Le Temps-Agences - Berlin achevait le week-end, devant une foule croissante, les préparatifs des festivités prévues aujourd'hui pour les 20 ans de la chute du Mur, un évènement qui remodela l'Europe et le monde. Hier, de très nombreux badauds se pressaient dans une ambiance festive pour admirer un millier de dominos géants en polystyrène installés au centre-ville sur l'ancien tracé du Mur, qui divisa la ville de 1961 à 1989. Alignées sur 1,5 km, notamment le long des édifices les plus emblématiques de Berlin comme la Porte de Brandebourg et le Reichstag, les stèles colorées hautes de 2,5 m et toutes décorées de motifs différents doivent s'écrouler ce soir pour symboliser l'effondrement du Mur. "Les Murs peuvent tomber. Et nous pouvons détruire les murs qui sont encore debout", a déclaré le maire de la capitale Klaus Wowereit lors de l'inauguration de cette galerie en plein air, confectionnée par 15.000 personnes dans le monde entier. Hier après-midi, les Berlinois étaient invités à former une "chaîne de mouchoirs" près du "Parc du Mur" situé près de l'ancienne frontière. Chacun était invité à venir avec des mouchoirs, colorés si possibles, symboles des "nombreuses larmes, des adieux" mais aussi "de la joie, de la danse, de l'échange entre Est et Ouest", ont expliqué les organisateurs. Les festivités d'aujourd'hui seront "très émouvantes pour beaucoup en Allemagne", a prédit la chancelière Angela Merkel, elle-même originaire de l'ex-RDA, dans un message vidéo mis en ligne sur son site web. "Même dans les années 1980 je n'aurais pas cru que le Mur allait tomber de mon vivant", a-t-elle déclaré au journal populaire Bild à paraître aujourd'hui. Hier soir, la chancelière devait inaugurer un nouveau musée situé près du célèbre pont de Glienicke, où espions américains et soviétiques étaient échangés pendant la guerre froide. Cet après-midi, Mme Merkel doit se rendre à l'ancien poste-frontière de la «Bornholmer Strasse», qui fut l'un des premiers à s'ouvrir il y a vingt ans et où la foule s'était précipitée en masse. La chancelière doit refaire ce parcours avec d'autres témoins anonymes qui ont vécu ces événements. Dans la soirée, les festivités culmineront avec une fête diplomatico-populaire à la Porte de Brandebourg. Chaque pays de l'Union européenne, qui s'est élargie à 27 membres après la disparition du rideau de fer, doit être représenté. Les dirigeants des quatre puissances qui occupaient la ville seront au rendez-vous: le Premier ministre britannique Gordon Brown, les présidents français et russe Nicolas Sarkozy et Dmitri Medvedev et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Parmi les hôtes de renom attendus aujourd'hui figurent aussi deux acteurs de premier plan de la fin de la guerre froide, dont le Mur de Berlin était le symbole: le dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev ou l'ex-leader anticommuniste polonais Lech Walesa. Nocturne, la fête doit s'ouvrir à 19H00 HT avec un concert de plein air de l'orchestre du Staatsoper de Berlin, sous la baguette de Daniel Barenboïm. Un feu d'artifice est également au programme. La municipalité attend 100.000 personnes pour les festivités nocturnes, "si la météo le veut bien". Les hôtels ont en tout cas été pris d'assaut par les touristes et des hordes de journalistes venus du monde entier pour alimenter moult émissions spéciales.