Il s'agit d'une nouvelle rubrique sportive pour mettre en exergue les composantes du sport national qui ont efficacement contribué à travers l'histoire à l'émergence de notre sport (indépendamment des rôles qui leur sont dévolus). Même s'ils sont, aujourd'hui, loin des projecteurs, notre but réside dans le fait de "secouer" les mémoires, et de rendre à César ce qui lui appartient, par reconnaissance à leurs œuvres. Préférant comme toujours la discrétion et la fuite aux projecteurs, Othman Jenayeh n'a pas rompu pour autant avec le milieu du football. Après avoir quitté l'Etoile du Sahel par la grande porte où il a ancré des structures dignes des grands clubs d'Europe, ajouté à cela l'édification d'un complexe sportif, le meilleur en Afrique, l'ex-patron de l'Etoile est resté, malgré tout, sous l'emprise de la balle ronde. Normal, quand on sait que sa vie, toute sa vie est liée au monde du football, avec des rôles, évidemment, bien différents. Comme joueur, il a allié le talent à la modestie. Un capitaine référence d'un bon nombre de joueurs plus âgés que lui. Le brassard qu'il porta était en effet, le reflet de son statut et de sa classe, ajoutés à ses qualités humaines qui font l'unanimité. Cette humilité a abouti à son émergence pour tenir les rênes d'une Etoile sautillante plus que jamais. A cette époque, il a été d'une correction exemplaire et d'un fair play hors commun. A telle enseigne que lors d'un match d'appui pour le titre contre l'Espérance, il s'était violemment emporté contre un partenaire. Par respect, on préfère passer sous silence le nom du défenseur - qui avait dangereusement taclé un attaquant "Sang et Or". Ce jour là, l'Etoile a perdu le match et le podium. Or, Jenayeh, la mort dans l'âme, a quitté le terrain par la grande porte, laissant une image immortelle auprès du grand public. Promu président du club phare du Sahel, l'homme s'est distingué toujours par les mêmes qualités, en permettant à son club de prendre de plus en plus de la hauteur, avec une percussion très significative sur le plan africain. En matière de gestion, sa politique a été une réussite totale, soit par l'émergence des joueurs du cru qui n'ont pas tardé à contribuer au bonheur de l'équipe nationale, soit par des recrutements ciblés des joueurs de talent qui ont donné le plus escompté. Les exemples sont nombreux, même au niveau du cadre technique qui a donné un cachet propre à l'Etoile. Nous en citons Santos et Fernandez entre autres. Sachant que le technicien français veille aujourd'hui sur les destinées d'Auxerre, prenant le témoin au célèbre Guy Roux. Cette notoriété reflète aisément la perspicacité du choix de l'ex-président de l'Etoile. Avec la ferme conviction de laisser un club structuré, et sur des bases solides, Jenayeh a préféré se retirer de la scène, pour rendre la pièce de la monnaie à sa famille qui a tant sacrifié en raison de sa mobilisation inconditionnelle et permanente pour l'Etoile. Or, pour lui, les titres et les résultats restent toujours éphémères. Sa philosophie s'est traduite par l'édification d'un complexe sportif qui aiguise la jalousie des plus grands clubs d'Europe. C'est l'œuvre le plus cher à Jenayeh, un motif de fierté pour l'Etoile, et aussi pour l'infrastructure sportive en Tunisie "C'est le plus beau but de ma vie" a signalé Jenayeh. Toutefois "Le guerrier" ne s'est pas reposé pour autant, de fait qu'il est à l'origine du débarquement en mai prochain de l'équipe de France, au stade de Radès pour un match amical contre le team national. Au sein de la FIFA, il jouit d'une considération inestimable, pour ses idées, son intégrité et son charisme. Aujourd'hui notre football a un besoin urgent d'une pareille compétence pour sortir de l'ornière. Malheureusement, l'ambiance générale, ou plutôt le contexte ne pourrait motiver son retour. Calme et limpide, il préfère continuer à servir notre football par l'opiniâtreté de ses réflexions et de ses idées. C'est l'histoire d'un homme toujours en relation avec le football, une relation qui dure depuis presqu'un demi-siècle !