« L'ESS est plus qu'un club, c'est l'histoire de toute ma vie ! »
« Les anciens dirigeants avaient une hauteur et une autorité morale auprès des joueurs et du public »
« Je fais confiance à l'honnêteté et à l'objectivité de l'histoire pour témoigner des réalisations de chacun! » Dans le bureau de Othmen Jnayeh, un petit désordre, dans lequel l'homme semble très bien se retrouver. Ça et là, des objets et des photos auxquels il est attaché jonchent le sol et le bureau. Des photos de famille et Jenayeh en a deux; la sienne et l'ESS dont deux en noir et blanc datant d'une époque heureuse où le joueur marquait en 1967 contre le CSS, à Sfax même, le premier but de sa carrière de joueur en équipe sénior. L'autre représente son père, grâce auquel le rêve étoilé est devenu possible après sa mutation de Kairouan à Sousse dans le cadre du travail, et lui-même derrière le premier championnat de l'équipe du Sahel en 1958. Son patriarche était, alors, trésorier adjoint du club et arbitre de foot.
Le journal " l'Equipe " trônait aussi sur la table ainsi que deux maîtres à penser; Machiavel et son fameux livre " Le Prince " et André Malraux " la condition humaine ". L'homme se rappelle avec nostalgie l'époque où il intégrait l'école franco arabe de Sousse. Il garde soigneusement dans son tiroir son cahier de classe que l'un de ses maîtres, Fraj Mâatoug, lui a envoyé et où l'écriture régulière du garçonnet n'a pas été effacée par le temps. Puis ce fut le lycée de garçons et " les lettres modernes " choisi parce que le jeune homme n'avait pas " l'esprit tellement calculateur " à ses dires. Le bac en poche, le joueur attaché à son club et à sa carrière sportive vit un dilemme et doit quitter Sousse pour continuer ses études supérieures en lettres françaises à la faculté des lettres de 9 avril. Il trouve refuge et un accueil des plus chaleureux dans un grand club de la capitale, le COT. C'est au cours de cette période, où il faisait le va et vient entre Sousse et Tunis qu'il sera meilleur buteur du championnat avec 15 buts et soulier d'or(1969/1970). Il garde des dirigeants cotistes de l'époque et de leur entraîneur Hmid Dhib le meilleur des souvenirs convaincu que " le foot est aussi une histoire d'hommes et d'amitié. Les dirigeants d'alors avaient une hauteur et une autorité morale sur les joueurs et le public".
Le quartier de la corniche où il habitait était un vivier pour l'équipe du Sahel et un fournisseur de choix en joueurs talentueux surtout les attaquants. Ce qui paraît normal vu la proximité de la mer et les parties de foot qui se jouent sur le sable. Les Chetali, Boudhina, Mazouz, prestigieux voisins contribueront à lui donner définitivement la passion du ballon rond et l'envie d'intégrer l'ESS " une Etoile dont l'héritage nationaliste les exploits sportifs d'avant l'indépendance lui ont valu un très grand rayonnement " affirme-t-il. " Les valeurs avaient encore un sens et des mots comme courage, ferveur, fidélité ne sonnaient aucunement creux " renchérit l'homme. Mélancolique ? " Un peu. Je sais et je conviens qu'il y a des pages qui se tournent. Malheureusement les habits semblent trop grands pour les héritiers!" Gloire du football sahélien avec quatre titres remportés (un championnat, deux Coupes de Tunisie, un championnat maghrébin et une coupe maghrébine des vainqueurs de coupe), Othmen Jenayeh sait, d'ores et déjà, que la carrière d'entraîneur n'est pas faite pour lui. " L'enfance est un voyage oublié " disait La Varende mais les rêves d'enfants demeurent dans la mémoire et l'un de ceux caressés par Jenayeh était de demeurer dans le giron de cette Etoile qu'il aime