C'est un de nos ressortissants qui vivent en Europe. En Italie exactement. Chaque année, il programme ses vacances dans son pays natal, auprès des siens. L'été dernier, il n'a pas dérogé à la règle. Il a réservé sa place sur le bateau au départ de la ville de Gênes. Il a embarqué sa voiture et prit possession de sa cabine à bord. Jusqu'ici tout est normal sauf que notre compatriote est accoutumé à consommer de la drogue. Il en fume quotidiennement une ou deux cigarettes. Arrivé au port de La goulette, il a pris place dans sa voiture pour effectuer les procédures de débarquement à savoir passer les formalités de police et le contrôle de Douane. Voilà que lors de la fouille et grâce au flair des chiens dressés pour la détection des produits prohibés, drogue et autres , que les agents de douane ont découvert dans la boite à gants de la voiture, deux sachets contenant un produit douteux. Après l'avoir analysé par des agents spécialisés, ils se sont assurés qu'il s'agit de stupéfiant. Ainsi donc il a été arrêté et conduit en un premier temps dans un centre hospitalier pour effectuer des analyses qui ont donné un résultat positif , par la suite il a été incarcéré. Il a été traduit en état d'arrestation devant la chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Tunis pour répondre de deux accusations, consommation de drogue et détention de produits stupéfiants prohibés. Devant la cour il a reconnu et avoué sa dépendance à cette matière. Mais jamais a-t-il dit au président, jamais il n'a consommé ce produit en Tunisie. Pour la deuxième accusation il a déclaré n'avoir aucune idée sur celui qui a placé ces deux sachets dans la boite à gants. Deux avocats se sont succédés pour plaider l'innocence du jeune homme en se basant sur ce qui suit : Leur client a consommé la drogue ,oui , mais en dehors des eaux territoriales tunisiennes, là où pour le pays de provenance , la loi n'est pas appliquée de la même manière que chez nous. Un des avocats, s'est basé sur les nouvelles législations des pays de la communauté européenne qui autorisent la consommation de drogue légère. l'inculpé Doit-il répondre en Tunisie d'un délit commis dans un pays étranger dont la législation ne poursuit pas ceux qui le commettent Les analyses qui ont été effectués ne peuvent déterminer avec certitude l'heure et donc le lieu à laquelle la consommation a eu lieu. Aussi et étant donné que leur client consomme deux ou trois fois par semaine il est tout a fait logique que les analyses donnent un résultat positif. La deuxième accusation est pour la défense une preuve inéluctable quant à l'innocence de leur client. Pour quelqu'un qui décide de fumer une dernière cigarette contenant de la drogue avant d'entrer en Tunisie, est-il logique qu'il pense à en introduire. L'inculpé est habitué a venir tous les ans en Tunisie, il sait parfaitement qu'il doit se soumettre aux différents contrôles , comment se fait-il qu'il choisisse la boîte à gants pour cacher les sachets ? L'avocat est convaincu qu'il y a une tierce personne qui est responsable de cet acte. Voici son argumentation : En pleine file d'attente, les passagers quittent quelques fois leur véhicule pour des raisons différentes : Soit pour prendre un formulaire à remplir Soit pour se désaltérer Soit pour un besoin urgent Dans ce contexte, il est fort probable qu'une tierce personne ayant eu peur en voyant les chiens flairer les voitures et les bagages, et dans le but de se débarrasser de ce produit, l'a mis dans la boite à gants de la voiture de l'inculpé. C'est une probabilité qui reste plausible. Car il n'est pas admis que quelqu'un de censé puisse se permettre de cacher un tel produit qui peut-être découvert à n'importe quel point de contrôle, dans un endroit aussi accessible. Sachant pertinemment que la loi punit sévèrement ce genre de délits , l'accusé n'a jamais consommé en Tunisie, il tient un commerce florissant en Italie et ne pourrait jamais se permettre de perdre un patrimoine réalisé après tant d'années de labeur. A ce tire, et vu qu'il y a un doute qui plane sur cette affaire, les deux avocats ont demandé l'acquittement. Au cas où la cour est convaincue de la culpabilité de leur client ils ont demandé l'application de l'article 19 du code de détention qui pourrait le faire bénéficier d'une l'hospitalisation en vue d' une cure de désintoxication. Aussi et afin que le verdict n'altère pas sa carrière, ils ont demandé la clémence de la cour et de se limiter à lui infliger une amende. L'affaire a été mise en délibéré.