Une accusation catégoriquement rejetée par un responsable du département d'Etat, qui a qualifié d'"absurde" l'éventualité d'une implication américaine. Massoud Ali-Mohammadi, qui enseigne à l'université de Téhéran, a été tué près de son domicile dans un quartier nord de la capitale iranienne par un engin explosif placé sur une moto et déclenché à distance, selon la chaîne de télévision Press TV. Press TV a diffusé des images des lieux de l'attentat sur lesquelles on aperçoit des débris et du verre cassé ainsi qu'un corps dans un sac évacué sur une civière. Des fenêtres auraient été détruites à 50 mètres à la ronde. L'agence officielle Irna rapporte que le nombre de victimes de l'attentat reste indéterminé, laissant entendre qu'il pourrait y avoir d'autres morts. "M. Massoud Mohammadi, un professeur de l'université de Téhéran engagé et révolutionnaire, est mort en martyr ce matin dans un acte terroriste mené par des éléments antirévolutionnaires des puissances arrogantes", écrit la radio-télévision publique Irib sur son site internet. Le ministère des Affaires étrangères est allé dans le même sens. "D'après les premiers éléments de l'enquête, des signes du triangle de la vilénie représenté par le régime sioniste, l'Amérique et leurs agents sont visibles dans l'acte terroriste", dit-il, cité par Irib. "De tels actes terroristes et l'élimination évidente des scientifiques nucléaires du pays n'entraveront certainement pas les processus scientifiques et technologiques", ajoute-t-il. Les chancelleries occidentales soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran dément. Une revendication Les médias iraniens n'ont pas précisé si la victime était impliquée dans le programme nucléaire iranien. Mark Fitzpatrick, spécialiste des questions de prolifération à l'Institut international des études stratégiques de Londres, note qu'Israël n'a pas hésité par le passé à éliminer des personnes impliquées dans des programmes nucléaires de pays jugés hostiles. Mais il juge peu probable que l'attentat d'hier fasse partie d'une stratégie israélienne ou américaine d'élimination des cerveaux du programme nucléaire iranien en raison du trop grand nombre de scientifiques et ingénieurs impliqués. En juin dernier, un chercheur travaillant pour l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Shahram Amiri, a isparu pendant un pèlerinage à La Mecque. Téhéran a accusé ensuite l'Arabie Saoudite d'avoir remis Amiri aux Etats-Unis. Selon l'agence officieuse Fars, qui ne précise pas comment elle s'est procuré cette information, un groupe baptisé l'Association de la Monarchie d'Iran a revendiqué l'attentat. Un haut responsable du ministère de l'Intérieur, Mehdi Mohammadifar, a déclaré que le mobile de l'attentat faisait l'objet d'une enquête. La télévision d'Etat assure qu'Ali-Mohammadi était un "fervent partisan de la Révolution islamique". L'agence Fars a cité un de ses étudiants racontant que ce professeur avait travaillé avec les Gardiens de la révolution jusqu'en 2003. Un site internet de l'opposition, Jaras, a assuré que Massoud Ali-Mohammadi était un partisan du dirigeant modéré Mirhossein Moussavi, un des chefs de file de la contestation qui secoue l'Iran depuis la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence le 12 juin dernier. Le scrutin, dont les résultats ont été rejetés par l'opposition, a plongé l'Iran dans une crise sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979. Huit personnes, dont un neveu de Mirhossein Moussavi, ont été tuées lors des derniers troubles du 27 décembre, à l'occasion de l'Achoura, temps fort du calendrier religieux chiite. Les universités iraniennes ont été le théâtre de manifestations de la part à la fois des partisans du gouvernement et de ceux de l'opposition depuis juin dernier. Les étudiants réformateurs forment l'épine dorsale de l'opposition. Les religieux de l'aile dure du régime ont encouragé les autorités à châtier impitoyablement les dirigeants de l'opposition qui, selon eux, fomentent les tensions en Iran. Ils ont été qualifiés de "mohareb", c'est-à-dire d'"ennemis de Dieu", ce qui, en République islamique, implique la peine de mort.