tant. Il voulait la faire briller et il y parvient. Investit président de 1993 à 2006, il fit de l'ESS un grand de l'Afrique. Cinq titres africains remportés et une place parmi les cents meilleurs clubs au monde en 1996 selon la Fédération Internationale d'Histoire et de Statistique de Football. Le club le mieux classé parmi les équipes arabes, africaines et asiatiques. Sur le plan national, le club échouait pendant neuf longues années à remporter le titre de champion après avoir remporté la coupe de 1996 et le championnat de 1997. Echec jugé " invraisemblable " par la FIFA même, dans l'un des articles publié sur son site dédié à l'histoire de l'ESS. Le cœur d'un homme est parfois une tombe abritant ce qui ne peut être dit et faisant confiance à l'histoire pour livrer certains secrets! De cette époque Jenayeh ne parlera pas de malchance mais s'enorgueillit d'avoir contribué à bâtir un club solide et respecté par tous. Mais au-delà du dirigeant dont personne ne peut nier les mérites et du joueur emblématique de la grande équipe sahélienne, Othmen Jenayeh est un personnage à la très grande dimension humaine. . Cette dimension est évidente et transparait tout autant dans son milieu de travail à travers les objets dont il s'entoure que dans ses paroles. D'ailleurs, il avoue qu'on lui a souvent reproché d'avoir la fibre paternelle et sociale avec ses joueurs, de manquer de discipline. Son attachement à son club est indéfectible et malgré les vicissitudes d'un football malade, l'envie le titille des fois de remettre la main à l'ouvrage. Dans cette interview, la première qu'il livre à la presse écrite depuis qu'il a quitté l'ESS, il nous ouvre son cœur. Sa carrière de joueur, son parcours de responsable sportif, ses joies, ses déceptions, sa vision du foot tunisien, son rôle dans la commission pour l'évolution du football et ses projets d'avenir vous seront entièrement livrés. " Chetali, un chef d'orchestre et un meneur d'hommes "
-Le Temps: Quel souvenirs gardez vous de votre carrière de joueur. -Othmen Jenayeh: Le cycle que nous avons vécu avec Chetali et qui fut exceptionnel. J'étais capitaine alors. Je pense que Chetali est un exemple. C'est un véritable meneur d'hommes, un chef d'orchestre qui distribue merveilleusement bien les partitions. Il a apporté un petit coup de génie qui a fait beaucoup de bien à l'ESS comme ce fut le cas pour l'EN de 1978. Il sait se servir de la discipline comme un moyen pour avoir des résultats et non comme une fin en soi. Il possède cette capacité de fédérer les talents et d'en sortir le meilleur. L'adhésion des joueurs est, alors, spontanée aux idées de l'homme et à la philosophie de jeu du coach. Pendant cinq ans, nous avons eu la meilleure attaque du championnat et quatre titres de meilleur buteur. D'abord, ce fut moi qui eus cette consécration, ensuite Adhouma pendant deux années et enfin ce fut le tour de Ben Aziza. On alliait spectacle et efficacité. -Q: Vous avez arrêté un peu tôt votre carrière (28ans). -R: Oui. Je ne voulais pas faire le match ou la saison de trop! Je sentais une certaine fragilité musculaire dûe à de nombreuses blessures. L'entraîneur me laissait certains matches sur le banc. J'avais entamé en parallèle ma vie professionnelle. A l'issue de la perte du titre de champion contre l'EST en 1977, j'ai mis fin à ma carrière. La Coupe du monde (1978) est venu tout de suite après et je l'ai ratée. -Q: Cela vous est resté à travers de la gorge. -R: C'est sûr que n'importe quel joueur au monde rêve de participer à ce tournoi. Je ne suis pas différend des autres. -Q: Vous n'avez pas pensé, alors, à embrasser la carrière