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L'amalgame
Les mots déchaînés
Publié dans Le Temps le 07 - 03 - 2010

Il y a de cela deux trois semaines, des échanges hautement civiques entre deux "comiques" par émissions alternées sur les ondes d'une radio "privée" de la place, m'ont poussé à écrire un texte traitant des dérives qui commencent à envahir, telles des herbes folles, le champ audiovisuel tunisien.
Puis pour multiples raisons, l'on a décidé de ne pas publier ce texte et je peux vous avouer que je suis loin aujourd'hui de regretter cette non-parution. La raison majeure est que j'ai pu éviter l'indécence où ces deux énergumènes voulaient nous entraîner. Que quiconque parmi la faune médiatique ou politicienne se hasarde à défendre les propos écœurants de ces deux grandes chantres du "One Men show" au nom de la sacro-sainte liberté de la presse et je sortirais - comme l'a déjà fait Dali, mon sceptre imaginaire pour leur en asséner quelques coups mortels qui les pousseront à fuir et à quitter ainsi mon champ de vision.
La seconde raison est qu'écrire sur de telles âneries ne ferait que rajouter quelques dizaines de bourricots. Mieux, une société où les ânes et les têtes de mule rasées de frais ou barbues s'imposent de jour en jour, comme les seuls détenteurs de la suprême vérité et tracent chacun à sa façon la robe largement échancrée ou lourdement lestée dont ils vont vêtir la société.
Comme si cette dernière était leur fiancée et qu'il revient donc à eux de l'habiller d'une robe en dentelle fine qui met en valeur l'anatomie de leur poupée de cire ou d'une longue couverture de toile de jute soigneusement passée à la colle forte et peinte en noir pour que même un moustique mâle ne puisse atteindre la chair "Haram" de leur esclave pécheresse.
La troisième raison est que cela risque de faire de la pub à deux "créatures "qui se querellent pour des enjeux et des buts qui ne sont pas les nôtres.
Leur prestation réciproque sur les ondes de cette radio me rappelle ces scènes dont presqu'aucun film égyptien ne se privait et qui mettait face à face deux voisines à leur fenêtre qui se chamaillent. Sauf que ces petites saynètes étaient fort sympathiques et superbement bien dosées. Ce qui est loin d'être le cas de nos deux intellectuels.
Cela n'empêche plusieurs personnes sont venues me parler de ce fabuleux échange de sagesse. J'ai refusé catégoriquement d'épiloguer sur cet événement historique... Tellement nos deux éminents érudits ont placé la barre haut.
En y pensant , je me disais qu'à l'époque où il y avait encore une vie de quartier, où tout le monde, connaissait tout le monde, il y avait toujours, côté femmes, deux chipies qui n'avaient de cesse de se couvrir mutuellement d'insultes et côté mecs, deux prétendants héros , qui ne rataient pas une occasion pour se balancer quelques coups de poing au visage. Cela faisait jazer les enfants du quartier et ils y allaient de leurs commentaires en prenant position pour l'un ou l'autre camp où en les condamnant tous deux. Cela dépend du moment, de l'humeur des observateurs et - surtout - de la dimension fort éloquente que les combats oraux ou physiques prenaient. La querelle entre ces deux Nobels de la rhétorique remplacent peut-être les anciennes querelles de quartier. Cela donne des sujets de discussion aux observateurs. La cause est entendue pour ces deux-là.
Ils n'ont commis aucune dérive. Leurs propos coulent de source. Ils ont été coulés d'une pièce. On ne doit donc rien leur repprocher.
Les choses ne se posent pas de la même façon pour cette animatrice d'une télévision privée par qui le scandale est arrivé. Pourquoi ? Elle s'est permis ce qu'on peut qualifier de "petites grivoiseries" un calembour à raisonnance un tantinet malicieux, par ceux qui la soutiennent ou d'une atteinte aux bonnes mœurs et à la morale publique par ceux qui appellent à ce qu'on lui prépare un bûcher sur la place publique.
