Aucune personne normalement constituée ne peut nier, encore moins refuser les bienfaits de ce qui peut être considéré aujourd'hui comme l'antidote à ces maux insidieux qui nous minent le moral, le physique, notre humeur journalière et qui sont le stress, le mal être, le malaise de vivre sans aucune raison objective, si ce n'est ce rythme effréné de la vie de tous les jours qui est de plus en plus pesant et auquel il est impossible de s'extraire. Et c'est là qu'intervient et se précise le bien fondé salutaire de tout un corps de métier représenté par les soins esthétiques, ces thérapies douces proposées par des mains savantes, des savoir faire professionnels composés de véritables pionnières, à l'instar de Mme Nozha Ben Salah ou encore Atfa Taltli, et de nouvelles recrues également mordues par cette profession mais au niveau de perfectionnement variable et perfectible. Le 6ème Congrès International de la Santé, de la Beauté et du Bien-être grâce aux échanges, interventions et démonstrations pratiques ainsi qu'à la présence de grands noms et spécialistes venant de France, de Belgique, d'Italie ou encore d'Inde ont permis de dégager des parallèles dans les évolutions de ce secteur, aussi bien en terme de technicités, de formation ou encore de cadres légaux régissant ce corps de métier qui concentre une multitude de profils. Plus que jamais, un arrêt sur ce secteur est à envisager par les autorités compétentes représentées aussi bien par le secteur public, le patronat et les intervenants du secteur privé. Au cours de ces deux journées marathon marquées par une surcharge dans la programmation le constat premier qui se dégage est qu'il est parfaitement insensé de considérer cet univers, du bien-être et de l'esthétique comme un argument fallacieux pour vendre des chimères ou des illusions de santé. A entendre et à voir tout ces masseurs, ses formateurs, ses spécialistes en tout genre qui vont du physiothérapeute, à l'aromathérapeute...il est possible de considérer ceux-ci comme des intermédiaires de santé, à même de parer à l'installation, voire la parution de maladies organiques graves qui se manifesteront à terme chez toute personne, qui ignore, oublie ou néglige ses symptômes silencieux du corps qui souffre et ne demande qu'à être de temps à autre soulagé par des mains expertes qui savent aussi prendre en charge des dimensions plus profondes de l'Être. Quel référentiel de cette profession en Tunisie ? Or, les pratiques et l'exercice de ces spécialités nécessitent aujourd'hui un regard plus scrutateur sur la réalité de ce terrain et les cursus qui forment ces compétences. En jetant un œil sur les différents diplômes et certificats qui couronnent la formation d'une esthéticienne en France par exemple, on mesure ce qui est perfectible dans ce domaine en Tunisie. C'est en effet l'éducation nationale qui assure en France la formation de ce corps professionnel. En Tunisie, il n'y a qu'une école qui a eu le mérite d'ouvrir un enseignement digne de ce nom, à savoir celle de Mr Tarek Boulifa avec en sus, une envergure internationale (Ecole Internationale d'Esthétique et Cosmétique). Le contenu pédagogique étant homologué par le secrétariat d'Etat à la Formation Professionnelle. Le fait est qu'à la différence de l'expérience française, il n'y a pas aujourd'hui en Tunisie, ce que Mme Jacqueline Peyrefitte -secrétaire générale de la Confédération Internationale des Ecoles de Formation Esthétique et Cosmétique- a appelé un référentiel de la profession et en l'absence de ce référentiel, il est impossible pour tous les intervenants du secteur de pouvoir avoir cette approche réactive nécessaire à la régénération du métier et du secteur en général et indispensable à sa saine évolution. Mieux encore, en France c'est le secteur privé qui crée " des passerelles " dans la profession à cause de cette fine connaissance de la réalité des pratiques sur le terrain. Un jeune diplômé peut par exemple passer 25% de son temps en formation et 75% de son temps à travailler en entreprise, les compétences pratiques étant déterminantes et plurielles, une initiation à la base est toujours souhaitée et recommandée. Le concours indéniable du secteur privé à ce soutien premier de l'enseignement de l'éducation nationale a permis de cerner les nouveaux profils, les perspectives d'employabilité, tels le cinéma, la télévision, les entreprises qui recrutent ces professionnels. Il est même question de discuter lors de la prochaine commission du dialogue social européen d'une perspective professionnelle de l'esthéticienne dans ce qui a été désigné comme une pratique socio hospitalière qui ciblera les personnes âgées. Corps mystère, corps temple, corps tabou Plusieurs esthéticiennes tunisiennes présentes ont souligné ce manque d'encadrement et ses pratiques anarchiques dans le secteur qui ne permet pas de distinguer les véritables pratiques professionnelles de celles moins sérieuses ou qui avoisinent d'autres professions. A titre d'exemple, il est tout à fait admis chez nous, qu'un salon de coiffure, cumule des prestations qui relèvent de l'esthétique ou encore que des appellations telles que cosmétiques ou thérapies soient exploitées à mauvais escient ou pour des finalités mercantiles. Le fait est que tout l'intérêt de ce congrès réside également dans l'intervention de Nenella Santelli, rédactrice en chef des " Nouvelles Esthétiques " qui a plus que jamais révélé, grâce à son intervention, une image sérieuse et militante de ce métier avec un engagement qui explique la reconnaissance de ces professionnelles en Europe et les évolutions importantes qu'elles connaissent. En Italie, les pratiques sont suivies à la loupe et la vigilance est de mise à l'égard de ces praticiennes qui n'ont de cesse de développer des concepts et techniques qu'elles diffusent généreusement auprès de leurs consœurs. Aussi, Nenella Santelli a créé " le Psycho-body-test " qui est une source d'information précieuse pour l'esthéticienne et une sorte de garde fou dans cette pratique du corps à corps qu'est le massage. Pour elle, le corps est un mystère qu'il faut savoir percer, c'est un temple qu'il est nécessaire de glorifier, c'est un espace tabou sacré qu'il ne faut en aucun cas agresser ou en transgresser l'intimité voire commettre l'outrance de ne pas en respecter l'intégrité physique. Comme l'a justement précisé Christine Weyers esthéticienne, physiothérapeute de Belgique, l'esthétique est dans la diffusion du bien être et de plus en plus dans le respect du corps de l'autre. Et pourtant, ce culte du corps et de son bien-être fait partie d'une culture ancestrale et fait référence à des us et coutumes bien ancrés en Tunisie. L'intervention de Mme Nozha Ben Salah vice présidente de la Chambre Syndicale Nationale de l'Esthétique en a fait éloquemment le tour. Cette esthéticienne qui a toutes les qualités requises et qui équivaut en compétence les invitées internationales présentes, collabore activement sur la conception d'un cahier de charges qui régirait les normes requises dans l'exercice de ce métier, et qui vont de la formation, à la pratique, aux exigences éthiques et à une légalisation nécessaire. Selon Mr Tarek Boulifa, Président de la CSNE, la validation de ce cahier des charges serait imminente.