Le Temps-Agences - Le roi Abdallah d'Arabie saoudite a entamé hier sa première visite en Syrie après des années de froid, scellant un rapprochement susceptible de débloquer des contentieux dans la région. Le monarque qui conduit une importante délégation de plusieurs ministres, a été accueilli à l'aéroport par le président syrien Bachar al-Assad. Un accueil officiel lui a été réservé au palais présidentiel avec garde d'honneur, coups de canon et hymnes nationaux. "De nombreux pays dont la France, le Liban et les Etats du Golfe ont encouragé cette visite qui montre une amélioration des relations entre la Syrie et l'Arabie saoudite, laquelle va influer sur la situation régionale", écrivait hier le quotidien al-Watan, proche du pouvoir à Damas à propos de cette visite. Les relations entre Ryad et Damas s'étaient détériorées après l'invasion américaine de l'Irak en 2003. Ces liens se sont envenimés après l'assassinat en février 2005 de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, un proche de Riyad, dans lequel certains ont vu « la main de la Syrie ». Damas dément toute implication dans ce drame. Selon nombre d'analystes, la visite du roi Abdallah, sa première en Syrie depuis son accession au trône en 2005, a pour objectif de mettre fin aux divergences entre les deux pays qui se sont opposés aussi sur le dossier palestinien ainsi que sur les liens stratégiques de la Syrie avec l'Iran. Damas et Ryad "ont souvent eu des positions diamétralement opposées ces dernières années", a estimé Hady Amr, un analyste du centre Brookings Doha Center basé au Qatar, en relevant que ce rapprochement intervient au moment où les relations entre Damas et Washington connaissent un dégel. Une première rencontre de réconciliation entre le roi Abdallah et le président syrien Bachar al-Assad dont le pays a entamé un dialogue avec la nouvelle administration américaine, avait eu lieu début 2009 en marge d'un sommet arabe économique à Koweït. Plus récemment, le président syrien a visité l'Arabie saoudite pour assister le 23 septembre à l'inauguration d'une université de haute technologie. Autre signe concret de début de normalisation, le royaume saoudien a nommé en juillet un nouvel ambassadeur à Damas, poste vacant pendant un an. Les Etats-Unis et des pays occidentaux estiment que Damas peut contribuer à la recherche des solutions aux dossiers brûlants de la région: l'Irak, le Liban et le conflit israélo-palestinien. A l'opposé de l'ancienne administration de George W. Bush, celle de Barack Obama "veut tenter de donner à la Syrie une place dans la région", a ajouté M. Amr. Ainsi au Liban, le quotidien as-Safir titre: "Lettre ouverte au Premier ministre libanais désigné Saâd Hariri: que la visite du roi à Damas soit l'occasion de l'annonce du gouvernement d'union". Dans ce pays sans gouvernement depuis les législatives de juin remportées par le camp dirigé par Saâd Hariri face à celui mené par le Hezbollah, de nombreux analystes misent sur le rapprochement syro-saoudien pour un règlement des divergences. "Le Liban est plus que jamais concerné par la réconciliation saoudo-syrienne vu les répercussions négatives qu'il a subies du fait du conflit entre Damas et Ryad, dont les difficultés à former le gouvernement", indique de son côté le journal libanais à grand tirage An-Nahar.