TUNIS, 15 mars 2010 (TAP)- Le manque de ressources financières, la faiblesse de la coordination et l'absence de vision globale en matière de recherche innovation en Méditerranée, sont les principales difficultés auxquelles est confrontée l'économie de l'innovation en Méditerranée. La situation de cette économie dite également « nouvelle économie » et les enjeux de la recherche-développement dans la région ont été au centre de la 7ème conférence de la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP) dont les travaux ont démarré lundi à Tunis. Pour M. Mohamed Nouri Jouini, ministre du développement et de la coopération internationale, « l'accentuation de la fracture numérique, scientifique et technologique entre les deux rives de la Méditerranée, l'accroissement du chômage des jeunes diplômés, la pression sur les ressources naturelles et l'accentuation du phénomène du changement climatique appellent à une action collective» à l'échelle euro-méditerranéenne. Il s'agit, a-t-il ajouté, de créer davantage de richesses et de garantir une croissance durable à même de garantir le progrès et le bien-être des peuples de la région. Plaidant pour un nouveau modèle de coopération, le ministre a affirmé qu'il est tant dans l'intérêt de l'Union européenne que dans celui de ses voisins du Sud de la Méditerranée, voir émerger des économies compétitives basées sur la connaissance. Il a précisé que « parallèlement à la poursuite des efforts au niveau de chaque pays, l'Union pour la Méditerranée est appelée à donner la priorité aux initiatives régionales misant sur la connaissance afin de créer un véritable espace intégré de la recherche innovation en Méditerranée et de développer un nouveau modèle de compétitivité Nord-Sud. Selon M.Jouini, les efforts doivent être axés sur trois dimensions, en l'occurrence la stimulation et la valorisation du potentiel humain, la coordination des politiques, moyens et programmes en matière de recherche innovation et la garantie d'un financement approprié à l'innovation. Il a fait remarquer que l'exemple des Etats-Unis d'Amérique et de certains pays asiatiques « peut constituer une source d'inspiration » dans ce domaine. M.Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque Européenne d'Investissement (BEI) a reconnu pour sa part, que la région « a besoin de chercher des moyens financiers supplémentaires » pour faire émerger des projets innovants, arguant que le financement pose toujours un problème dès qu'il ne s'agit plus des activités économiques conventionnelles. Il a ajouté que le débat sur cette question constitue l'avènement d'une politique euroméditerranénne de recherche-développement, précisant que pour sortir de la crise économique actuelle, faire face aux différents défis et créer un nouveau modèle de coopération, il est important de procéder à davantage de remises en cause. Il a affirmé que les recommandations de cette conférence seront proposées à la prochaine conférence euroméditerrannéenne des ministres des finances prévue en Mai prochain à Bruxelle et par la suite au prochain sommet des chefs d'Etats de l'Union pour la Méditerranée. M. Mohamed Pournik, expert au centre régional du Programme des Nations-Unis pour le développement au Caire, a relevé l'absence de stratégies de développement industriel dans la plupart des pays du pourtour sud de la Méditerranée, rappelant que l'amélioration de la compétitivité de ces pays demeure tributaire du développement de la recherche-développement, de l'augmentation des investissements publics et privés dans ce domaine et de la modernisation de l'éducation. Pour M.Jelel Ezzine, directeur général de la coopération international au ministère tunisien de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la coopération euroméditerranéenne en matière de recherche demeure fragmentaire et souffre d'absence de vision globale partagée par toutes les parties concernées, précisant que les travaux faits jusqu'à présents sont restés confinés dans les universités. Il a appelé à une approche globale, cohérente et à long terme dans ce domaine, à établir un ordre de priorité avec des choix clairs, estimant que la région peut s'inspirer du programme phare relatif à la région Baltique et des bonnes pratiques européennes en la matière. Il a également recommandé de faciliter le déplacement des étudiants et des chercheurs entre les deux rives de la Méditerranée, de coordonner les actions des institutions créées jusqu'ici et de renforcer la propriété intellectuelle. M.Phillipe Froissard, représentant de la direction générale de la recherche à la commission européenne a estimé que la crise économique a renforcé la volonté politique de développer un espace euroméditerranéen de la recherche, précisant qu'il revient aux réseaux de recherches de définir les priorités scientifiques et techniques dans ce domaine. Des responsables de structures chargées de la recherche et de financements, les experts et les universitaires de plusieurs pays européens et méditerranéens prennent part à cette conférence organisée notamment par le ministère du développement et de la coopération internationale et la BEI.