L'emploi en général et plus particulièrement celui des jeunes est une question qui se pose dans tous les pays du monde. Ce n'est pas par hasard que l'organisation onusienne lui a consacré tout un mois de réflexion en juillet dernier à Genève. Quelles sont les bonnes pratiques internationales en matière d'emploi des jeunes ? Qu'en est - il de l'expérience tunisienne ? C'est le thème de l'atelier organisé hier par le ministère de l'Emploi et de l'Insertion Professionnelle des Jeunes et la représentation onusienne en Tunisie. Mme Hiba Al Khouli Coordinatrice Résidente des Nations Unies en Tunisie devait affirmer de prime abord que « le droit au travail est un des plus importants droits de l'Homme ». Le séminaire organisé n'est qu'un début de collaboration étroite entre les Nations - Unies et le ministère. D'ailleurs cette action s'insère dans la réforme en cours au sein de l'organisation onusienne visant une meilleure coordination dans les programmes de ses différentes agences. Le nombre des chômeurs dans le monde a augmenté de près de 20%, durant les dix dernières années. Il faudra créer plus de 430 millions d'emplois nouveaux, durant la prochaine décennie rien que pour absorber la demande additionnelle. Les chiffres à l'échelle internationale sont effrayants. La moitié des travailleurs dans le monde soit 1,4 milliard dont 300 millions de jeunes vivent au dessous du seuil de pauvreté, avec un revenu ne dépassant pas les deux dollars par jour. La moitié des chômeurs dans le monde sont des jeunes. Le nombre de chômeurs de la tranche d'âge 15 - 24 ans a augmenté de 1995 à 2005 pour passer de 74 millions à 85 millions, soit une progression de 14,8%. Si le nombre de jeunes dans le monde a augmenté durant la même période de 13,2%, celui de ceux qui travaillent n'a progressé que de 3,8%. Chose encore plus inquiétante : le taux de chômage des jeunes le plus élevé se situe dans la région du Moyen - Orient et de l'Afrique du Nord, soit 25,7%.
Baisse du taux de chômage Le ministre de l'Emploi et de l'Insertion Professionnelle des Jeunes, M Chedli Laâroussi, en rappelant ces données relativise le problème sans pour autant occulter les difficultés qui se posent dans notre pays lequel reste à l'affût des changements qui se produisent dans le monde. Finies les trente glorieuses, maintenant le monde connaît des mutations profondes avec l'exacerbation de la concurrence, l'ouverture des marchés et la parution de plusieurs blocs dans différentes régions du monde. Réussir dans l'emploi des jeunes dépend en grande partie de notre capacité à imaginer des programmes et des politiques d'encadrement des demandeurs d'emplois et d'insertion professionnelle des jeunes. L'expérience tunisienne déclare en substance le ministre est riche et variée. Durant la décennie 1997 - 2006, le « taux de chômage a baissé de deux points ». Le gap entre les régions a lui aussi baissé. La période de recherche d'un emploi s'est réduite puisque « près de 70% des sans emplois arrivent à trouver du travail en moins d'une année alors que cette proportion était de 60% au début des années quatre vingt - dix ».
Qu'en est - il des défis d'avenir ? Il s'agit de satisfaire les nouveaux venus au marché de l'emploi tout en faisant face aux contre - coups de la mondialisation, à la féroce concurrence dans les secteurs labor - using et à l'augmentation continue du nombre des diplômés du supérieur. L'économie tunisienne évolue de plus en plus vers l'économie du savoir. Le taux d'encadrement est de 13,7% en 2005 contre 7,4% en 1997. C'est encore insuffisant par rapport aux standards internationaux. L'objectif assigné à nos entreprises est de faire passer ce taux à 17% en 2009.
Des données plus actualisées. Tout en comptant sur la croissance économique pour créer des emplois durables une politique volontariste est mise en place dont le Fonds National de l'Emploi qui s'est attaqué au noyau dur du chômage. C'est ce qui a permis d'alléger la pression sur le marché de l'emploi durant les cinq dernières années. L'intermédiation dans le marché de l'emploi est très ancienne en Tunisie puisque le premier bureau d'emploi a été crée en 1904. Depuis 2003 une approche régionalisée de l'emploi a été introduite avec des objectifs régionaux en termes d'encadrement et de réalisation des programmes. Les enquêtes sur l'emploi devenues annuelles depuis 2000, seront, prochainement trimestrielles. C'est ce qui permettra d'actualiser dans de meilleurs délais les données sur le marché de l'emploi et mieux suivre sa dynamique.
M. Emmanuel Rubayiza (Expert à l'OIT) au Temps : « La stratégie doit être globale » « La Tunisie a fait des choix politiques dans le sens du renforcement de toutes les ressources. C'est un bon exemple pour les pays africains et même pour les pays développés. Il faut consolider davantage ce qui s'est fait. L'orientation vers les technologies de pointe est évidente. Il faut concilier les systèmes de l'offre et de la demande. En Afrique, il faut intégrer l'emploi dans toutes les stratégies et les programmes de développement en liaison avec l'investissement. La stratégie doit être globale. »