Ils viennent des pays différents, d'univers distincts, de civilisations éloignées, unis par un idéal commun : être utiles là où on a besoin de leur compétence, leurs efforts désintéressés. Ces volontaires ne sont pas des idéalistes à la recherche d'exotisme ou de vacances, mais des jeunes gens souvent diplômés et enthousiastes à l'idée d'aider leurs frères les hommes, indépendamment des races et des religions... En Tunisie, c'est l'Association Tunisienne d'Action Volontaire (ATAV) qui gère leurs activités, qui se déroulent souvent en été. Un responsable de cette association nous annoncera avec fierté qu'elle est " membre de l'Union Tunisienne des Organisations de Jeunesse (U.T.O.J), milite aussi au sein de l'Union Maghrébine des Associations de Volontariat (U.M.A.V) dont elle est membre fondateur. A l'échelle internationale, l'ATAV est membre du bureau exécutif du Comité de Coordination du Service Volontaire International (CCSVI). "
Rencontrer l'autre Les activités de l'ATAV sont nombreuses et il les résume en ces termes : " l'organisation de chantiers de travail volontaire au cours des vacances scolaires et des week-ends. Mais parallèlement à cela, on organise durant toute l'année d'autres activités tel que des stages de formation, des meetings et des séminaires de sensibilisation, des caravanes médicales ainsi que diverses actions de solidarité. " En fait, selon notre interlocuteur " l'ATAV est une association d'utilité publique à but non lucratif qui œuvre à sensibiliser et à faire participer les citoyens et plus particulièrement les jeunes au processus de développement communautaire et solidaire, sur la base du volontariat. " Cette année, de nombreuses villes et villages vont accueillir des dizaines de volontaires venus de divers pays d'Europe, du Maghreb et du monde arabe. Au programme pour cet été, des travaux d'entretien au lycée Mahmoud Messaâdi de Nabeul, des travaux de rénovation du siège de l'association de sauvegarde de la Medina de Nefta, des travaux d'aménagement de l'institut supérieur de la formation des cadres des jeunes Bir El Bey. Il y aura également l'entretien du théâtre Romain de Kasserine, des travaux d'entretien d'une école à Gabès, de l'école des non-voyants de Monastir, des travaux de nettoyage des côtes de la rivière " Oued Rebii Bouhjar ". A Kairouan, entretien d'un site archéologique en collaboration avec l'association de sauvegarde de la Médina de Kairouan et à Kerkennah, des travaux d'entretien et de protection de la nature dans cet archipel de la Méditerranée. Le travail manuel reste néanmoins une dominante forte : " Il faut avoir l'âge requis, l'envie de découvrir, de participer et n'avoir pas peur d'une activité manuelle ", précise notre responsable de l'ATAV. " Le jeune doit être motivé car il s'investit concrètement dans une équipe de bénévoles associatifs et de travailleurs locaux ", ajoute-t-il. Sur les chantiers depuis le matin, la plupart des jeunes, tunisiens et étrangers, semblent apprécier le travail, malgré le manque de confort et la canicule qui leur donne des difficultés respiratoires. Une jeune française raconte : " J'ai eu l'occasion à maintes reprises de voyager en Tunisie, car mes parents aiment ce pays. Au cours de mes voyages, j'ai été beaucoup touchée par certaines rencontres, lorsque je sortais d'un hôtel 5 étoiles pour rencontrer des gens simples et touchants. C'est pourquoi je désirais apporter mon aide... Je demandais juste à aider et à donner un peu de mon temps, peu m'importait la tâche ! "
Travail et dialogue Un jeune français, très ouvert d'esprit constate : " il est important pour moi de pouvoir dialoguer avec des personnes pouvant me faire découvrir la culture tunisienne, afin de pouvoir apprécier l'ensemble des Tunisiens et apprendre beaucoup sur ce merveilleux pays. " Et il ajoute : " Je souhaiterais m'investir dans un projet, voire créer une association, car j'envisage de m'installer en Tunisie. " Une autre volontaire également originaire de France souligne que son " souci est de trouver une cause vraiment nécessaire qui améliorera, un minimum au moins, la vie de ces populations. " Et après un instant de réflexion elle affirme " je travaillais en France dans l'administration et cette vie routinière me déprimait. Alors je veux donner un peu de mon temps et de mes connaissances afin de sentir que ma vie a un sens. Je souhaite dire à tous ceux qui s'investissent dans un projet, quel qu'il soit, à quel point je trouve admirable de donner un peu de votre énergie pour l'amélioration de la vie d'autrui. " Un petit tour sur les forums d'internet permet de trouver des gens pleins de bonne volonté qui publient des annonces du genre : " Nous sommes 15 garçons très motivés pour donner un coup de main dans la mesure de nos connaissances. Nous travaillons toute l'année pour gagner de l'argent afin de pouvoir partir donner un coup de main à divers pays dans le monde, de préférence des pays proches... " Un jeune de Sfax qui a gardé de son enfance chez les scouts une âme pure et engagée : " J'espère participer un jour à un projet qui me permet d'améliorer les conditions de vie de mes compatriotes... " D'autres sont beaucoup plus sceptiques : " j'ai beaucoup de difficultés à comprendre pourquoi autant de jeunes femmes se prennent pour Mère Theresa ! Les gens devraient regarder dans leur propre pays, avant de se rendre dans d'autres pour aider. Je comprends qu'il faut aider son prochain, mais je ne crois pas qu'il faut s'appauvrir pour son prochain. " Une attitude rejetée par plusieurs participants aux chantiers en Tunisie pour qui " le volontariat est une occasion unique pour découvrir d'autres civilisations, des idées nouvelles, une vision du monde différente de celle qui est véhiculée par les médias européens sur ces pays... " La durée des chantiers d'été varie entre une et trois semaines, durant lesquelles les jeunes volontaires exécutent plusieurs sortes de projets. Il y a les travaux de construction (clubs de jeunes, de terrains de sports...), les fouilles et la mise en valeur des vestiges archéologiques, la protection de la nature et de l'environnement, la création d'espaces verts, les travaux d'aménagements et d'entretien dans les établissements scolaires... L'horaire de travail sur chantier est fixé à 5 heures par jour et le reste du temps est consacré aux loisirs : sport, musique, soirées culturelles, visites, sorties, excursions... Les chantiers sont ouverts à toute personne qui s'inscrit dans une démarche de rencontre et de participation active (vie de groupe, travail volontaire...), en adhérant aux objectifs de l'ATAV et en acceptant le règlement intérieur du chantier. Pour être membre d'un chantier de volontariat, il faut être âgé de plus de 18 ans, être en bonne condition physique, prendre en charge les frais de voyage entre son domicile et le lieu du chantier. De son côté, l'ATAV prend en charge l'hébergement et la nourriture pendant toute la période du chantier. En outre, le type de travail étant différent d'un chantier à un autre, le volontaire s'engage à contribuer à la réalisation des objectifs assignés et ne reçoit pas d'argent pour le travail effectué sur chantier. Et pour parodier une formule célèbre, un jeune homme s'écrie " Volontaires de tous les pays, unissez-vous "