d'entraîneur. -R: Si on considère les choses d'une manière rationnelle, le métier d'entraîneur n'assure pas réellement l'avenir de celui qui le choisit. J'ai choisi les affaires et je gagnais bien ma vie. J'ai pris une autre orientation. Je suis attaché à une certaine douceur de vie, à la plage de Boujafar. Le métier d'entraîneur est un choix de vie pénible et aux rudes exigences. -Q: Et celle de responsable, alors. -R: En fait, je n'ai pas été directement responsable à l'ESS. J'ai été appelé en 1979 pour faire partie du bureau fédéral présidé par Slim Alloulou. J'y ai passé une année. Ce n'est qu'en 1980 que je fus appelé par si Hamed Karoui pour être président de section de football durant sa dernière année. Je garde le poste avec Si Abdeljelil Bouraoui puis Si Hamadi Mestiri jusqu'à 1987. Finalement, la présidence m'est revenue tout naturellement. " L'ESS, un projet, un rêve de statut de grand club"
-Q: Le fait d'être le gendre le Mhamed Driss, principal mécène du club n'a-t-il pas joué dans cette affaire. -R: Certainement. Mais j'étais très bien préparé pour assurer la succession. Je connaissais l'ESS de l'intérieur comme personne ne peut la connaître! J'ai trop observé et me suis intéressé à l'histoire du club, à ses moments de gloire et aux moments de déclin ainsi que leurs causes profondes. -Q: Parmi ces raisons, le trop plein de clubs de foot dans la ville de Sousse avec une infrastructure rudimentaire. Vous avez œuvré à la restructuration du club et à la réorganisation de la carte sportive de la ville de Sousse (dissolution de la STIA, spécialisation de la patriote de Sousse en boxe, haltérophilie, et cyclisme ainsi que la dissolution de l'avenir sportif du Sahel). -R: Absolument! Mais cela a été fait dans la concertation. Nous avons fusionné avec la STIA et fait un contrat de parrainage avec la Patriote de Sousse. Dans chaque œuvre de redressement, il faut être suffisamment lucide pour établir un diagnostic juste. Il n'était plus possible pour le terrain en terre battue à faible éclairage et à petite dimension que nous avions à notre disposition, d'accueillir les quelques 200 jeunes des différentes catégories. Ils affluaient en fin d'après midi, à la même heure pour apprendre le football. En plus les fiefs traditionnels ne pourvoyaient plus l'ESS en joueurs à cause de l'absence des terrains de jeu et des espaces ouverts ainsi que la scolarisation en masse et ses horaires contraignants. Comme, depuis que le football existe ce sont les grands joueurs qui font les grands clubs, nous sommes allés les chercher en dehors de la ville de Sousse et à l'étranger. C'est ainsi que des joueurs comme Raouene, Da Silva, Lopez, Bouazizi, Ben Younes, Ghodhbane et tant d'autres. Sachant que les moyens financiers étaient devenus essentiels et le manque de moyens pouvaient créer des conflits, nous avons travaillé à nous en doter et à développer des ressources propres au club. Nous avons négocié le droit d'acquisition des droits publicitaires dans l'enceinte du stade olympique avec la municipalité et l'avons obtenu contre 15 mille dinars, mentant de la mise à prix. En une saison, on a multiplié les revenus des sponsors par 20. Dans les pires moments, nous avons continué à édifier le projet que nous avions entamé afin d'assurer au club la pérennité de son statut et son rayonnement. Nous nous sommes occupés de marketing, de billetterie et avons fait des transferts des joueurs un moyen de générer de l'argent. -Q: Ensuite vous vous êtes tourné vers la formation à l'intérieur du club en mettant le paquet sur le centre de formation. Vous avez fait confiance à l'école française. -R: Vous