Le bonhomme n'était pas à proprement dire amoureux de la voisine, mais il tenait apparemment, fermement d'ailleurs, à sauvegarder une réputation ternie par le camouflet qu'il a subi à la suite du refus de la voisine en question de le prendre comme époux. Outré, il n'a pu s'empêcher de réagir vigoureusement, en commettant, malheureusement, l'irréparable. Un acte de folie dont il aurait certainement regretté, déjà, la portée ! De l'autre côté, une quadragénaire, mère de trois enfants dont l'aîné est un adolescent de seize ans, qui milite littéralement pour assurer la croûte à quatre bouches, sans compter les charges nécessitées par la scolarité des deux plus jeunes. C'est depuis le décès de son conjoint qu'elle aurait décidé de se consacrer à sa famille, autrement dit depuis un peu plus de cinq longues années. Ses malheurs ont commencé à partir du jour où, trois ans après son veuvage, un homme du voisinage aurait émis le vœu de l'épouser, étant lui-même veuf depuis quelques années. Or, malgré une intervention d'un membre influent de la famille de la jeune femme, cette dernière allait refuser la demande, signifiant au soupirant qu'elle n'était point disposée de se séparer de sa progéniture. Le prétendant n'a cependant pas désespéré, multipliant les tentatives ; sans résultat en tout cas, dans la mesure où la bonne dame campait énergiquement sur sa position initiale. En désespoir de cause, il est même allé jusqu'à inventer une quelconque histoire au sujet d'une supposée relation liant la jeune femme à son employeur, mais ça n'a pas porté, malgré les rumeurs qui n'ont pas manqué de circuler un peu partout, essentiellement dans l'entourage de la dame, indignée par un tel comportement, mais ne pouvant finalement rien entreprendre, prenant en fin de compte le parti de faire la sourde oreille. Une réaction qui n'a pas du tout plu au soupirant éconduit, lequel n'a fait au contraire que tenir de plus en plus à elle, au point de décider un soir de lui rendre visite chez elle pour lui parler entre «quat-z-yeux», pour une dernière tentative. Une rencontre qui allait toutefois tourner au vinaigre, la maîtresse de céans refusant carrément de le laisser entrer. C'est alors qu'il a perdu tout contrôle, la giflant tout d'abord à pleine volée, avant de la pousser à l'intérieur et fermer la porte d'entrée. Ses intentions étaient on ne peut plus claires. D'ailleurs, il n'a pas tardé à passer à la seconde phase de son objectif, celle d'essayer de la dénuder, l'obligeant à mettre à forte contribution ses cordes vocales, ce qui eut pour effet d'ameuter quelques voisins, accourus afin de la délivrer en maîtrisant l'intrus, avant d'alerter les auxiliaires de la justice, venus rapidement prendre possession du «colis» ! Passant récemment en jugement, le soupirant éconduit a été condamné à trois ans de prison ferme...