En prenant connaissance des péripéties de la présente affaire vous allez certainement imaginer qu'il s'agit tout simplement d'un habile scénario mis au point par un génial cinéaste, mais détrompez-vous, car il est bel et bien question d'une histoire qui a bien eu lieu dans nos contrées et exécutée, de main de maître, par une bande de cinq lascars qui ont préparé minutieusement leur coup ! L'affaire remonte à l'année dernière, 2008, quand les cinq quidams ont décidé de s'attaquer à la secrétaire d'un établissement privé, dans le domaine du transport, et la dévaliser, sachant qu'elle faisait également fonction de trésorière, puisque c'est elle qui s'occupe de la paye du reste des agents appartenant à ladite société. L'instigateur du braquage était manifestement au courant des moindres faits et gestes de la bonne dame, ce qui laissait supposer qu'il était l'un des habituels visiteurs de l'entreprise. En tout cas, il a préparé savamment son coup, après avoir recruté quatre complices parmi ses connaissances, lesquels ont marché dans l'affaire sans la moindre hésitation, car s'attendant à un important butin à tirer. Une fois leur pacte scellé, les cinq bonshommes sont passés à la seconde phase, celle de la filature et du guet, jusqu'au jour «J». Ce jour-là, en effet, comme à chaque début du mois, la jeune femme aurait quitté les locaux de la société comme à l'accoutumée, pour rejoindre un établissement bancaire de la place et retirer la somme de huit mille (8.000) dinars, qu'elle a rapidement enfouis dans son sac, avant de rebrousser chemin et regagner son port d'attache, c'est-à-dire, l'établissement où elle travaille, situé du côté d'El Omrane. Il lui fallait, par ailleurs, emprunter le métro afin d'y parvenir. Ce qui n'était pas sans risque, mais elle est habituée. Qu'elle soit entourée de tous ces gens renforçait encore plus ce sentiment de sécurité ; elle ne craignait donc absolument rien. Or, sur ce chapitre, elle se leurrait lourdement, la bonne dame. Au même moment, effectivement, cinq paires d'yeux ne la quittaient pas un seul instant, au point de lui compter pratiquement son souffle ! Un souffle qui lui manquera sous peu... La filature était en outre bien orchestrée, et les suiveurs assez organisés, tant et si bien qu'ils n'ont pas manqué de mettre l'un d'eux derrière elle, à lui emboîter le pas, sans la lâcher d'une semelle. Il faut dire que la réussite de leur entreprise dépendait en grande partie de lui, de sa concentration sur son sujet, de sa lucidité à exécuter son rôle, peut-être le plus important, sans oublier, aussi, de demeurer en contact permanent avec ses complices, de nature à accorder parfaitement leurs violons. Bref, à l'arrivée de la proie à destination, les quatre autres complices étaient déjà sur place, ou plutôt à attendre qu'elle atteigne le lieu prévu pour lui sauter dessus. C'est l'instigateur du coup lui-même qui s'est chargé du gros du travail, allant surprendre la victime et lui arracher le sac contenant les huit mille dinars. La réaction de celle-ci fut instantanée, en mettant ses cordes vocales à rude épreuve pour ameuter de potentiels témoins. Ce comportement lui fut salutaire, dans la mesure où des passants ont réagi à leur tour afin de maîtriser le malfaiteur. Mieux encore, ça a coïncidé avec le passage d'une ronde, dont les agents ont été également assez prompts en plaquant le fuyard qui tentait de se dégager de l'emprise des témoins ! L'arrestation de ce premier malfrat aurait permis l'interpellation de ses complices, le quintette passant par la suite en jugement, pour se voir condamnés à quatre ans de prison ferme chacun. Un seul, parmi les malfaiteurs, allait interjeter appel et bénéficier d'une remise de peine, écopant finalement de neuf mois...