savez, nous n'avons rien inventé. Nous nous sommes inspirées des modèles qui ont réussi. Nous avons préparé l'infrastructure et recruté Philipe Goubert (actuellement responsable des recrutements dans le centre de formation des Girondins de Bordeaux) pour mettre en place la structure (programmation, formation des formateurs). Nous savions où on allait et comment y aller. Pour les centres de formation, il faut donner la priorité aux jeunes de la région et réduire le nombre de ceux qu'on recrute de l'intérieur. Un gros problème se pose pour eux; celui d'adaptation après la rupture avec le lien familial. Vous ne pouvez pas imaginer l'afflux qu'il y'a eu sur les centres de formation des grands clubs. L'interventionnisme des parents va des fois jusqu'à l'agression. -Q: Vous vous êtes occupé de football au dépend des autres sections. -R: Ce n'est pas vrai. J'ai toujours cru à la responsabilité de l'ESS dans la région pour détecter les talents dans tous les sports. Une responsabilité qui est nationale. En handball, nous nous sommes rapprochés du niveau mondial et nous avions des joueurs dans les meilleures équipes du monde. En volley, l'EN a fait de très bons résultats et il y figurait 4 à 5 joueurs étoilés. Je n'ai jamais accepté de dissoudre la section de basket malgré les pressions dans chaque assemblée générale du club . Ils ont finit par remporter le titre. Je revendique la stratégie, les choix et le résultat! -Q: Entre temps, vous avez réussi à faire de l'ESS en foot un grand de l'Afrique. Mais vous avez essuyé les échecs sur le plan arabe. -R: C'était, en réalité, un choix clair et net que nous avons fait depuis 1995. On était orienté vers la compétition africaine. Celle arabe n'était pas réellement reconnue et n'apportait pas grand-chose au club. Bien que sur la finale de la coupe arabe que nous avions jouée à Sousse la chance nous ait tourné le dos. Ben Younes, meilleur buteur du tournoi rata un penalty et Nabil Maâloul profita d'une erreur défensive et ne rata pas le sien. On rejoue 10 fois le match, on le gagne. Le foot est parfois cruel! -Q: Et sur le plan national, ce n'était pas la joie non plus. Un seul titre de champion en 1997 et une coupe de Tunisie en 1996 en 13 années. -R: C'est " invraisemblable " comme l'a titré un article publié sur le site de la FIFA! Il y avait un disfonctionnement à cette époque. La réussite dans le foot obéit à des paramètres objectifs; moyens, pouvoir, savoir faire, arbitrage, calendrier... Je ne vais pas fuir mes responsabilités dans certains échecs sportifs. Mais je peux certifier que je n'ai pas lâché un iota. J'ai toujours défendu au mieux mon club et ses intérêts. Je n'ai jamais cédé sur nos droits. Je n'ai failli ni dans les devoirs ni dans l'honneur. Mais j'estime que dans la compétition, il faut qu'il y'ait un arbitre qui s'impose à tous les clubs en compétition! Quelque part, cela nous a servi d'être seconds pendant neuf longues années. Ça nous a forgé une combativité et un mental de battants. Nous repartions toujours l'année d'après avec un mental plus fort et des moyens plus grands. -Q: Vous considérez que vous avez été malchanceux. -R: Plutôt frustré de ne pas avoir les consécrations qui valent le travail accompli. Un homme public doit être au service de la cause qu'il défend. Je ne crois pas que j'ai un si mauvais palmarès. On a rêvé d'un grand statut pour l'ESS. Je ne pense pas qu'on soit passé à côté! Avec le temps, les choses se mettent définitivement en place et ce qui appartient à César finit par lui être rendu! Et si on comptait les titres africains, peut on toujours parler de malchance! " Un homme est la somme