Il n'y a ni pinceau, ni gouache, ni toile, ni aquarelle non plus. Abdelaziz Maalel a choisi cette fois-ci de s'exprimer par d'autres moyens peu usités dans le monde de l'art plastique : des métaux, rien que des métaux. De même, les techniques et les outils utilisés sont différents de ceux employés dans les œuvres plastiques ordinaires. Aussi, peut-on dire de prime abord, qu'il s'agit d'une exposition assez singulière qui témoigne d'une lucidité artistique et d'un travail de recherche mené jusqu'au bout. Au final, des tableaux en métal, sans cadre et dirigeables selon l'angle de vue, horizontalement ou verticalement. Maalel est parvenu à ces nouvelles techniques après avoir expérimenté plusieurs voies depuis 1973. Il s'intéressa d'abord à l'art figuratif et au portrait jusqu'à l'an 2000. Il se consacra ensuite à la recherche sur les différentes matières colorantes pour arriver à cette dernière expérience qui consiste à dompter les différents métaux et les mettre au service de l'expression artistique, en essayant de conjuguer richesse de la matière avec les possibilités quasi infinies qu'offrent les espaces vides. Parmi les matières utilisées, on compte l'aluminium, le cuivre, le bois, etc. Pour tirer le meilleur parti de cette matière première, convient de « s'armer » entres autres d'un chalumeau, d'une chignole, d'un marteau, etc. Quant aux couleurs, notre artiste utilise différentes teintures qu'il concocte à partir de matières naturelles comme le citron et autres produits tels que le savon, etc. Une application de fourmi ! « Contrastes » aime mettre en relief les différences qui caractérisent les êtres et les objets. Dans toutes les œuvres exposées, l'œil parcourt des espaces pleins et d'autres vides, des couleurs obscures et d'autres plus claires, des lignes droites et d'autres courbes ou cassées. Tout évoque ces contradictions qui encombrent notre vie et constituent en même temps l'équilibre de la nature. Les tableaux se nomment : « Paysage », « équilibre », « usure du temps », « mouvement », « désaccord », « rencontre », « destin », « fragment, etc. Telles des ponctuations, ils révèlent la vision de l'artiste qui semble troublé par ce qui se passe dans notre monde. De la froideur et la dureté attribuées habituellement au métal, jaillit une souplesse et une sensibilité inattendues ! Hechmi KHALLADI (*) A la galerie Ali Guermassi de la Maison de l'Ecrivain, jusqu'au 8 juin