Le commerce électronique peine encore à trouver la place qui doit être la sienne dans l'architecture économique de la Tunisie, tel est le diagnostic unanimement posé par les intervenants au séminaire sur « les échanges électroniques au service de la mise à niveau du secteur commercial » tenu récemment à la Maison de l'Exportateur. Pourtant, les ingrédients sont là qui doivent permettre à l'E-commerce de prendre enfin son envolée, plus particulièrement un cadre juridique des plus incitatifs, en tout cas, en symbiose avec les tendances les plus récentes du commerce dans le monde. Le chaînon manquant, selon le ministre du Commerce et de l'Artisanat, M Ridha Ben Mosbah, qui s'exprimait à l'ouverture de ces assises, c'est la culture numérique qui continue de faire défaut, non seulement chez les consommateurs, mais aussi et surtout au niveau des commerçants eux-mêmes, encore réticents à s'intégrer dans le commerce électronique. Mais ce qui manque encore plus, c'est le fait que l'Administration demeure peu ou pas acquise du tout au commerce électronique et au E-procurement, c'est-à-dire la passation des marchés et des commandes par voie électronique., ce qui se traduit forcément par des lenteurs , un surcroîtît d'utilisation de ressources humaines dédiées à la gestion matérielle et surtout par des coûts dont on aurait facilement pu faire l'économie. Il n'en demeure pas moins que des démarches sont en train d'être développées çà et là pour incruster la culture du commerce électronique, comme par exemple à l'échelle du commerce extérieur via Tunisie Trade Net, ou encore de la télé déclaration des impôts, ou de l'inscription à distance, le Sicad, est enfin au niveau des projets en cours, notamment celui de la Sécurité sociale. Toutefois, pour ce qui est du commerce via Internet, c'est encore le balbutiement, et selon les spécialistes, il devrait s'écouler beaucoup de temps avant que le consommateur puisse être en mesure de découvrir ce qu'est ce mode de transaction et quels en sont les avantages. Un projet est actuellement en chantier à GS 1 Tunisie pour contribuer à l'expansion des échanges électroniques, c'est le projet »Tunicommerce » qui est une plateforme de transactions commerciales et de traçabilité des procédures basée sur la dématérialisation des documents et la mise en place d'un système d'échanges commerciaux dématérialisés. Son avantage majeur est de relier tous les acteurs du commerce à travers un système fiable, flexible, sécurisé, complet, facile à utiliser et à intégrer. Il faut y voir un des volets d'une stratégie à grande échelle mise en œuvre pour arracher le commerce électronique et les échanges de données électroniques interprofessionnels de la situation où ils se trouvent. Il s'agit de renforcer la confiance des utilisateurs, par la mise en place d'un cadre juridique adéquat présentant les garanties nécessaires et requises. Ensuite, améliorer l'infrastructure afin d'assurer l'accès universel et abordable à l'information et par conséquent garantir l'expansion du commerce électronique dans le pays. Enfin, optimiser les avantages par une utilisation généralisée de la part des entreprises, des consommateurs et des institutions publiques. L'Etat peut être considéré comme un utilisateur modèle des technologies nouvelles ; il est de ce fait le moteur de développement de ce nouveau moyen d'échanges. Cette stratégie est en droit de revendiquer quelques résultats jugés encourageants, mais qui exigent encore des efforts soutenus et conjoints. On peut en citer l'institution d'un moyen de paiement électronique tunisien, le « e-dinar » comme outil de paiement permettant le développement du commerce électronique B to C et B to A. des paiements par le e-dinar depuis son lancement ont été réalisés pour le paiement en ligne de factures téléphoniques et des inscriptions universitaires à distance, de factures d'électricité, de gaz (STEG) et d'eau (SONEDE) de même qu' à travers le développement des galeries marchandes virtuelles. Parallèlement et pour promouvoir le développement du commerce électronique, le FOPRODEX (Fonds de Promotion des Exportations) octroie des aides allant jusqu'à 50% du coût de la mise en place d'un site web pour toutes les entreprises tunisiennes.
LA CULTURE DU E-COMMERCE Mais l'essentiel n'est-il pas de propager autant que possible et d'une manière massive la culture Internet dans les PMI et PME tunisiennes en axant notamment sur le commerce électronique. Il s'agit de favoriser l'adhésion des entreprises aux technologies de l'information et de la communication et d'agir sur les centres de décision qui sont en charge d'impulser des actions concrètes dans le domaine. La réalisation de ce programme a été engagée en collaboration avec l'ATI, les Chambres de Commerce et d'Industrie, les Jeunes Chambres Economiques, les Centres Techniques, les Fédérations et certaines associations. Il s'agit de démystifier en montrant que la communication électronique est simplement un média, et en tant que tel, un outil marketing. Et si l'infrastructure des réseaux de télécommunication constitue un vecteur indispensable dans le développement des technologies de l'information et de la communication, la composante culturelle joue un rôle déterminant. De même, il importe de développer une approche progressive et par niveau. Cela signifie une familiarisation progressive passant par l'utilisation du courrier électronique et par la recherche d'information sur le Web. Ce n'est que dans une seconde étape que l'entreprise pourrait faire entrer l'Internet dans sa stratégie commerciale, ce qui implique une réorganisation interne. Enfin et surtout, l'administration doit mieux s'investir, le secteur public ayant un rôle important à accomplir en Tunisie dans la promotion du commerce électronique.