de ses actes, de ce qu'il a fait, de ce qu'il peut faire... " disait Malraux dans la " condition " humaine. Moi j'ai fait ce que j'avais à faire et dit ce que je devais dire en tant que président de l'ESS. Maintenant, je fais confiance à l'honnêteté et à l'objectivité de l'histoire! Je me dis que la vie est un tout. Ma présidence à l'ESS m'a beaucoup apporté aussi. Etre aux côtés des grands du foot mondial comme Blatter, Beckenbauer, Platini, La Porta... Non, je ne peux aucunement parler de malchance! " 50% du financement des clubs doit venir des doits de télévision"
-Q: Justement votre présidence à l'ESS vous a permis de faire partie de la commission stratégique de la FIFA ( la Task force ". que vous a apporté cette expérience. -R: J'ai eu la chance de faire partie d'un groupe de travail où se trouvait La porta notamment, le président de l'actuel meilleur club au monde. Nous avons réfléchit sur les grands problèmes du foot mondial et essayé de trouver les solutions adéquates pour améliorer le jeu. A cet égard plusieurs avancées significatives ont été réalisées dont le calendrier unifié, la création d'un fond d'indemnisation prélevé sur les droits de télévision et de publicité pour les joueurs professionnels engagés avec leur équipe nationale dans les compétitions de la FIFA. Nous avons pu aussi assurer la représentativité des clubs dans les instances de la FIFA et la pérennisation de la coupe du monde des clubs et plusieurs autres sujets. -Q: Cela peut vous servir dans l'actuelle commission chargée de réfléchir sur l'évolution du football en Tunisie. -R: Vous savez, il y'a trente ans de cela, une commission similaire fut créée en Tunisie pour réfléchir sur les problèmes de toujours du football : la violence, l'arbitrage, le financement. -Q: Problèmes d'actualité aujourd'hui encore. Vous pensez que cette commission a ses raisons d'être. -R: Il est clair que le football tunisien est en crise. Donc la présence de cette commission est aussi justifiable que défendable. Elle est composée de personnalités sportives qui s'y connaissent et peuvent apporter leur expérience. Ils ne sont certainement pas les seuls à pouvoir le faire. Mais on ne peut pas créer une commission composée de 100 personnes! -Q: En tout cas les quatre grands clubs y sont bien représentés. -R: C'est tout à fait logique vu leur statut, leur histoire, leurs moyens et leur contribution à l'essor du football tunisien, les quatre grands clubs doivent toujours être représentés. Maintenant la réflexion ne doit pas s'arrêter au seul football professionnel mais aussi celui amateur, scolaire, féminin, de salle, de plage et de loisirs... -Q: Et si vous nous donniez votre avis sur les solutions susceptibles de faire évoluer le foot professionnel. Un avant-goût de votre réflexion sur le sujet. -R: Vous savez les solutions ne sont pas très difficiles à trouver. Mais elles ne valent que par la qualité des hommes qui peuvent les mettre en application. Le plus gros problème reste le financement. Et il est évident qu'il doit venir essentiellement (à 50%) au moins des droits de télévision. Le foot vaut quelque chose pour la télévision quand on constate le nombre croissant d'émissions qui lui sont consacrées. Elle se doit de payer la juste contrepartie. -Q: Et les dérapages des médias qu'en pensez-vous. -R: Il est vrai qu'il n'ya plus de limites mais il faut qu'il y'ait des contre pouvoirs, une autorité de l'audiovisuel à l'instar du CSA en France. C'est devenu urgent parce que ce qui se passe sur les plateaux contribue au discrédit de tous les acteurs du football dans notre pays. " L'ESS est l'histoire de toute ma vie!"
