Les participants à la 7ème conférence de Facilitation euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat « FEMIP 2010 » organisé, à Gammarth, par la Banque Européenne d'Investissement (BEI), ont accordé une attention particulière au rôle des systèmes d'innovation et à leurs liens avec la recherche-développement et l'enseignement supérieur en vue d'identifier les principes de l'action publique et les instruments à mobiliser. Ils ont mis l'accent sur l'importance à renforcer les initiatives en réseaux susceptibles de faire progresser l'innovation en Méditerrané, outre l'identification des stratégies de recherche-développement et d'innovation des entreprises qui permettent un développement fondé sur l'économie de la connaissance. A cet effet, plusieurs exemples ont été esquissés, à savoir essentiellement le cas de la Corée qui, quoi que, en dehors de la zone d'étude, est édifiant. Double objectif La conférence, placée sur le thème « La recherche-développement et l'innovation : clés d'un développement soutenu et durable en Méditerrané », a associé des représentants des secteurs privés et publics, de la société civile, ainsi que des universitaires et experts internationaux comme Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes et du conseil de surveillance de la société Edmond de Rotschild Private Equity Partners. Elle a permis d'évoquer le rôle joué par la recherche-développement et l'innovation dans la compétitivité des économies méditerranéennes. Cet enjeu, moteur de développement économique et d'avenir pour les jeunes générations, s'inscrit au cœur des priorités d'action de la Banque européenne d'investissement en méditerranée. D'après les organisateurs, cette conférence a atteint un double objectif. D'abord, susciter une réelle prise de conscience de l'enjeu de la recherche-développement et de l'innovation en Tunisie et au sein de l'ensemble des pays de la FEMIP, tant en termes de développement économique, technique et industriel, que de compétences, formation et emploi. Et ensuite, élaborer des orientations nouvelles qui permettront d'accroître le nombre d'entreprises innovantes et de renforcer la compétitivité des entreprises existantes dans les pays de la région. Efforts….trois axes M.Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la coopération internationale, a plaidé pour un nouveau modèle de coopération, précisant qu'il est tant dans l'intérêt de l'Union européenne que dans celui de ses voisins du Sud de la Méditerranée, de voir émerger des économies compétitives basées sur la connaissance. Il a indiqué que « parallèlement à la poursuite des efforts au niveau de chaque pays, l'Union pour la Méditerranée est appelée à donner la priorité aux initiatives régionales misant sur la connaissance afin de créer un véritable espace intégré de la recherche innovation en Méditerranée et de développer un nouveau modèle de compétitivité Nord-Sud. Selon M. Jouini, les efforts doivent être axés sur trois dimensions, en l'occurrence la stimulation et la valorisation du potentiel humain, la coordination des politiques, moyens et programmes en matière de recherche innovation et la garantie d'un financement approprié à l'innovation. Il a fait remarquer que l'exemple des Etats-Unis d'Amérique et de certains pays asiatiques « peut constituer une source d'inspiration » dans ce domaine. M Philippe Fontaine Vive, vice-président de la BEI, chargé de la FEMIP, a reconnu pour sa part que la région « a besoin de chercher des moyens financiers supplémentaires » pour faire émerger des projets innovants, arguant que le financement pose toujours un problème dès qu'il ne s'agit plus des activités économiques conventionnelles. Il a ajouté que le débat sur cette question constitue l'avènement d'une politique euro-méditerranéenne de recherche-développement, précisant que pour sortir de la crise économique actuelle, faire face aux différents défis et créer un nouveau modèle de coopération, il est important de procéder à davantage de remises en cause. Absence de stratégies M. Mohamed Pournik, expert au centre régional du Programme des Nations-Unis pour le développement au Caire, a relevé l'absence de stratégies de développement industriel dans la plupart des pays du pourtour sud de la Méditerranée, rappelant que l'amélioration de la compétitivité de ces pays demeure tributaire du développement de la recherche-développement, de l'augmentation des investissements publics et privés dans ce domaine et de la modernisation de l'éducation. De son coté M.Jelel Ezzine, Directeur Général de la coopération international au ministère tunisien de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la coopération euro-méditerranéenne en matière de recherche demeure fragmentaire et souffre d'absence de vision globale partagée par toutes les parties concernées, précisant que les travaux faits jusqu'à présents sont restés confinés dans les universités. Il a appelé à une approche globale, cohérente et à long terme dans ce domaine, à établir un ordre de priorité avec des choix clairs, estimant que la région peut s'inspirer du programme phare relatif à la région Baltique et des bonnes pratiques européennes en la matière. Il a également recommandé de faciliter le déplacement des étudiants et des chercheurs entre les deux rives de la Méditerranée, de coordonner les actions des institutions créées jusqu'ici et de renforcer la propriété intellectuelle. M.Phillipe Froissard, représentant de la direction générale de la recherche à la commission européenne a estimé que la crise économique a renforcé la volonté politique de développer un espace euro-méditerranéen de la recherche, précisant qu'il revient aux réseaux de recherches de définir les priorités scientifiques et techniques dans ce domaine. Toutes les communications et les interventions des participants sont d'accords sur le fait que Le manque de ressources financières, la faiblesse de la coordination et l'absence de vision globale en matière de recherche innovation en Méditerranée, constituent les principales difficultés auxquelles est confrontée l'économie de l'innovation en Méditerranée. Les conclusions de la conférence seront portées devant les ministres européens et méditerranéens lors de la réunion ministérielle de la FEMIP à Bruxelles le 18 mai 2010. A rappeler que la FEMIP a accordé des prêts aux pays de la région pour un montant d'environ 300 millions d'euros dans le secteur de recherche-développement et de l'innovation dont 80 millions d'euros ont été octroyés à la Tunisie pour la création et l'aménagement de cinq technopôles sectoriels. Ce projet doit favoriser l'émergence d'un réseau national pour la recherche scientifique et technologique visant la mise à niveau industrielle et l'accélération du développement des services à haute valeur ajoutée.