Si j'ai tendance à me placer plutôt du côté des premiers, connaissant cette animatrice qui se démarque de ses collègues par, tout d'abord, une intelligence et une impertinence d'une grande évidence et qui maîtrise à merveille l'art et les techniques des plateaux de tournage, (ce qui est loin d'être le cas de la majorité des actants dans ce domaine) je ne dirais rien pour la défendre parce que tout d'abord, si pour les uns, elle doit l'être parce que son "acte" mérite d'être emblématique de la liberté d'expression et pour les autres une atteinte à l'ordre public (morale comprise), je n'y vois, quant à moi, aucune raison de poser la problématique ni de l'une ou de l'autre façon.
Pourquoi ? Parce que Sawssen Maâlej (puisque c'est d'elle qu'il s'agit) est majeure et qu'elle doit assumer comme une grande ses victoires et ses déboires. Elle n'a aucunement besoin d'être assistée et si elle a enfreint la loi, elle doit en rendre compte à la justice. Et pour moi, elle n'a enfreint aucune loi puisque cette loi n'existe pas.
Au lieu donc de nous perdre à débattre des cas qui ont posé et qui poseront probléme dans le domaine de l'audiovisuel, en prenant position l'un ou l'autre des belligérants, il faudrait mieux débattre aujourd'hui de la législation et du "cahier des charges" qui doit régir cette profession. Car c'est dans l'absence de lois et de libres débats que les moralisateurs de tous bords vont envahir cette terre jusque-là investie par les pouvoirs public et qui s'est ouverte avec parcimonie aux privés, depuis quelques temps.
Nizar Bahloul qui s'est exprimé avec beaucoup de lucidité et de fermeté sur la réalité de notre champs télévisuel et des dangers qui menacent notre avenir en défendant cette animatrice espiègle et qui ne manque aucunement d'humour, ne réalise pas (ou peut -être nous avertit-il des "dérives" que pourrait prendre une telle institution) que le Conseil supérieur de la communication ou de l'audiovisuel ne doit être, en aucun cas, une arme de répression appelée à "réguler" le champ des l'audiovisuel en instaurant une morale d'une rigidité telle qu'au lieu de progresser, d'aller vers l'avenir, nous serons amenés à consommer des produits inodores, sans saveur et sans couleur. Loin de là, ce conseil aura pour tâche de fixer les lois qui vont gérer le domaine et de veiller à leur respect. Ces lois mettront tous les Tunisiens un le pied d'égalité en permettant d'entendre d'autres sons de cloche que ceux propres aux conformismes frigorifiés et frigorifiants ou ceux des libéralités qui - même si nous ne tenons pas compte de leur agressivité édulcorée - nous ramènent à la condition des ânes qui n'ont rien d'autre à brouter que des jonquilles et des mauvaises herbes desséchées.
Les médias audiovisuels ne sont ni le théâtre ni le cinéma pour lesquels il faut se déplacer après avoir fait notre choix pour voir tel ou tel film ou pièce. Ils sont installés chez nous et leur public est par essence familial. Sans trop pousser dans une prêche enflammée pour la sauvegarde de la morale sociale, il va de soi que certains chaînes, certaines émissions ne peuvent pas être regardées en famille. Il faut un consensus pour qu'on puisse vivre en famille. Il en faut aussi pour la société qu'est une grande famille. Il faut faire quelques concessions de part et d'autre pour arriver à fixer le terrain où chacun d'entre nous doit évoluer avec les règles du jeu qui lui sont inhérentes. Pour cela il faut parler, débattre, se chamailler mais nullement nous diaboliser les uns les autres. C'est avec les débats que les lois sont instaurées et qu'elles évoluent. Dans l'absence de lois, ce sont les extrémistes qui vont l'emporter. Et cela ne sera bénéfique pour la liberté d'expression ni pour l'avenir de notre société.
Ne soyons pas fébriles. Discutons. Soignons le mal par les racines au lieu de tenter de remédier aux petits incidents de parcours.


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