, à ce que tous s'engagent à initier les générations montantes à la culture du dialogue, de la tolérance et des droits de l'Homme, ainsi qu'à diffuser ces nobles valeurs auprès des différentes franges sociales et plus particulièrement parmi les rangs des générations montantes, convaincus que nous sommes qu'il ne saurait y avoir d'avenir pour l'humanité, dans le contexte d'une culture de la haine et de l'alimentation des conflits entre les civilisations.
Il est clair que notre appel au dialogue équilibré et notre attachement à l'enrichir et à le dynamiser entre les différentes civilisations et religions ne signifient guère l'abandon des fondements de notre identité nationale et de nos spécificités.
Ces spécificités constituent plutôt notre atout dans le dialogue, car l'apport qualitatif requis ne se réalise qu'à partir de la spécificité et de la différence.

Comment esquissez-vous, Monsieur le Président, les principaux contours de la Culture de demain dans notre pays, dans le contexte du modèle dominant de la mondialisation ?
La culture dans notre pays évolue en permanence, et nous nous basons, afin de l'impulser et en sculpter les principaux contours, sur une large participation des différentes parties concernées par l'action culturelle dans notre société, dans le contexte d'un climat démocratique fondé sur le dialogue et le respect du droit à la diversité et à la différence.
Il est certain que les hommes de pensée, de culture et de création dans notre pays assument un rôle primordial dans ce domaine, du fait que ce sont eux les créateurs de culture et ses producteurs, et que ce sont eux qui dessinent, par leurs apports continus, ses contours sans cesse renouvelés.
Partant de là, nous avons organisé de nombreuses consultations dans le domaine de la culture et ses secteurs, et nous avons créé le Conseil supérieur de la culture afin qu'il soit un nouvel espace de dialogue entre l'administration, les intellectuels, les représentants des partis politiques et les organisations de la société civile, autour de tout ce qui concerne notre marche culturelle.
Nous sommes satisfaits de la large affluence recueillie par ce dialogue et des idées et propositions qui en sont issues. Nous avons annoncé dans notre programme électoral pour l'année 2004 que nous œuvrons à édifier « une culture pour tous qui encourage la créativité et accompagne la mondialisation ».
Nous sommes attachés à ce que notre culture soit fidèle à son référentiel, ancrée dans ses racines, ouverte sur les courants de la modernité, en symbiose avec les mutations de l'époque, capable de rayonnement et d'interaction positive avec les différentes cultures, sur la base de la confiance en soi, de la foi en la patrie et de la reconnaissance des vertus de la diversité culturelle, au plan humain.
C'est ce qui nous a conduit à conférer un intérêt particulier à investir dans la culture, à encourager la promotion des industries culturelles et à ouvrir les horizons devant le progrès, au niveau de la culture numérique émergente.

Qui ne réfléchit pas à l'avenir n'a point d'avenir. La Déclaration du 7 novembre a traduit l'esprit de la jeunesse. D'ailleurs, l'intérêt porté aux générations montantes ne cesse de se poursuivre, intérêt illustré à travers la Consultation nationale sur la jeunesse que vous avez ordonnée.
La Culture a occupé une position fondamentale parmi les préoccupations de cette catégorie de la société. Quels sont vos projets culturels destinés aux jeunes ?
La jeunesse occupe, depuis l'avènement du Changement une place particulière au sein de nos préoccupations, et une position spécifique dans notre politique et nos efforts de développement, en tant que notre richesse primordiale, et notre meilleur moyen pour l'édification du présent de notre pays et la prospection d'un lendemain meilleur. Nous nous sommes constamment attachés à appréhender l'avenir avec le regard de notre jeunesse, nous avons prodigué avec générosité pour son éducation, sa formation et son encadrement. Nous n'avons eu de cesse d'être à l'écoute de ses préoccupations et ambitions, et œuvré à élargir le domaine de sa participation dans la vie publique. Dans ce cadre, nous avons organisé des consultations pour les jeunes de façon périodique.
Nous nous sommes inspirés des idées et des recommandations qui en sont issues, pour l'élaboration de nos plans de développement. Le dialogue global avec la jeunesse qui s'est poursuivi durant toute l'année 2008 a constitué dans ce contexte un événement saillant.
Nous avons focalisé nos projets culturels sur la réponse aux ambitions de notre jeunesse dans ce domaine. Aussi, avons-nous porté notre intérêt aux espaces culturels des jeunes, œuvrant à en enrichir les activités et à en diversifier les contenus. Nous avons également renforcé la dimension culturelle au sein de nos établissements éducatifs et universitaires, et soutenu l'activité culturelle auprès des différentes catégories de jeunes, dans les villes, les villages et les campagnes, étant convaincu de leur rôle dans le perfectionnement des talents, la découverte des compétences et l'éducation aux valeurs de citoyenneté et d'éthique.

