Bruxelles (Reuters) — La question des armes nucléaires tactiques stationnées en Europe et les relations avec la Russie devaient dominer hier la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan, à Tallinn, en Estonie. Les chefs de la diplomatie de l'Alliance atlantique souhaitent en particulier faire le point sur ces deux dossiers deux semaines après la signature du traité de désarmement nucléaire Start II entre les Etats-Unis et la Russie. Ce traité, signé le 8 avril à Prague par Washington et Moscou, a pour objectif de réduire de 30% sur sept ans l'arsenal atomique russe et américain. «Beaucoup de progrès ont été faits ces derniers mois en matière de contrôle de l'armement. L'Otan doit assumer son rôle et le fera. C'est exactement ce dont nous allons discuter à Tallinn, en se basant sur le principe de solidarité et sur la nécessité de s'assurer d'une dissuasion (nucléaire) dans un monde incertain», a déclaré le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, à l'ouverture de la réunion. «Une partie de cette incertitude repose sur la menace croissante de missiles en Europe (...) Deux choses ne doivent pas changer : le centre de gravité de l'Otan est transatlantique et notre engagement commun à la défense de chacun de nos membres», a-t-il ajouté. Quelque 200 ogives nucléaires sont actuellement stationnées sur des bases américaines et alliées en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie et en Turquie mais leur présence sur le Vieux continent est jugée obsolète par beaucoup d'observateurs, 20 ans après la fin de la Guerre froide. Fenêtre d'opportunité Plusieurs membres européens de l'Alliance ont demandé en février l'ouverture d'un débat sur la présence de ces armes en Europe, et Berlin s'est engagé en 2009 à les retirer complètement de son territoire. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westervelle, a confirmé à Tallinn que son pays entendait mettre à profit le nouveau climat créé par la signature de Start II et le sommet sur la prolifération nucléaire organisé par Barack Obama pour pousser cet agenda. «De plus en plus d'oreilles sont réceptives, nous voulons profiter de cette fenêtre d'opportunité», a-t-il dit. De son côté, la Russie insiste sur le fait qu'elle ne commencera pas à détruire ses armes atomiques tant que Washington n'aura pas retiré les siennes du sol européen. Cette perspective inquiète les pays ayant appartenu à la sphère soviétique ainsi que la Turquie, qui voit d'un mauvais œil la prolifération nucléaire au Moyen-Orient. L'administration américaine, qui n'a jusqu'à maintenant rendu publique aucune décision en la matière, a indiqué que toute décision devrait recueillir l'assentiment des 28 membres de l'Alliance atlantique. Hier, à son arrivée à Tallin, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a d'ailleurs tenu à renouveler publiquement l'engagement américain à garantir la sécurité de l'ensemble de ses alliés. «Laissez-moi être claire: notre engagement envers l'Estonie et envers nos autres alliés est un principe essentiel pour les Etats-Unis et nous n'y renoncerons jamais», a-t-elle dit lors d'une conférence de presse avec son homologue estonien.