Le père du petit Ibrahima, pour lequel le plan Alerte Enlèvement avait été déclenché mardi, a avoué hier avoir tué la mère de l'enfant, son ancienne compagne, dont le corps avait été retrouvé la veille à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). Interpellé "sans violence" mardi soir à Chatillon (Hauts-de-Seine), le suspect, 28 ans, "a reconnu les faits d'enlèvement et d'homicide", a annoncé le procureur de Créteil Jean-Jacques Bosc lors d'une conférence de presse, ajoutant qu'un juge d'instruction serait saisi vendredi. Agé de 18 mois, "l'enfant est en bonne santé et il ne lui a été fait aucun mal", a-t-il ajouté, précisant qu'il avait été provisoirement confié au service de l'aide sociale à l'enfance. Déclenchée mardi vers 18H30, l'Alerte Enlèvement a été un "accélérateur d'enquête" qui a notamment permis de recueillir une dizaine d'appels qui se sont avérés "très utiles", a estimé le procureur, pour qui "on n'aurait pas retrouvé (l'enfant) aussi rapidement" sans ce dispositif. Mais avant de lancer l'alerte, les enquêteurs ont dû établir avec certitude que le petit Ibrahima Nacir Doucouré avait été enlevé. Quand des policiers se rendent mardi matin dans l'appartement de Fontenay-sous-Bois, ils pensent avoir affaire à une banale affaire de cambriolage. Mais ils découvrent, gisant dans son sang, une jeune femme de 26 ans, lardée de coups de couteau, qui, très vite, décède de ses blessures. Les premiers résultats de son autopsie devaient être connus hier après-midi. Les enquêteurs réalisent ensuite que la jeune femme a un petit garçon de 18 mois et qu'il n'est pas présent dans l'appartement. "Nous ne savions pas s'il n'avait pas été confié à un proche, à un membre de la famille. Il fallait vérifier tout à et ça a pris un certain temps", a expliqué le procureur. Le profil du père de l'enfant fait craindre le pire. Mis en examen dans une affaire de viols en réunion qui date de 2006, il vient d'être condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir menacé de mort par SMS la victime, son ex-compagne, dont il est séparé depuis un an avec interdiction d'entrer en contact avec elle. "Il ne supportait pas la séparation et reprochait à son ancienne compagne de ne pas le laisser voir leur enfant" dont il avait la garde trois week-ends par mois, a précisé Elise Naigeon, substitut du procureur de Créteil. Après des vérifications auprès de la famille de la victime et un témoignage visuel, les enquêteurs n'ont plus de doute : le petit Ibrahima a bel et bien été enlevé. Le procureur lance le plan Alerte Enlèvement et des messages sont diffusés sur des radios et des télévisions. Tout va alors très vite. Les enquêteurs reçoivent un coup de téléphone précieux, celui d'une femme qui a rendez-vous avec le suspect dans la soirée. Les policiers se mettent alors en planque et interpellent sans mal le fugitif, accompagné du petit Ibrahima et d'un autre homme, également placé en garde à vue et interrogé. Que projetait-il de faire? Les éléments sont encore flous. "Il a essayé d'aller à droite, à gauche, de contacter des relations", a répondu M. Bosc, qui a insisté sur le rôle "capital" d'Alerte Enlèvement. Déclenché pour la première fois en juillet 2006, ce dispositif consiste à alerter massivement la population dans des cas d'enlèvements criminels d'enfants. Il est inspiré du plan "Amber Alert" conçu au Texas en 1996, après l'enlèvement et l'assassinat de la petite Amber Hagerman. En France, ce dispositif avait été testé avec succès lors de l'enlèvement de la petite Aurélia en novembre 2005 en Maine-et-Loire.