-Q: Y a-t-il des chances pour que cette commission se transforme en bureau fédéral. -R: Je ne le pense pas. Je sais que ni Hamouda Ben Ammar, ni Moncef Foudhaili, ni Slim Chiboub ni moi-même ne sommes candidats potentiels. -Q: Pourtant en ce qui vous concerne, cela sera un couronnement de votre carrière de responsable sportif. -R: Cela aurait été logique dans d'autres circonstances mais l'environnement actuel ne le permet pas! Il faut être lucide et rationnel. Je peux donner le meilleur de moi-même dans cette commission. Pour le reste, je veux me consacrer à cultiver mon jardin! Des fois, l'envie me prend de partir vers un nouveau challenge mais quand je réfléchis bien je m'abstiens. En fait, ces derniers temps très souvent la raison l'emporte sur la passion et les envies! -Q: Et pour l'ESS, vous seriez partant pour un nouveau mandat. -R: Non, j'ai dit que j'étais un ancien président et je le resterai. -Q: Vous étiez pourtant partie presque contre votre gré. -R: C'était une période agitée. Beaucoup de nos valeurs cardinales étaient bafouées. Mais il était évident que je devais partir, que c'était le temps opportun! Je suis parti au terme de mon mandat. Il est heureux que je sache partir toujours à temps! -Q: Vous n'avez pas choisi votre successeur Moez Driss. -R: Non je ne l'ai pas choisi et je n'ai pas voulu m'immiscer dans ce choix. -Q: Vous aviez des relations tendues. -R: Les torts sont peut-être partagés. Il s'agit des égos des uns et des autres, de la guerre des entourages, de l'appétit des pique-assiettes. En ce qui me concerne, j'ai vu que certaines valeurs n'ont pas été respectées et j'ai préféré tourner la page et me tenir à l'écart. -Q: Le sens de la responsabilité vous manque-t-il. -R: Les premiers temps ont été difficiles. L'ambiance des vestiaires et les odeurs me manquent. Devant certaines désillusions, je me sens toujours piqué dans mon amour propre. L'Etoile est l'histoire de toute ma vie! Mais il y'a eu mon entourage, ma famille, le cercle proche de mes amis et d'autres challenges professionnels qui ont atténué l'impact de cette séparation. -Q: Que pensez vous de l'ESS actuellement ? -R: L'ESS est dans un moment de flottement. C'est peut être le début d'un nouveau cycle mais il ne faut surtout pas que cette situation s'éternise. Il ne faut pas surestimer l'actuel effectif il faut lui apporter au plus vite les renforts nécessaires (3 à 4 joueurs). Je pense que le président et l'entraîneur en sont conscients. -Q: Vous ne vous impliquez plus avec l'avènement de Hamed Kammoun, un ancien joueur étoilé comme vous. -R: Je suis toujours à ma place et je donne mon avis et je discute même de la gestion technique de l'équipe lorsqu'on me le demande. Je demeure à la disposition de la nouvelle équipe pour apporter le soutien et l'aide demandée. -Q: La rumeur dit que l'un de vos fils ambitionne de devenir l'homme fort de l'ESS. L'encourageriez-vous dans cette voix ? -R: Mes trois fils ont tous joué à l'ESS et sont de fervents et fidèles supporters. Le moment venu chacun d'eux fera le choix qui lui convient le mieux. J'espère que je serai là pour les aider au mieux de mes possibilités. En tout cas ils auront la double légitimité. Personne ne pourra dire que se sont des intrus! -Q: En tant que président de l'ESS; * Quel est l'entraîneur que vous auriez aimé voir à la tête de votre équipe pendant votre présidence: Faouzi Benzarti. * Le joueur qui a le mieux remplit son contrat envers l'ESS: Santos. * Celui que vous aurez aimé avoir dans votre effectif: Radhi Jaidi. * La plus belle satisfaction de votre parcours: La dernière assemblée générale coïncidant avec l'inauguration du complexe de l'ESS. * La plus profonde déception: La finale de coupe perdue contre le CSHL pour l'inauguration du Stade de Radés. * L'objectif que vous n'avez pas pu réaliser: Lorsque ce n'est pas finit ce n'est jamais fini. * Le responsable avec lequel vous avez le mieux collaboré: Ezzedine Douik et Rached Essouayed. * le transfert qui a échoué et que vous avez regretté: Radhi Jaidi. * L'arbitre qui vous a le plus lésé: (avec un petit sourire au coin). C'est de l'histoire mais je me contenterai de citer Codja! * Le personnage sportif qui vous a le plus marqué: Mohamed Gamoudi, son surpassement m'a réellement marqué. * Le footballeur qui vous a le plus influencé : le regretté Habib Mougou. Interview réalisé et conduit par Aida Arab Achab Othmen Jenayeh au TEMPS Je ne compte ni me présenter aux élections de la FTF ni reprendre la présidence de l'Etoile !