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Le fossé
Enseignement et pratique de la médecine
Publié dans Le Temps le 16 - 04 - 2007

Quels sont les fondements de la connaissance médicale ? D'où le savoir médical tient-il sa légitimité ? L'enseignement et la pratique de la médecine concernent tout le monde. On est pourtant frappé par la rareté des réflexions épistémologiques (ou épistémiques) en médecine.
Aussi, cet article ne s'adresse pas exclusivement au corps médico-pharmaceutiques.
L'épistémologie apparaît comme champ disciplinaire spécifique. Elle est ainsi considérée selon le cas, soit une étude sur la science, soit une étude sur la connaissance. Elle interroge la nature et la valeur des principes, des concepts, des méthodes, et des résultats des sciences. Elle est un discours réflexif et critique que certains considèrent comme étant un secteur de la philosophie réfléchissant sur la science. Beaucoup de malentendus entre médecins concernant certains problèmes de santé sont dus à la méconnaissance des concepts épistémiques de base. Par ailleurs les malades se font souvent des idées fausses concernant les maladies et leur traitement pour les mêmes raisons. L'enseignement de sciences humaines en médecine a été introduit dans le cursus des sciences médicales, en Tunisie, en France et dans beaucoup d'autres pays, mais l'on constate que ce message mérite d'être étoffé. La médecine n'a pas encore atteint le statut des sciences dures. Mais convient-il de lui appliquer le terme d'art encore communément utilisé ?
Chaque fois que les médecins enseignants se réunissent pour débattre de ce problème, on constate une hétérogénéité de langage. Quand certains disent "preuve scientifique" ou "vrai problème" ou encore "c'est évident", ils pensent avoir tout dit. Pourtant, il existe beaucoup de concepts épistémiques et scientifiques qui se cachent derrière les idées qui paraissent évidentes. Par ailleurs, tous les enseignants sont d'accord pour dire que l'enseignement doit être le plus proche possible de la pratique de la médecine générale. Mais les objectifs de cette dernière ne font pas l'unanimité, surtout qu'elle est confrontée aujourd'hui au verdict de la preuve scientifique qui ne résout pas malheureusement tous les problèmes, comme on le verra.


I - Première partie : Fondements scientifiques et épistémiques de l'enseignement et de la pratique de la médecine
A. Empirisme, induction, vérification et vérité
* L'empirisme classique considère que les hypothèses et les théories scientifiques sont induites de l'expérience. L'induction qui, sur la base de cas particuliers, conclut à la vérité d'une loi générale, érigée en méthode scientifique est supposée être à l'origine des seules propositions scientifiques acceptables à savoir des généralisations à partir d'observations. La genèse du savoir médical (clinique et thérapeutique) procède en partie par ce mode de raisonnement. On établit, en effet, des règles générales de diagnostic et de traitement à partir des résultats des études cliniques qui se veulent scientifiquement rigoureuses. Feyerabend, très connu par son ouvrage "Contre la méthode", disqualifie l'inductionnisme. Pour lui, un énoncé d'observation associe toujours une sensation à des interprétations naturelles. Opposé à tout empirisme, Bachelard considère que la perception ne fournit que des représentations subjectives à partir desquelles le sens commun, l'opinion, opère des généralisations hâtives.
* Le déterminisme sous-tend l'induction. Pour valider une inférence inductive, il faut croire que toujours "le futur ressemblera au passé". Certains considèrent que le seul raisonnement valide est la déduction. A partir de la connaissance d'une loi générale, on peut déduire les cas qui tombent sous cette généralité. Non, le contraire. Il existe un paradoxe de l'induction. D'une part, on ne saurait se passer de l'induction, mais, puisqu'elle n'est pas toujours valide, les sciences ne pourraient pas en principe s'appuyer sur une telle méthode.
* L'empirisme apparaît au vingtième siècle dans le néopositivisme ou positivisme logique. Ce courant, rejette contrairement à Kant, les idées synthétiques à priori et soutient que les propositions synthétiques douées de sens requièrent pour être infirmées une investigation empirique. Ces propositions doivent être sinon vérifiées, du moins vérifiables. Le holisme épistémologique soutient au contraire, qu'aucune expérience n'est vraiment cruciale, au sens où elle imposerait définitivement certaines vérités ou réfuterait irrévocablement certaines contre-vérités.
* Mais l'on sait qu'il y a plusieurs façons de définir la vérité. La Larousse de philo la définit comme la conformité de ce qu'on dit avec ce qui est. C'est donc un caractère de notre connaissance et non de ce qui existe réellement. En fait cette vérité-là est définie comme correspondance. Il y a aussi une vérité définie comme cohérence, selon laquelle une théorie est vraie si elle est exempte de contradiction et un énoncé est vrai s'il s'intègre sans contradiction à un ensemble préalablement admis d'autres énoncés. Il y a enfin une vérité définie comme consensus selon laquelle une théorie est vraie quand les membres d'une communauté déterminée s'accordent à la juger vraie.( A suivre )


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