Le Temps-Agences- Les 124 migrants retrouvés vendredi à Bonifacio ont été évacués hier matin du gymnase où ils avaient été installés, selon le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci. Les 124 personnes, qui se disent Kurdes venant de Syrie, ont été emmenées à bord d'autocars militaires vers la base aérienne de Ventiseri-Solenzara (Haute-Corse), à environ 80 km de Bonifacio, d'où elles sont transportées en avion sur le continent, vers des centres de rétention (CRA). Certains hommes ont résisté, refusant de quitter le gymnase, quelques minutes avant d'être conduits vers les autocars, a indiqué Orsucci. Exigeant de ne pas être séparés, les hommes avaient refusé de s'alimenter vendredi soir exigeant notamment l'intervention de la Ligue des droits de l'Homme. Un premier groupe de soixante migrants a ensuite quitté l'île en avion vers le continent, a annoncé le préfet de région Stéphane Bouillon. « Ils seront répartis sur un ensemble de centres de rétention dans le Sud où les familles et les enfants en bas âge peuvent être accueillis », a-t-il dit. Dix d'entre eux sont arrivés au Cra de Lyon et une vingtaine d'autres à Marseille. Les 64 autres seront transférés dans l'après-midi. Leur transfèrement constitue « une violation des engagements les plus essentiels » de la France, a dénoncé samedi la Ligue des droits de l'Homme (LDH). « Les droits les plus élémentaires de ces personnes sont grossièrement violés », déplore la LDH dans un communiqué cosigné par la fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et le réseau euroméditerranéen des droits de l'Homme. « Il ne s'agit pas de "clandestins" vivant en se cachant sur le sol français, mais de réfugiés qui, arrivant sur le territoire de la République, ont le droit absolu, au regard tant de la Constitution française que des conventions internationales, de demander asile », affirment les associations. « Ils peuvent à la rigueur être placés en zone d'attente le temps qu'ils puissent formaliser leur demande d'asile, mais les diriger vers des centres de rétention constitue une violation délibérée des engagements les plus essentiels de la République française », jugent-elles. Concernant l'enquête judiciaire, le procureur de la République d'Ajaccio, Thomas Pison, a déclaré que les 80 adultes entendus comme témoins ont affirmé être partis de Syrie pour aller en camion jusqu'en Tunisie d'où ils auraient embarqué à bord d'un cargo pour la Corse, alors qu'ils souhaitaient aller en Scandinavie. Le préfet Bouillon a qualifié leur parcours d' « étonnant », « compte tenu du nombre de pays à traverser et de la difficulté de franchissement de certaines frontières ». Soulignant qu'il existe « beaucoup de zones d'ombre », le procureur a indiqué que les migrants ont payé de 2 500 à 10 000 euros par personne à des passeurs en Tunisie. Le procureur a ajouté que la France avait demandé l'assistance pénale des autorités judiciaires italiennes qui ont effectué des investigations dans leurs eaux territoriales. Un cargo battant pavillon russe ou ukrainien serait recherché. Un deuxième bateau susceptible d'avoir débarqué les 124 étrangers a été identifié et était hier en cours de vérification, selon le ministère de l'Immigration, sans donner plus de précision. Le ministère a ajouté que « la première piste semble peu prometteuse ».