Le Président Zine El Abidine Ben Ali a accordé une interview à la revue culturelle tunisienne « Rihab Al-Maarifa » qu'elle a publiée dans son dernier numéro. Dans cette interview, le Chef de l'Etat évoque la place privilégiée accordée à la culture dans le projet civilisationnel de la Tunisie et le rôle du dialogue des civilisations, des cultures et des religions dans la lutte contre les effets négatifs de la mondialisation. Il souligné, également, l'importance de l'unité culturelle dans la construction d'un édifice maghrébin invulnérable et met l'accent sur la place de choix qu'occupe la jeunesse dans les priorités du Chef de l'Etat. Voici le texte intégral de l'interview : Vingt jours après le Changement du 7 novembre 1987, vous aviez consacré un conseil ministériel à la culture et pris un ensemble de mesures d'avant-garde en faveur de ce secteur. Vous aviez également proclamé le principe « La culture support du Changement ». Cela signifie, Monsieur le Président, que vous aviez la pleine conviction que le Changement doit être essentiellement culturel. Vingt-deux ans après le Changement et alors que notre pays est entré dans une nouvelle étape de réformes, ce principe est-il toujours d'actualité ou conviendrait-il de le faire évoluer à la lumière des évolutions intervenues au plan national et sur la scène mondiale ? Depuis le début du Changement, nous avons accordé à la culture dans notre pays tout l'intérêt et toute l'attention qu'elle mérite. Nous continuons à déployer des efforts et à multiplier les initiatives pour promouvoir davantage ce secteur et impulser sa progression sur la voie de l'évolution et de la création. Notre proclamation que «la culture est le support du processus du Changement » ne relève ni d'une attitude conjoncturelle, ni d'une option pour une phase limitée de notre marche nationale. Elle procède de l'essence même de notre projet civilisationnel. Nous l'avons érigée en principe partant de notre conscience du rôle de la culture quant au renforcement des fondements de la société, à l'enrichissement de l'interaction entre ses composantes et à l'impulsion des énergies créatrices chez tous les citoyens, hommes et femmes. A notre sens, le Changement est une action civilisationnelle continue, qui englobe les différentes dimensions politique, économique et sociale. Il ne saurait produire ses effets, poursuivre son avancée et réaliser ses objectifs de la manière que nous lui avons voulue s'il ne prend pas appui sur une base culturelle en constante évolution qui sauvegarde ses constantes, le nourrit de valeurs constructives et de visions renouvelées, et aiguise sa volonté pour aller de l'avant vers le meilleur et le sublime. C'est là ce que confirment les grandes mutations intervenues au cours de l'histoire, c'est aussi ce que commande aujourd'hui la place privilégiée dont jouit la culture à notre époque si riche en évolutions intellectuelles et scientifiques de plus en plus rapides. Nous avons tenu à renforcer notre référentiel national et à inciter les créateurs à produire et à innover. Nous leur avons ouvert les espaces d'activité culturelle pour abriter leurs œuvres littéraires, intellectuelles et artistiques. Nous avons pris l'initiative depuis le Changement d'aménager pour les intellectuels les conditions propices à la création, étendu la couverture sociale en leur faveur et leur avons prodigué les encouragements nécessaires. Nous avons consacré le droit à la production de la culture et à en tirer profit. Nous avons garanti la liberté de pensée, d'expression et de participation à tous, dans le cadre de l'Etat de droit et des institutions et œuvré à supprimer toutes les formes de censure administrative sur les livres et les publications, afin de procurer au créateur tunisien les meilleures conditions pour la production partant de la consécration du droit à la liberté d'opinion et d'expression. Afin de permettre au secteur d'occuper la place dont il est digne dans le processus de développement global, nous avons augmenté progressivement le budget consacré au secteur de la culture et de la sauvegarde du patrimoine pour atteindre en 2009, le taux de 1,25% du budget de l'Etat. Grâce à cela, nous avons accompli de nombreuses réalisations qui nous ont permis de renforcer les institutions de référence du secteur et de rapprocher la culture du citoyen. Nous continuons d'aller de l'avant dans cette voie, misant sur les apports de nos intellectuels, sur les capacités sans cesse renouvelées et leurs aptitudes à la création et à l'innovation pour impulser le processus de progrès, de modernité et d'édification, conforter le rayonnement de notre pays et sa place aux niveaux régional et international.