Le Temps-Agences - L'élaboration d'un nouveau "concept stratégique" est au menu de la réunion ministérielle de l'OTAN organisée jeudi et vendredi à Tallinn (Estonie), alors que l'Alliance atlantique fondée il y a 61 ans au temps de la Guerre froide traverse une sorte de crise existentielle. Presque 20 ans après l'éclatement de l'Union soviétique, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord tente de repenser son rôle et sa raison d'être. Créée en 1949 pour protéger l'Europe de l'Ouest d'une éventuelle invasion terrestre soviétique, elle compte aujourd'hui 28 Etats membres. L'Alliance apparaît divisée sur de nombreux dossiers: l'Afghanistan, le maintien d'armes nucléaires en Europe, les relations avec Moscou et l'expansion de l'OTAN dans "l'arrière cour" de la Russie. Les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, dont la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, se retrouvent aujourd'hui à Tallinn pour deux jours de réunion informelle, afin de faire le point sur la situation actuelle et les défis à venir. Ils devraient discuter de l'Afghanistan et des progrès de la Bosnie sur la voie d'un rapprochement avec l'Alliance. Les ministres devraient également débattre de l'avenir du "parapluie" nucléaire américain en Europe, qui revient à poser la question du retrait ou non des armes nucléaires américaines datant de la Guerre froide qui s'y trouvent. Le gouvernement de Barack Obama n'a pas pris position sur le sort de ces 200 armes à courte portée conservées dans cinq pays de l'OTAN. Des responsables américains expliquent que l'OTAN doit en discuter et prendre une décision collective. La réunion devait également porter sur la révision du "concept stratégique" de l'Alliance, dont la dernière mise à jour remonte à 1999. La France souhaite que ce processus "aille de pair avec une rénovation en profondeur, une réforme ambitieuse de l'OTAN", souligne le Quai d'Orsay sur son site Web. Le document final énonçant la nouvelle stratégie devrait être approuvé lors d'un Sommet prévu en novembre. L'URSS n'existe plus et l'OTAN dans son ensemble n'est confrontée à aucune menace militaire crédible. Toutefois, la guerre entre la Russie et la Géorgie en août 2008 a rappelé à d'anciennes Républiques soviétiques ayant adhéré à l'Alliance, comme la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie, que leur région reste potentiellement dangereuse. Le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen, estime que l'OTAN devrait renforcer sa collaboration avec d'autres alliances militaires bien au-delà des frontières de l'Europe, pour inclure des puissances émergentes comme la Chine et l'Inde. Selon lui, la guerre actuelle en Afghanistan montre la nécessité de telles coopérations. La cybersécurité apparaît également comme une préoccupation majeure pour l'OTAN.