Tout projet politique requiert nécessairement un projet culturel qui l'augure et le soutient. Vous avez initié, Monsieur le Président, la redynamisation du projet de l'Union du Maghreb Arabe qui constitue le rêve de générations successives.
Ne croyez-vous pas que cette Union se réaliserait d'abord à travers un projet culturel cohérent, entre tous les pays de la région, en attendant la levée des entraves existant aujourd'hui au niveau des autres processus ?
L'Union du Maghreb Arabe est un choix stratégique, une ambition légitime et un noble objectif pour lequel ont lutté des générations successives et que commandent aujourd'hui l'intérêt de nos peuples, la nature de l'étape et les regroupements qui ont vu le jour dans notre environnement régional et international.
Quoique des difficultés soient apparues sur le chemin du parachèvement de l'édification maghrébine, nous ne croyons pas que la dimension culturelle représente une entrave dans ce domaine. L'union culturelle maghrébine est une réalité ancrée en raison de l'histoire, la géographie, la langue, la religion et tous les liens séculaires qui unissent nos peuples. Cette union culturelle représente aujourd'hui un socle solide pour l'édification de la construction maghrébine.
Toute impulsion supplémentaire de la coopération culturelle établie entre nos pays demeure un acte positif dans l'ancrage de cette union et le renforcement de notre capacité à parachever l'édifice maghrébin.

Grâce aux réalisations avant-gardistes que vous avez accomplies, vous avez réhabilité, Monsieur le Président, notre riche patrimoine culturel. Quelles stratégies ont été mises en place pour tirer profit de ce patrimoine, en optimiser l'exploitation et en faire une utilisation judicieuse au service du développement global ?
Notre pays est enraciné dans une histoire très ancienne et possède, de ce fait, un riche patrimoine dont les monuments et les sites jalonnent l'ensemble de nos contrées. Dans ce domaine, nos programmes procèdent de notre nette conscience de l'importance de ce patrimoine, dans tous ses aspects, en tant qu'expression de la mémoire nationale et témoignage éloquent des gloires de la Tunisie et de ses remarquables contributions à l'enrichissement de la civilisation humaine. Ces programmes visent donc à sauvegarder ce patrimoine, à le mettre en valeur, à l'exploiter dans le renforcement du rayonnement de notre pays et l'impulsion de son processus de développement intégral.
C'est dans ce contexte que s'inscrit notre plan visant à promouvoir le tourisme culturel dont les acquis dépassent la dimension économique, si importante, pour être porteur de contenus civilisationnels qui offrent aux visiteurs l'image d'une Tunisie rayonnante tout au long de son histoire, et renforcent chez ses citoyens le sentiment d'appartenance à cette terre et la fierté que leur inspirent ses gloires éternelles.

Monsieur le Président, la Cité de la culture est une réalisation grandiose que l'Histoire enregistrera en liaison avec votre glorieux nom comme Beït al-Hikma est associé au nom du calife abbasside Al-Ma'moun. Avec cette réalisation historique, nous nous trouvons effectivement intégrés au processus de la nouvelle civilisation. La Tunisie continuera à accomplir sa mission de civilisation et à fournir ses apports spécifiques à la civilisation universelle.
La Cité culturelle est un phare rayonnant sur toute la région. L'avez-vous voulue, ainsi, en affirmation de la mission civilisationnelle de la Tunisie ?
La Cité de la Culture est, en effet, l'un des grands projets qui sont mis en chantier à l'Ere du Changement. Nous avons déjà parachevé la réalisation d'autres projets similaires dont le plus important est l'édification de la Bibliothèque Nationale, avec toutes ses composantes.
Les travaux de la Cité se déroulent aujourd'hui à un rythme rapide dont nous assurons le suivi en permanence. Nous veillons à ce que ce projet atteigne ses objectifs dans les délais fixés. Nous avons voulu que cette Cité soit un phare nouveau qui vienne s'ajouter aux phares de la civilisation dans notre pays, un espace d'envergure mondiale, doté de normes modernes lui permettant de remplir de multiples fonctions.
Nous avons tenu à ce que cette Cité dispose de tout ce qu'il faut pour qu'elle puisse abriter les activités des écrivains, des penseurs et des créateurs dans tous les domaines, des lettres, du théâtre, du cinéma, de la musique et des arts plastiques et qu'elle puisse accueillir tous les passionnés de la culture ainsi que tous ceux qui contribuent à la production culturelle et à l'enrichissement de ses contenus.
Cet espace offrira les conditions propices à la production et à l'instauration d'une interaction positive entre ces diverses spécialités. Il en résultera une impulsion qui fera franchir à notre processus culturel de nouvelles étapes sur la voie de la production et de la création et lui fera retrouver son rôle d'avant-garde et de distinction.

