Le Temps-Agences - Après les Etats-Unis, la veille, l'Union européenne et les Nations unies ont desserré l'étau autour du gouvernement palestinien d'Ismaïl Haniyeh en établissant des contacts diplomatiques avec ses ministres non membres du Hamas. Cette ouverture, qui intervient après un an de boycottage du premier gouvernement formé par Haniyeh après la victoire du Hamas aux législatives de janvier 2006, répond à l'entrée en fonctions ce week-end d'un cabinet d'union, où le mouvement islamiste n'est plus majoritaire. Le gouvernement comprend en effet aux postes clés des Finances, de l'Intérieur et des Affaires étrangères des personnalités palestiniennes indépendantes avec lesquelles Etats-Unis, Union européenne et Nations unies estiment désormais possible de dialoguer. Rompant avec la ligne de boycottage totale adoptée par le Premier ministre israélien Ehud Olmert, les Etats-Unis ont montré la voie de ce dégel en envoyant leur consul général à Al-Qods, Jacob Walles, rencontrer le ministre des Finances, Salam Fayyad. Celui-ci, bien en cour à Washington et proche du président modéré palestinien Mahmoud Abbas, est chargé de trouver les moyens de lever le blocus financier "injuste" imposé depuis un an par les Occidentaux. L'émissaire de l'UE au Proche-Orient, Marc Otte, qui avait le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ziad Abou Amr, s'est entretenu hier à Ramallah avec Fayyad. Le représentant spécial de l'Onu, Alvaro de Soto, devait lui aussi prendre contact à Ramallah avec le nouveau ministre des Finances. "Il s'agit des premiers contacts substantiels entre l'Onu et le gouvernement d'unité nationale", a dit un responsable de l'organisation internationale. Dans une interview parue hier dans le quotidien italien Corriere della Sera, Haniyeh déclare ne pas être contre ces premiers contacts avec certains de ses ministres, mais il dit "rejeter une ligne de conduite qui établirait une distinction entre les ministres". Le dirigeant du Hamas assure par ailleurs que certains pays européens, qu'il estime "prématuré" de citer nommément, sont disposés à établir des contacts avec lui-même. Il invite Washington à adopter la même attitude d'ouverture face à son gouvernement qui, affirme-t-il, "est intéressé au dialogue avec les Etats-Unis, avec l'Europe". Haniyeh a précisé avoir demandé à l'Italie de faire passer un message en ce sens à l'occasion de la visite à Washington de son ministre des Affaires étrangères Massimo d'Alema, qui a rencontré lundi la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice. Le ministère italien des Affaires étrangères a démenti une information émanant de Gaza voulant que d'Alema, estime que "ce serait une erreur de fermer la porte au nez" du nouveau gouvernement de Haniyeh, ait parlé au Premier ministre palestinien par téléphone. Mais le ministère n'a pas réagi à l'information fournie par Haniyeh au Corriere della Sera voulant que le sous-secrétaire italien aux Affaires étrangères Vittorio Craxi l'ait appelé pour l'assurer qu'il était favorable à la levée du boycottage de son gouvernement. "Washington doit parler à tous les ministres, car il s'agit du gouvernement du peuple palestinien", déclare le leader du Hamas, qui a reçu lundi à Gaza le vice-ministre norvégien des Affaires étrangères Raymond Johansen, dont le pays n'est pas membre de l'UE. Haniyeh a souligné que les ouvertures de la Norvège et de l'Italie envers son gouvernement étaient "deux signaux importants", ajoutant: "Nous considérons les contacts avec les Italiens comme un grand pas vers la fin de notre isolement international." Néanmoins, les responsables américains et israéliens soulignent que le blocus sur l'aide financière directe imposé au gouvernement palestinien par le Quartet des médiateurs internationaux - Onu, Etats-Unis, UE et Russie - reste en vigueur. Malgré ce blocus, les Nations unies estiment qu'un montant d'environ 1,2 milliard de dollars d'aide humanitaire étrangère est parvenu aux Palestiniens l'an dernier, soit plus que l'année précédente.