« L'entente, la détente et la coopération »... A l'époque, ils étaient deux, Willy Brandt, chancelier qui cherchait à faire de l'Allemagne une social-démocratie, et, bien sûr,le général De Gaulle, anti-atlantiste, confortablement installé dans cette ligne médiane de la guerre froide, renvoyant dos à dos les Bolcheviks et les Yankees ! L'un et l'autre n'avaient pas vu venir le nouvel Ordre mondial. Ils étaient, d'ailleurs, très loin dans le temps. Mais, déjà, ils réalisaient qu'au-delà des clivages idéologiques, le socialisme et le libéralisme pouvaient se rejoindre sur plusieurs points et, d'ailleurs, c'est ce que nous auront confirmé Sarkozy et Royal dans leur lutte pour la présidence. Mais, aujourd'hui, « l'entente » euro-européenne tourne au bras de fer avec la Russie ; « la détente » se traduit par l'installation d'anti-missiles américains en Pologne tandis que « la coopération » se résume à des tours de vis (dans les deux sens), des robinets de gaz que la Russie ouvre et referme selon ses intérêts. C'est normal, aurait dit Kissinger qui prophétisait depuis les années 70 « la fin de l'Union Soviétique, mais pas la fin de l'empire soviétique »... Jean François Revel décrit la vision qu'avait l'Union Soviétique de l'équilibre de la terreur dans un célèbre ouvrage intitulé : « Comment les Démocraties finissent ». Il y décrivait les mécanismes en fonction desquels les régimes occidentaux abdiquaient face au leviathan soviétique ; comment ils ne savaient trop s'il fallait soutenir la dissidence de Tito, puis celle de Kreisky et comment l'Amérique elle-même s'arrangeait pour demander son aval à Moscou avant de fournir de l'argent et du matériel à Israël !... Des temps révolus ? On l'avait cru durant des années avec la chute du mur de Berlin et la déconfiture au sein de l'Union Soviétique. On l'avait espéré avec cette main tendue de Gorbatchev à l'Europe Occidentale et à l'Amérique... Mais, aujourd'hui, avec cette recrudescence des nationalismes, la Russie de Poutine n'entend pas perdre pied en Europe Centrale et Orientale. Et, d'ailleurs, la riposte russe dans cette affaire du soldat de bronze était claire : « L'Amérique ne se réinstallera pas à nos portes sous couvert d'une alliance atlantique et d'une Europe élargies », répète-t-on au Kremlin... L'empressement de Sarkozy d'aller rencontrer Madame Merkel s'explique : le tsar se réveille... Car, il est évident que la Russie entend redéfinir les contours d'une nouvelle géostratégie. Et pourquoi pas l'ancienne... se dirait Poutine.