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6000 cas nouveaux chaque année en Tunisie de leishmaniose cutanée et 100 nouveaux cas de leishmaniose viscérale La leishmaniose, cette maladie qui menace les pays en voie de développement
Dans le cadre de son cycle de conférences « penser la science », l'Institut Français de Coopération vient d'organiser à la médiathèque Charles de Gaulle à Tunis une conférence intitulée « un véritable enjeu de recherche face à un problème préoccupant de santé publique et vétérinaire » animée par le Docteur Rachel Bras-Gonçalves, immunologiste chargée de recherche à l'Institut de Recherches pour le Développement (IRD) et membre actif de la Société française d'immunologie. Plusieurs hommes de sciences, de médecins et de vétérinaires ont assisté à cette conférence qui a été suivie par un débat. La conférence a porté sur la leishmaniose, maladie chronique répandue dans les régions tropicales et subtropicales mais qui gagne du terrain partout dans le monde. 88 pays, dont 72 pays en développement sont concernés par cette maladie, soit plus de 350 millions de personnes y sont exposées. 14 millions de personnes affectées La leishmaniose, qui est causée par la piqûre d'un petit insecte appelé le phlébotome, se trouve toute l'année sous les tropiques et en été dans les régions tempérées. Cette maladie, appelée aussi, la maladie des pauvres ou du sous-développement, fait partie de ces fléaux qui entravent le progrès social et économique des pays pauvres où des millions de personnes sont menacées par cette maladie. Le Dr. Rachel Bras-Gonçalves a énuméré d'abord les trois types de leishmanioses qui sont transmissibles aux animaux, surtout le chien, (principal réservoir naturel de la leishmaniose viscérale), et qui peuvent être transmises à l'homme : les leishmanioses viscérales mortelles en l'absence de traitement, les leishmanioses cutanées, localisées, plus rarement diffuses, et les leishmanioses cutanéo-muqueuses. Ces trois espèces de leishmanies touchent la peau, les muqueuses, le foie, la rate et les ganglions. La conférencière a fourni des statistiques concernant les pays concernés par cette maladie, révélant que dans le monde il y a actuellement 14 millions de personnes affectées. 7 millions de chiens sont exposés à la maladie en Europe du sud, 10% des chiens sont infectés en zones méditerranéennes et 5% de ces animaux développent la maladie et meurent en absence de tout traitement. Elle a fait remarquer qu'il y a une extension du foyer de cette maladie, en effet, les trois types de leishmanioses apparaissent de plus en plus aux USA et dans le nord de la France. Selon les taux fournis par l'OMS, 90% des cas de leishmaniose viscérale proviennent du Bangladesh, du Brésil, de l'Inde et du Soudan; 90% des cas de leishmaniose cutanéo-muqueuse proviennent de la Bolivie, du Brésil et du Pérou; 90% des cas de leishmaniose cutanée proviennent d'Afghanistan, d'Arabie Saoudite, du Brésil, d'Iran, du Pérou et de Syrie. Grâce à une projection, Dr. Rachel Bras Gonçalves, a montré les régions du monde les plus affectées par cette maladie localisée essentiellement en Inde, en Amérique du Sud et en Afrique où elle touche chaque année plusieurs millions de personnes. 100 nouveaux cas par an Il a été démontré lors de cette conférence que la leishmaniose viscérale, la forme la plus grave, sévit à l'état endémique en Asie (Inde, Chine), en Amérique du Sud, en Afrique et sur le pourtour méditerranéen où l'on a remarqué la recrudescence inquiétante du nombre de cas de leishmaniose cutanée, mais aussi viscérale et l'apparition de nouveaux foyers d'infection, dans des pays où la co-infection leishmaniose/VIH est rare (Algérie, Tunisie). En Tunisie, les leishmanioses viscérales, a fait savoir la conférencière, touchent les enfants de 1 à 5 ans, soit 80% des cas, et on enregistre environ 100 nouveaux cas par an avec une mortalité de 5 à 8 %. Pour ce qui est des leishmanioses cutanées, on enregistre 6000 cas nouveaux chaque année en Tunisie. Parmi les vaccins expérimentés sur les chiens en France, elle a indiqué celui de Canileish qui a donné 93% de protection efficace, durant au moins une année. L'efficacité de Canileish a été confirmée avec un excellent taux de protection (80%) en zones d'endémie pour la leishmaniose canine. Médicaments pas très efficaces La conférencière a parlé aussi de la manifestation de la maladie dont l'incubation peut être longue de 1 à 6 mois et les symptômes se caractérisent par une fièvre avec altération de l'état général, perte d'appétit, amaigrissement, ballonnement abdominal. La pâleur cutanéo-muqueuse est aussi l'un de ces symptômes. Quant aux moyens de détecter cette maladie, on procède à un examen clinique qui peut mettre en évidence une rate et un foie augmentés de volume et une hypertrophie des ganglions, où à partir de recherches d'antigènes dans l'urine ou encore par des analyses de sérologie ou de parasitologie. Elle a ensuite parlé du traitement en citant quelques médicaments sur le marché qui ne sont pas très efficaces. Mais l'échec de ces médicaments dans le traitement de la leishmaniose viscérale peut être attribué à des facteurs inhérents à l'hôte, tels la co-infection avec le VIH ou la tuberculose davantage que par la résistance du parasite. Elle a parlé des nouvelles approches pour découvrir de nouveaux vaccins contre les parasites à administrer aux animaux atteints ; en attendant que les nouvelles recherches mettent au point un vaccin pour l'homme, qui n'existe pas pour le moment. Le Dr. Rachel Bras-Gonçalves a enfin conclu sa conférence en disant que « la leishmaniose demeure un grand problème de santé publique dans les pays du sud et un problème vétérinaire préoccupant dans le bassin méditerranéen ».