Le Temps-Agences - La présidente démocrate de la Chambre américaine des Représentants, Nancy Pelosi, poursuivait hier une visite en Arabie saoudite dominée par l'Irak et le processus de paix israélo-palestinien en se rendant au "Majlis Al-Choura", une assemblée composée uniquement d'hommes. Cette visite en Arabie, l'un des principaux alliés des Etats-Unis dans la région, constitue la dernière étape de cette tournée de Mme Pelosi au Moyen-Orient, sa première depuis qu'elle occupe les fonctions de "Speaker" (présidente) de la Chambre. Son voyage a suscité une forte controverse aux Etats-Unis en raison de l'étape syrienne et de sa rencontre avec le président Bachar Al-Assad, que la Maison Blanche s'efforce d'isoler. Arrivée avant-hier à Ryadh, Mme Pelosi a rencontré dans la soirée le roi Abdallah, une semaine exactement après qu'il eut dénoncé devant le sommet arabe, sans mentionner les Etats-Unis, "l'occupation étrangère illégitime" de l'Irak. Venant d'un leader considéré comme un allié clé de Washington, ces propos avaient provoqué surprise et mécontentement au sein de l'administration américaine, qui a annoncé qu'elle comptait demander des "éclaircissements" au Royaume. "Tout l'éventail des développements au niveau régional et international, surtout ceux concernant le problème palestinien et la situation en Irak, a été abordé" au cours de cet entretien entre le roi et Mme Pelosi, qui a été suivi d'un dîner, selon l'agence saoudienne SPA (officielle). La rencontre a eu lieu dans l'une des propriétés du souverain située à Janadriyah, à 40 km au nord-est de la capitale saoudienne. Le porte-parole de Mme Pelosi, Nadeam Elshami, a indiqué que les entretiens avec le souverain saoudien avaient porté sur "des questions liées au sommet arabe, ainsi que la paix et la stabilité au Moyen-Orient". Il a ajouté que "les conflits au Darfour et en Somalie" avaient également abordés. Lors de leur sommet de Ryadh, les 28 et 29 mars, les leaders arabes avaient relancé une initiative de paix avec Israël d'inspiration saoudienne qu'ils avaient adoptée cinq ans plus tôt à Beyrouth, mais qui était restée sans suite. La relance de ce plan s'est faite à l'instigation de l'Arabie saoudite, dont le régime sunnite est de plus en plus inquiet par la détérioration de la situation en Irak, en proie à la violence entre la majorité chiite au pouvoir et la minorité sunnite, et par les ambitions croissantes du régime chiite iranien. Mme Pelosi devait rencontrer dans l'après-midi des membres du "Majlis Al-Choura" (Conseil consultatif), où l'élue de San Francisco ne devait pas prononcer de discours, privilège qui n'a été accordé jusqu'à maintenant qu'à trois chefs d'Etat étrangers. Sa délégation comprend notamment le démocrate Keith Ellison, premier musulman élu au Congrès des Etats-Unis. Son porte-parole a précisé qu'elle rencontrerait aussi le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Nayef Ben Abdel Aziz, un demi-frère du roi et l'homme qui dirige la lutte du Royaume contre la branche locale du réseau Al-Qaïda. Mme Pelosi doit quitter Ryadh tôt ce matin.