Barack Obama bannit toute utilisation de l'arme atomique contre des pays non nucléaires. Il croit, il espère en un monde dénucléarisé alors même que les Occidentaux de la toujours " Vieille Europe " brandissent l'épouvantail iranien tout en se gardant de froisser la sensibilité nord-coréenne et, surtout pas, de parler du joujou dévastateur israélien. Certes, il a bien précisé dans son discours à Prague que " cette limitation ne s'appliquera pas à l'Iran et à la Corée du Nord, mais la diplomatie souterraine s'est fortement déployée ces derniers jours pour impliquer la Turquie et la Chine dans un rôle d' " intermédiation ", la première auprès de l'Iran, la deuxième auprès de la Corée. Cette croisade anti-nucléaire, tel que définie par les observateurs, accentuent les divisions américaines. Et dans le clan même d'Obama où l'on craint que ces auto-restrictions que s'impose Washington affaiblissent les Etats-Unis, toujours aussi taraudés par le syndrome des périls terroristes. En filigrane, pourtant, l'accord de désarmement Start avec la Russie et la renonciation américaine au bouclier anti-missile réconfortent et calment Moscou autant qu'ils répandent du scepticisme au sein de l'Europe. Le retrait de l'Europe des armes nucléaires tactiques américaines (a priori deux cents ogives) ressemble vaguement à une pré-figuration d'un démantèlement graduel de l'OTAN. Et cela est susceptible d'alarmer les Européens qui verraient s'affaiblir leur potentiel de dissuasion. Sauf que la diabolisation de l'Iran par les Européens et l'amplification d'une fausse psychose alimentée par son nucléaire iranien sont un peu trop mises en scène pour être réelle. Car à bien y réfléchir, les deux véritables, et seuls protagonistes de cet accord sont l'initiateur (les Etats-Unis) et le bénéficiaire (la Russie). Et ni l'un, ni l'autre ne croient au fond en un monde dénucléarisé. Mais ils croient toujours et cultivent quelque part la nostalgie des vieux équilibres binaires... C'est peut-être bien la fin de la mondialisation et la résurgence d'une nouvelle forme de la bipolarisation avec ses " boutons nucléaires " tout juste moins apparents qu'auparavant.