Après 22 ans de privatisation et de restructuration de l'appareil productif tunisien, les recettes totales des opérations y afférentes totalement ou partiellement, de concession et de liquidation n'ont pas dépassé les 5963 MDT. Au total 217 entreprises ont été privatisées. Est-ce suffisant ?. La vague de privatisation et de restructurations enclenchée depuis plus de deux décennies reflète-elle réellement le nombre infime des entreprises privatisées ?. Entre temps, le calendrier des privatisations tracé n'a pas encore touché à sa fin, le désengagement de l'Etat des secteurs productifs et de services se poursuit à pas sûrs et ce, en dépit du mouvement inverse proliféré sur fond de crise dans les pays développés : On parle de la nationalisation des entreprises financières privées. Selon le bilan global des privatisations arrêté au 30 juin 2009, 217 opérations de privatisation et de restructuration ont été réalisées dont 114 privatisations totales et 41 opérations de liquidation. Les recettes réalisées au cours de 22 ans ont totalisé la somme de 5963 MDT. A noter que la part des investissements étrangers dans les recettes de privatisations et restructurations avoisine les 87% enregistrant la somme de 5181 MDT. Donc 782 MDT représente le montant global réalisé sur les ventes et les restructurations des entreprises totalement tunisiennes. 53% des opérations réalisées au cours de la même période de référence (22 ans) sont des privatisations totales contre 2% pour les opérations de concession. En effet, les opérations de concession sont peu nombreuses et se rapportent généralement aux projets d'infrastructure, des concessions dans l'eau dans l'électricité, les transports et les télécommunications. Ce sont des contrats à long terme aux clauses bien déterminées. Les projets de concessions en cours de réalisation sont : la réalisation, le financement et l'exploitation d'une station de dessalement des eaux de mer à Djerba, la réalisation, le financement et l'exploitation d'un port de transbordement en eaux profondes dans la région d'Enfidha et la réalisation, le financement et l'exploitation de deux stations d'épuration (à Tunis Ouest "El Attar II" et à Tunis-Sud "El Allef ") et exploitation de trois stations en cours de réalisation. La ventilation par secteur d'activité prouve la prédominance des privatisations dans le secteur des services. 81,6% des recettes de privatisations ont été effectuées dans le secteur des services dont 63,2% ont été réalisées dans le secteur des autres services et 6,2% dans le secteur du Tourisme et de l'Artisanat. S'agissant de l'industrie, 1055 MDT est la recette des privatisations réalisées durant les 22 dernières années, soit 17,7% du total des gains de privatisation et de restructuration réalisées. A noter que le secteur des industries des matériaux de construction, des céramiques et du verre accapare la plus grosse part des recettes de privatisation réalisées dans le secteur de l'industrie. Le secteur agricole demeure le secteur le moins ouvert à la concurrence et à la privatisation. 18 entreprises ont été privatisées durant la même période de référence avec un produit total de 41 MDT. Résultats des courses, le bilan n'est pas aussi satisfaisant qu'on puisse le penser. Si l'on écarte des recettes totales des privatisations, l'opération de privatisation de Tunisie Telecom, on n'aura pas grand chose dans la cagnotte. Le Maroc, par exemple a réalisé depuis 1989 deux ans après le lancement du processus de privatisation tunisien et jusqu'à aujourd'hui 94 milliards de dirhams, soit près de 16 milliards de dinars, en d'autres termes deux fois et demi les recettes de privatisations réalisées en Tunisie. Par contre, en Algérie, 447 entreprises ont été privatisées entre 2003 et le premier trimestre 2008 générant 137 milliards de dinars. Le processus de privatisation dans ce pays est jugé en panne. Néanmoins et quoi qu'il en soit, les pays du Maghreb se sont tous lancés dans un processus de longue haleine de privatisations et de désengagement de l'Etat des activités économiques. Mais la privatisation est-elle la panacée et suffira-t-elle à elle seule à garantir la stabilité macro-économique, la réduction du chômage, l'équilibre des dépenses budgétaires et l'amélioration de la productivité des entités productives ?. Au moment où les pays précurseurs de la privatisation tournent le dos à leurs normes de libéralisation et s'engagent dans un mouvement inverse de nationalisation des entreprises privées visant la sauvegarde des institutions de crédits et le financement de leurs économies qui sombrent dans les débris de la crise économique et financière, les pays en développement croient encore en la « sainte -privatisation ». En tous les cas le pragmatisme est payant : la parcimonie, les précautions et les garanties entourant les opérations de privatisations en Tunisie, ont fait que l'Etat ne sait pas totalement desengagé. Nous le déplorions avant la crise ; aujourd'hui, c'est devenu un avantage.