Intitulé « Rythme » , cette exposition dénote d'une certaine ingéniosité et d'une profonde originalité de l'artiste qui a préféré sortir des sentiers battus pour opter pour une création tout à fait particulière : le visiteur s'aperçoit de prime abord qu'il se trouve parmi des objets artisanaux aux sculptures diverses, aux formes géométriques différentes et aux assemblages hétéroclites qui donnent un ensemble de bas-reliefs finement ouvragés et beaux à voir. L'artiste a dû passer par plusieurs étapes pour convertir ses conceptions en ces créations artistiques bien échafaudées. Ces sculptures sont coulées en aluminium, la matière première choisie par l'artiste. « Il a fallu passer par plusieurs étapes pour arriver au produit fini, nous a confié l'artiste, c'est un travail de fourmi qui demande beaucoup de patience ! » Et sûrement beaucoup de passion ! C'est à l'œuvre qu'on connaît l'artisan ! Préparer les plaques d'aluminium, fondre les pièces, polir certaines faces afin d'obtenir des surfaces lisses et brillantes, trouer, marteler pour avoir des reliefs, des crevasses, des lieux concaves, d'autres convexes ou même des lignes rugueuses et tortueuses et d'autres plutôt fluides. Découper, scier, rayer, creuser, brûler et assembler des morceaux de différentes formes géométriques. Voilà le travail de longue haleine fait par notre artiste qui se sert d'un chalumeau, d'un marteau, d'une perceuse et d'autres outils électriques. Quant aux couleurs utilisées, il en fait lui-même la préparation à partir d'ingrédients naturels (citron, teinture et savon) et chimiques (huiles de moteurs utilisées…), des techniques rarement utilisées dans le monde de l'art plastique. Avec Abdelaziz Maâlel, tout se joue sur les contrastes des couleurs et des brillances, sur l'opposition entre rugosités et aspérités d'un côté et espaces vides et troués de l'autre, le tout est soigneusement rassemblé pour achever ces sculptures en bas-relief. La signification souvent cachée de ces sculptures abstraites, voulue ou non par l'artiste, plonge le spectateur dans la contemplation : en effet, malgré le titre attribué à chacune de ces œuvres, le visiteur n'est pas contraint à adopter la vision de l'artiste « d'autant plus que, nous expliqua A. Maâlel, plusieurs œuvres sont susceptibles d'être contemplées dans les quatre sens et donc prêtent à plusieurs interprétations. C'est la raison pour laquelle la plupart des œuvres ne sont pas dotées d'un cadre. Cependant, pas mal de créations tiennent en grande partie à mon passé, à mon milieu et à mon enfance ! » En effet, les formes tantôt régulières, tantôt sans régularité, les reliefs, les surfaces pleines et les surfaces vides, les reflets, les couleurs ; tout cela intrigue l'œil du visiteur, sollicite son observation minutieuse et l'incite à l'interprétation. Chacune de ces sculptures donne enfin à réfléchir, à imaginer, à revivre une situation ou une expérience déjà vécue, à se remémorer peut-être un événement, un objet, un être ou un quelconque souvenir. Une exposition très originale à voir absolument ! Il est à rappeler que Abdelaziz Maâlel est originaire du Sahel, il est titulaire d'une maîtrise de l'Institut Technologique d'Art, d'Architecture et d'Urbanisme de Tunis. Il commença sa carrière en tant que portraitiste (1973- 2000) pour s'adonner ensuite à l'art plastique de tout genres. Son principe repose essentiellement sur la recherche d'un équilibre entre la richesse de la matière et la sublimité de l'idée suggérée par le vide, son point de départ dans toute création. Abdelaziz Maâlel a organisé plusieurs expositions personnelles (à Monastir 2006, à Mahdia 2007, à Tunis 2008 et 2009).