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Le droit d'être citoyen ordinaire
Entre mondanités, vie publique, vie privée
Publié dans Le Temps le 02 - 08 - 2009

Il y a quelques années de cela, nous étions sur la terrasse d'un modeste café situé dans une petite ville tunisienne du Cap- Bon. La plupart des clients jouaient ce jour-là au rami et l'un d'eux, habillé en jebba blanche toute simple, nous parut ressembler trait pour trait à un grand ministre de l'époque encore en exercice.
Renseignement pris, nous sûmes qu'il s'agissait bel et bien du politique en question et que ce haut responsable était un habitué du café populaire où il jouait aux cartes et papotait avec ses amis chaque fois qu'il en avait le loisir. L'information nous surprit agréablement et nous suivîmes du regard jusqu'à sa sortie l'ex-ministre qui ne s'empêchait pas pendant le jeu de plaisanter et trahissait aussi de temps en temps quelques gestes contrariés. A la fin de la partie qu'il a vraisemblablement perdue, il paya sa consommation comme tous ses compagnons et le serveur qui reçut de sa main la somme due n'observa aucune attitude obséquieuse et le remercia avec les mêmes formules simples qu'il utilisa avec le reste de la bande d'amis. Nous nous sommes rappelé cette anecdote, plus significative qu'elle ne le parait, à l'occasion d'une réponse donnée sur le vif par M.Abderraouf El Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine, à la question d'une journaliste d'Hannibal TV le soir du spectacle d'Aznavour à Carthage. La jeune dame trouvait en effet surprenant qu'un ministre daigne prendre place sur les gradins parmi les spectateurs " ordinaires " et le ministre de lui répondre que cela était tout à fait naturel parce qu'il était effectivement un citoyen ordinaire (d'autres traduiraient par " homme du peuple " l'expression littérale de M.Basti). Quelques jours plus tard, on commentait dans une émission de la même chaîne privée le geste et les propos du ministre pour dire en substance que la modestie des grands responsables est souhaitable pour peu qu'elle ne reste pas circonstancielle.

Les " élus " descendent de leur piédestal
Les deux anecdotes que nous rapportons revalorisent à notre avis la dimension humaine des deux ministres évoqués et soulignent la nécessité de leur reconnaître comme à n'importe quel Tunisien le droit d'être des citoyens ordinaires et corollairement celui d'agir en tant que tels en dehors de leurs responsabilités officielles. Après tout, la fonction de n'importe quel agent de l'Etat ne lui colle pas à la peau et il peut, une fois son travail terminé, être lui-même, à tout le moins changer de " masque ". Ce qui devrait paraître étrange c'est plutôt le fait de renier aux hommes et femmes publiques le droit à la " normalité ". Nous avons sans doute tort d'être étonnés qu'un ministre renonce au confort relatif des chaises en plastique pour lui préférer l'incommode dureté de la pierraille des gradins. Mais cette réaction déplacée de notre part résulte tout bonnement d'une image d'Epinal avec laquelle on nous a familiarisés et à laquelle on nous a conditionnés des décennies durant. On nous a habitués en effet à sanctifier les instituteurs, les professeurs, les grands et petits dignitaires religieux et bien entendu les hommes politiques. Si bien que lorsque l'un de ces " élus " refusait le piédestal où il fut élevé par nos soins, nous percevions son geste comme un affront ou une excentricité.

Aura rêvée
Le même soir, et à l'entrée des coulisses de l'amphithéâtre de Carthage, nous assistâmes à une petite course-poursuite entre la journaliste d'Hannibal et une spectatrice affublée d'une burka toute noire. Aux dernières nouvelles, le drôle de voile cachait une star de la chanson tunisienne qui tenait à assister incognito au concert d'Aznavour. S'il est avéré, le comportement de la chanteuse ne devrait pas trop nous surprendre et semble même légitime d'un certain point de vue. Parce que si ladite vedette s'était manifestée moins discrètement, le public et les journalistes l'auraient harcelée de commentaires et de questions. Dans l'absolu, il n'y a pas de mal à cela ; c'est après tout une preuve éclatante de l'intérêt porté à cette personnalité par une immense majorité de Tunisiens. Mais d'un autre côté, nous ne devons pas nous comporter en paparazzi avec les célébrités. Le tournoi de Roland Garros voit chaque année défiler sur les gradins de ses courts, des dizaines, voire des centaines de stars mondiales sans que les spectateurs " communs " ne leur courent après ni même ne s'aperçoivent de leur présence. C'est un privilège inouï que de passer quelquefois inaperçu quand on est trop souvent sous les projecteurs des cameramen et des photographes. Seulement voilà, pour s'épargner les regards indiscrets, notre artiste en burka avait choisi la tenue la plus voyante. Mina Fakhet est ainsi faite d'ailleurs. Et fatalement, elle fut persécutée par plus d'un curieux le soir même où elle voulut savourer une ou deux heures d'anonymat. C'est du moins ce que nous croyons être son intention première en endossant le déguisement islamiste. Mais qui sait si son dessein véritable n'était pas ce soir-là de ravir la vedette à Charles Aznavour. En effet, la plupart des mégalomanes n'aiment pas du tout être relégués au second plan. Il leur faut, pour continuer d'exister, s'entourer d'une éclatante aura blanche quitte à devoir pour cela patauger dans les plis noirs d'une burka!


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