L'assassinat à Téhéran, d'un éminent savant du nucléaire iranien, présage d'un nouvel épisode dans le bras de fer qui perdure entre l'Iran et les puissances occidentales. Massoud Ali Mohammadi a été tué par l'explosion d'une bombe commandée à distance. Les autorités iraniennes n'ont pas attendu la fin de l'enquête pour désigner les coupables, qui sont, selon Téhéran, les Etats-Unis, Israël et " leurs mercenaires ". Un terme qui désigne les " Moudjahidine du peuple ", opposants au régime, et spécialisés dans les attentats aux véhicules piégés, déclenchés à distance. Ces derniers nient toute implication, tout comme les Etats-Unis, qui qualifient les accusations iraniennes d' " absurdes ". Mais toute l'affaire ressemble à un imbroglio avec d'innombrables interrogations et plusieurs zones d'ombre. La piste d'un attentat commandité par l'étranger est d'autant plus plausible, que l'Iran est au cœur de la tourmente pour son programme nucléaire contesté et pour le blocage des négociations attribué à Téhéran et qui éloigne toute solution à ce brûlant problème. Il n'est donc pas exclu que l'Occident ait recours à l'élimination physique de savants nucléaires iraniens pour priver le pays d'un atout majeur dans la confection de son programme nucléaire et l'assujettir à se conformer à ses conditions et à ses exigences. Cette hypothèse place Israël au premier plan des accusés, l'histoire de ce pays étant truffée d'actions occultes, allant de l'assassinat, à l'enlèvement en passant par les bombardements. Une question se pose, cependant, pourquoi l'Iran a-t-il négligé la sécurité de ses scientifiques, dès lors qu'un autre savant atomiste avait disparu dans des conditions mystérieuses au mois de mai 2009 ? Une autre question s'impose. Pourquoi ce timing dans un contexte de contestation populaire menée par l'opposition ? L'affaire de l'attentat pourrait détourner l'attention et alléger la pression interne sur le régime, surtout que le dossier nucléaire a toujours fait l'unanimité entre les différents courants politiques du pays.