Encourager et promouvoir le produit tunisien devraient fonctionner à double sens dans le domaine du tourisme. C'est-à-dire que si le citoyen doit adhérer davantage aux prestations de services des établissements touristiques du pays, ceux-ci à leur tour devraient satisfaire à ses exigences des plus légitimes d'être à son service et à son écoute de manière à répondre aux normes de qualité standards. Aujourd'hui, passer un séjour dans un hôtel de la place (qu'il soit un trois étoiles ou un cinq étoiles) n'est plus un luxe. De plus, des agences de voyages mettent en place tout le long de l'année diverses formules de promotion adaptées à différents budgets et situations. En fait, ces établissements ont pris conscience du potentiel du marché local et ont élaboré une stratégie de développement de ce créneau : le tourisme interne. L'image est plutôt floue aux dires de ceux qui ont tenté l'expérience et qui en sont sortis déçus : ils ne font pas le poids devant les « blonds » venus d'ailleurs les poches faussement pleines d'euros. Le Tunisien, grand consommateur qu'il est, répond favorablement à l'effort des agences de voyages et cautionne la politique de promotion du tourisme interne. Toutefois, la part du marché intérieur a du mal à franchir la barre des 7%. Alors que l'envie de profiter d'un bon séjour à l'hôtel à se bronzer sous le soleil ne manque pas chez le citoyen, la concrétisation est moins évidente. Le tunisien appréhende une qualité de service pas vraiment à la hauteur. Cette année, frappé par la crise mondiale, le secteur touristique tunisien n'a pas échappé à la restriction imposée aux bourses des touristes européens, même si la progression de 4% est bien réelle. En effet, une baisse de 1% qualifiée de « légère » par M. Laâjimi, ministre tunisien du Tourisme, a été enregistrée à fin mars 2009. Cela étant, des chiffres encourageants ont été annoncés par le ministre, il s'agit de l'évolution des recettes de 0,9% en euros et de l'ambition de maintenir le cap des 1,4 millions de touristes français de 2008. Bien que les offres inclinent des prix défiant toute concurrence, certains peinent tout de même à s'offrir ce plaisir devenu sacré : des vacances au soleil. Alors, les autorités ont-elles décidé de se pencher de manière plus sérieuse sur le tourisme interne, conscientes du potentiel du marché local. Entamée un peu tard, une campagne promotionnelle a envahi les médias tunisiens attisant la curiosité de plus d'un. Des offres alléchantes pour des séjours vendus en pack à l'adresse des familles et des couples. Il faut dire que pour certains, c'est loin d'être des offres promotionnelles vu le prix élevé selon eux qu'elles renferment. Des images d'endroits, dirait-on sortis d'une carte postale, un personnel qui affiche un sourire « typiquement tunisien » exprimant le plaisir d'accueillir et de servir. Aussi, une centrale de réservation « Amadeus » est mise à la disposition du citoyen et permettant la réservation d'un séjour dans un hôtel toute catégorie confondue et à tout moment de la saison estivale. Une fois, passées avec « succès » toutes les étapes de la réservation, le constat de la réalité est autre. D'abord, la chambre peut ne pas correspondre dans certains détails à la photo présentée et/ou être différente de celle réservée par faute de disponibilité. Ensuite, quelques inconvénients sanitaires apparaissent dès les premiers usages et gâchent quelque part le bon déroulement du séjour. Puis, il y a cette fameuse qualité de service dont l'ensemble du staff de l'établissement hôtelier fait profiter les hôtes : absence de sourire (sauf si le pourboire est conséquent), une lassitude dans le service et même de l'incompétence, une attente souvent insupportable rien que pour se faire servir une bouteille d'eau facturée le septuple en moyenne, et dans des cas extrêmes un traitement totalement irrespectueux. Le touriste tunisien ne peut s'empêcher de se livrer à une comparaison avec le touriste étranger qui par la place que lui accorde les hôteliers, se sent dix fois mieux traité. Le Tunisien est, nous dit-on, le bienvenu. D'ailleurs, ces jours-ci il y a eu le lancement du portail officiel du tourisme tunisien: www.tunizie.com. C'est un portail marchand ouvert à tous les professionnels du secteur touristique : hôtellerie, restauration, agences de voyage, agences de location de voitures, compagnies aériennes. Selon M. Laâjimi, cette vitrine du tourisme tunisien permettra à la destination Tunisie, d'être connue à grande échelle et contribuera à accroître les taux de réservation, sachant que 70 % des européens, en général, et 46 % des Français, en particulier, consultent Internet pour réserver et avoir des informations sur les destinations vers lesquelles ils comptent se rendre. Encore un produit tunisien à la destination des « non Tunisiens », autrement les touristes étrangers. Encore une Tunisie pour les autres, venus d'ailleurs. Leur présence est certes une véritable dynamique pour le secteur touristique et par ricochet pour la croissance économique. Mais, ne serait-il pas temps de faire du tourisme interne un incontournable pilier de la croissance économique en se gargarisant des slogans fallacieux du genre « bienvenu au citoyen tunisien » ?