Ces jours-ci, nos villes et villages tunisiens vivent une effervescence particulière, en effet, bientôt les conseils municipaux vont être renouvelés, bientôt des maires vont laisser la place à d'autres. C'est l'occasion de propager des rumeurs, Monsieur tel est partant, Monsieur untel veut bien prendre sa place. Généralement, les interrogations des citoyens portent sur les réalisations de l'ancien conseil, seul le bilan est là pour appuyer leurs jugements. Mais, malheureusement, le Tunisien ne prend position que sur les clichés habituels : l'état de la chaussée, les ordures, l'éclairage. Oui, ceci est important, mais les prérogatives des responsables locaux doivent dépasser ces tâches évidentes, par principe, jamais achevées, pour proposer une vision complète d'un projet de cité.
Aujourd'hui, ce qui manque à nos villes, c'est une empreinte caractéristique, qui fait qu'on n'oublie jamais ce patelin visité. Il n'y a pas longtemps, j'ai fait visiter à mes enfants quelques patelins des côtes. En rentrant, j'ai voulu savoir ce qu'ils ont retenu de ces villages, la réponse était franche, rien que des bouteilles de gaz devant les magasins, d'autres changeaient le décor avec…des tubes PVC Il est à présent impératif, que les futurs maires se penchent sur la dimension culturelle des cités dont ils ont choisi volontairement d'administrer. Qu'ils lèguent certaines tâches, litiges entre voisins, tracteur en panne, ampoule grillée à leurs subalternes, pour élaborer, collectivement, avec les autres conseillers un projet culturel pour la ville. Le maire, vu sa position locale, peut être à l'origine du déclenchement d'une dynamique culturelle, qui fouille dans le patrimoine autochtone pour faire émerger des spécificités qui déboucheront sur un musée, une galerie d'art et autre club scientifique. Ce seront ces lieux qui marqueront les visiteurs et seront la vitrine d'une histoire, d'un vécu de toute une population. Et que ces endroits soient bien exposés et non perdus dans des quartiers reculés. Seules les traces culturelles survivront pour témoigner et transmettre ce que nous étions à une certaine époque. Zouhaïr Ben Amor