Le Changement, Monsieur le Président, est la quintessence de ce à quoi avaient appelé les élites de la réforme dans le pays. La culture, dans son sens général, était la sève nourricière de ces mouvements. La culture de l'Ere nouvelle n'est pas seulement le prolongement des relations avec ces mouvements mais elle se distingue par des apports spécifiques, une dynamique continue et une vision prospective. Par qui, Monsieur le Président, êtes-vous influencé dans votre action culturelle ?
Notre ambition pour notre culture d'aujourd'hui et de demain et notre volonté de l'enrichir par la création et l'innovation sont illimitées. Cependant, nous rejetons la rupture avec le passé. Nous estimons à leur juste valeur les efforts de nos prédécesseurs. Nous croyons en la continuité de la relation avec les élites de la réforme et ses leaders dans notre pays. J'ai beaucoup lu ces leaders et ces réformistes et interagi avec leurs idées et leurs thèses. Les plus illustres d'entre eux sont Ibn Khaldoun, Kheireddine Et-Tounsi, Ahmed Ibn Abi Dhiaf, Tahar El-Haddad et autres

Je sais, Monsieur le Président, que vous êtes féru de poésie et que vous en êtes l'un des grands amateurs. Quel poète préférez-vous et quel genre de poésie prisez-vous le plus ?
Vous êtes également l'un des amoureux du livre. Vous avez institué une Année nationale du livre et ordonné l'organisation d'une consultation nationale dans ce domaine. Vous avez une bibliothèque personnelle très riche. Que lisez-vous ? Quel est le livre que vous avez aimé le plus ?
Je ne cache pas mon amour pour la poésie. Les beaux poèmes m'attirent et suscitent des émotions en moi. En ce domaine, mes lectures sont variées. Cependant, parmi les poètes, j'ai une préférence pour ceux qui sont habités par les causes de leur peuple et de leur pays et par les préoccupations humaines globales. Je cite à ce propos le grand poète tunisien, Aboulkacem Chebbi qui a chanté la Tunisie et la vie en des poèmes admirables. Je cite également le grand poète palestinien, Mahmoud Darwich qui a consacré sa vie, son génie et son art à la cause de son pays. Il a bien exprimé les souffrances endurées par son peuple et brossé l'âme palestinienne à travers des chefs-d'œuvre ayant de profondes dimensions humaines qui ne reconnaissent pas les frontières.
Pour les autres livres, je suis attiré par la lecture d'ouvrages historiques. Je lis régulièrement les mémoires et les biographies de grands penseurs, d'hommes politiques et de réformateurs de notre pays et d'ailleurs.

Les Tunisiens savent, Monsieur le Président, que vous êtes un fervent amateur des nouvelles technologies. Vous avez ordonné de diffuser la culture numérique à la plus grande échelle possible. Ces technologies ont créé ce qu'on appelle le livre électronique.
Quel livre préférez-vous, le livre classique sur papier ou le livre électronique ?
Je suis effectivement féru des moyens de communication modernes et de l'ordinateur dont je maîtrise l'usage et sais en tirer profit. J'accorde aujourd'hui une grande importance à la culture numérique. Elle donne, en effet, des moyens inédits pour diffuser les connaissances et les répandre le plus largement possible et dans les délais les plus brefs.
Si le livre électronique représente, dans ce contexte, un précieux acquis, il ne remplace pas, à mes yeux, le livre tel que nous l'avons connu, porteur de culture et de savoir, pendant de longues périodes de notre histoire. Quelles que soient les inventions et les innovations, il restera vrai que « le meilleur compagnon est un livre».


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