La salle d'exposition de la mairie d'Ezzahra réunit quarante six photographes de tendances artistiques différentes pour exposer chacun une seule photographie. Variété des thèmes, des styles, des techniques et des visions artistiques caractérisent cette exposition. Les photographies représentent des scènes de la vie quotidienne ou de la nature, expriment la nostalgie du passé mais aussi les rêves et les aspirations tournés vers l'avenir. Quelque soit le public, il y trouvera son compte parmi des œuvres qui oscillent entre la photographie classique et celle du numérique et du virtuel. Bon nombre des photographies exposées transcendent l'ordinaire pour caresser l'imaginaire et l'abstrait à tel point qu'on se croit à chaque fois devant une peinture. En effet, nous sommes en présence de la photographie artistique plasticienne, celle où il ne suffit pas seulement de réussir un bon cadrage et une bonne prise de vue, mais maîtriser également d'autres techniques : composition, montage, collage, traitement numérique, etc. Les œuvres exposées nous montrent que la prise de la photo n'est que le commencement d'une longue démarche créative : un véritable jeu subtil d'ombre et de lumière fait de découpage, collage, trucage et composition, etc. Une véritable révolution dans l'art de la photographie se fait jour. Grâce aux nouvelles techniques, la photographie fixe semble se mettre en mouvement, dans la mesure où elle interroge à la fois le présent, le passé et l'avenir en suscitant les plus vives réactions du spectateur qui se voit emporté vers des horizons autres que ceux représentés devant ses yeux, que ce soit vers un avenir proche ou lointain, sûr ou indéterminé, ou vers un passé chargé de souvenirs. Redéfinir le rôle et la place du photographe dans la sphère artistique et faire de la photographie, ayant déjà gagné ses lettres de noblesse, un art dynamique et rénovateur, tels sont les objectifs communs des quarante six exposants. Les titres des œuvres nous donnent une idée sur les différents sujets traités : « A la manière d'antan » de Zouhaier Ben Amor, « Arabesques » de Abdellatif Akremi, « Il était une fois » de Patricia Natale, « la vie, un chemin… » de Taieb El Guedri, « l'envol » de Lina Ben Mhenni, « Le vieux » de Chiraz Ben Ayed, « A travers la fenêtre » de Asma Kouraichi et d'autres encore… Commentant son œuvre intitulée « lucarne » l'artiste Ilyès Zaâfouri évoque les procédés qu'il y a employés en ces termes: de prime abord, l'observateur découvre un mur d'une cellule avec une lucarne en haut. Mais en réalité, ce n'est pas une photo, au sens classique du terme, prise par un appareil photo. Tout est le résultat d'un traitement numérique. Tout est reconstruit, fait de A jusqu'à Z sur ordinateur. A partir de textures, j'ai commencé de composer les différents plans (sol, mur, ombres…) En fait, il n' y a pas d'appareil photo ! C'est plutôt du photo- montage que les anglophones appellent « matte painting », une technique de trucage qui signifie en français « peindre sur des caches », elle consiste à incorporer une partie du décor, sous forme de peinture, à d'autres éléments tournés. C'est à mi-chemin entre la photo et la peinture. Avec l'informatique, on a pu intervenir d'une façon plus sophistiquée sur les photos. La matte painting crée un effet très subtil dans la mesure ou le trucage reste imperceptible.