Elles sont plus d'une vingtaine d'artistes-femmes qui exposent depuis le 22 septembre et jusqu'au 12 octobre prochain, au Centre d'Art Vivant, Tunis-Belvédère. Cette exposition collective, baptisée « Hadhirat » (Etre là), dénote d'une détermination inaltérable des artistes-femmes tunisiennes à aller au-devant, parfois contre vents et marées, dans leur créativité et leur aspiration à la liberté d'expression, un moyen efficace de confirmer leur essence, affirmer leur existence, consolider leurs acquis et renforcer leur rôle dans l'édification d'une Tunisie plurielle, libre, ouverte et tolérante.
Une pléiade de femmes-artistes spécialisées en peinture, en sculpture, comme en photographie, se sont donné rendez-vous dans cet espace agréable pour présenter leurs différentes œuvres plastiques qui ont trait à l'actuelle conjoncture sociale et politique, disposant chacune des techniques, de matières, de style et de vision qui lui sont propres. Quoique la liste soit longue, toutes les artistes participantes à cette exposition méritent qu'elles soient citées. Les voici : Héla Lamine, Héla Ammar, Rachida Amara, B'chira Triki, Faten Rouissi, Ymen Chatwen, Lamia Guemara, Mona Belhaj, Rabaa Skik, Khaoula Dridi, Sonia Kallel, Asma Kouraichi, Nadia Zouari, Soundes Blah, Leila Rokbani, Mouna Jemal, Rania Werda, Patricia Triki, Sadika Keskes, Rim Temimi, Fadoua Dagdoug, Houda Ghorbel et Dalel Tangour... (On s'excusera en cas d'oubli ou d'omission !)
Qu'elles soient issues d'écoles de beaux-arts ou qu'elles aient une formation académique, qu'elles aient appris l'art plastique chez de grands maitres en la matière ou qu'elles soient tout simplement autodidactes, ces artistes portent l'art plastique et le sens de la créativité dans le sang, de par les travaux qu'elles exposent et qui sont l'mage de leurs soucis, de leurs préoccupations, de leurs appréhensions, de leurs désirs, de leurs ambitions. Bref, de la cause féminine, en y mettant toutes leurs forces, leurs talents et leurs sentiments, mais en gardant, chacune, sa sensibilité, sa singularité, ses outils et sa vision du monde. Elles s'unissent dans la différence, cette différence enrichissante qui les rend complémentaires dans leur créativité et solidaires devant une cause unique, pour un défi commun en se jetant à corps perdu dans ce projet artistique collectif ô combien engageant. Dans cette exposition, ces créatrices féminines mettent l'accent, chacune selon son style et sa conception, sur la perception des libertés humaines dans une société qui vit une période de gestation démocratique. Aussi, peut-on lire à l'entrée de la salle d'exposition, cet extrait d'un texte mural signé par Rachida Triki résumant cette manifestation : «Sans s'inscrire délibérément dans une sorte d'art marqué par la distinction du genre, les œuvres d'artistes femmes tunisiennes sont, aujourd'hui, porteuses d'une sensibilité propre aux intensités du vécu. Elles véhiculent de manière subtile des postures physiques et mentales de notre rapport au monde. La dimension existentielle y acquiert une visibilité quasi palpable. Mais c'est aussi le rapport sensoriel à l'environnement proche du champ sociopolitique qui y est artistiquement interrogé dans ses contradictions et ses différentes formes d'oppression touchant le corps et l'esprit... »
Voici Patricia Triki et son triptyque de photos, Henda Ajili avec sa construction aux techniques mixtes où se marient l'acrylique, le collage et le fuseau. Là, c'est Leila Sellami qui expose son tableau à l'huile intitulé « Dégagement ». A côté, c'est Leila Rokbani avec sa sculpture par modelage « L'acrobate ». Mouna Jemel est présente avec ses photos numériques « Mujeres » (femmes). Quant à Rabaâ Sékik, elle se distingue par sa gravure et calligraphie sur aluminium « Dourou » (5 millimes). Là au fond, Rania Werda présente son magnifique tableau en acrylique et en crayons sur toile où il est question de trois femmes entrant ensemble en mer, différemment vêtues : l'une complètement couverte, l'autre en maillot de bains, la dernière en deux-pièces. Rim Temimi présente, elle, quatre portraits véridiques de dames assez âgées confortablement assises dans leur fauteuil. Dalel Tangour donne à voir une composition intitulée « Echec et mat » en plexis transparent qui consiste en deux tables basses en guise d'échiquiers. D'autres créations non moins importantes étoffent les cimaises du salon du Centre National D'Art qui méritent le déplacement.