La gestion des médias demeurera-t-elle un monopole de l'administration alors qu'on vient d'élargir le champ d'action cantonné pendant des décennies dans le secteur public ? L'ouverture au privé" s'est faite avec parcimonie et beaucoup de sérieux et de précaution. Cette fébrilité constante qui nous a souvent empêchés de faire des faux-pas mais qui ne doit aucunement nous empêcher d'avancer. Si nous prenons soin de regarder où nous mettons les pieds, il ne faut surtout pas que ce souci de la précaution nous change en statue de bronze. L'ouverture du champ audiovisuel au "privé" est déjà, en soi un bon choix. Reste qu'il ne faudrait pas que nous nous arrêtions là et nous contenter de ce qui est déjà existant. Il faut continuer à insuffler de la concurrence au secteur pour que la qualité soit maintenue. Quels sont les garde-fous que tout média ne doit pas dépasser et surtout pourquoi ne sont-ils pas clairement énoncés dans un "cahier des charges" inhérent à ce genre d'institution ? Les radios - télévisions ont des devoirs envers la population du pays où ils prennent racine. Quels sont ces devoirs ? Tout d'abord avoir conscience du poids énorme que les médias peuvent exercer sur les gens et surtout sur les jeunes. Car la liberté d'expression implique le sens de responsabilité. Je ne parle pas ici de création artistique liée à la poésie, aux arts plastiques à la littérature, au cinéma etc... Ces disciplines ne peuvent éclore que dans une totale liberté quitte à friser la folie. Car ce sont des "produits" qu'on va chercher hors de la maison alors que les radios-télévisions pénètrent chez nous, y sont installées. Le sens des responsabilités doit tenir compte de la configuration du public auquel on s'adresse. Pour ces deux médias, ce sont généralement les familles... donc des adultes, des personnes âgées, des enfants de différents sexes. Ce sens des responsabilités implique aussi le fait de ne pas choquer négativement les gens, de faire attention aux dérives qu'elles soient d'ordre raciale, humanitaires ou culturelles etc... Si ce sens des responsabilités est absent, nous ne sommes plus en société, mais dans la jungle. Vivre en société, c'est créer des liens. Pour cela il nous faut à tous faire des concessions pour nous adapter les uns aux autres. C'est la loi qui doit nous unir et cette loi ne peut-être érigée que sur les bases d'un ordre social qui n'est pas forcément moral ou répressif mais civilisationnel. Notre champ médiatique ne doit pas demeurer morcelé, voué aux aléas de l'improvisation quotidienne et au bon vouloir ou intérêts des courants. C'est pour cela qu'un conseil supérieur de l'Audiovisuel (CSA) doit être - enfin - conçu sous nos cieux et peu importe comment on l'appellera mais il veillera à fixer la feuille de route de notre avenir médiatique et à la faire respecter. Cela nous permettra de voir plus clair... en nous-mêmes.