Des salles de classe équipées en tableaux interactifs, en informatique et Internet, des enseignants assurant des cours tout en utilisant les supports numériques, des ordinateurs portables qui remplacent les cahiers, des CD englobant des manuels scolaires et parascolaires…c'est en fait l'image idéale de l'école de demain, basée sur les technologies de l'information et de la communication. Une école qui permettra d'avoir des générations bien formées et capables de s'imposer dans le marché de l'emploi à l'échelle nationale et internationale. Mais concrétiser cette démarche n'est pas aussi simple que l'on s'imagine. Car, c'est un travail de longue haleine qui nécessite des moyens financiers colossaux et surtout une grande volonté aussi bien de la part des enseignants que des élèves. En effet, les technologies de l'information et de la communication sont devenues un outil d'apprentissage indispensable dans un contexte où on parle de veille numérique et où le développement des pays se mesure à travers la maîtrise de cette technologie de pointe. C'est ce qui explique d'ailleurs le gap numérique entre les pays développés et ceux en voie de développement. Ces outils contribuent aussi à la généralisation de l'éducation pour toutes les franges sociales ou « l'éducation pour tous ». Un thème d'actualité brûlante, raison de plus que la communauté internationale vient de célébrer du 15 au 29 avril, la semaine mondiale « Education pour tous ». En marge de cette manifestation, le Forum National Education pour tous (EPT) a organisé hier, une journée d'étude ayant pour thème les technologies de la communication au service de l'inclusion scolaire, et ce en collaboration avec le bureau de l'UNICEF en Tunisie et le bureau de l'UNESCO au Maroc. La rencontre était une occasion pour les participants (représentants du ministère de l'Education, du Forum EPT, de la Commission Nationale pour l'Education, la Science et la Culture, des universitaires…) pour débattre de la question et notamment des obstacles qui entravent la concrétisation de cette démarche. Ils ont entre autres évoqué les mentalités réticentes des enseignants qui n'acceptent pas ce changement. Défis Dans ce contexte M. Kamaleddine Gaha, Directeur Général du Centre National d'Innovation et de Recherche Pédagogique a précisé que deux défis sont à relever dans le domaine à savoir : la maîtrise des TIC et la mobilisation de ces outils aux élèves aux besoins spécifiques. Pour le moment, il « préfère parler de la culture des TIC que d'utilisation de ces supports ». Il considère également que « pour maximaliser le rendement de ces outils, il faut faire un effort pour inculquer auprès de ceux qui les utilisent qu'il s'agit bien d'un outil de travail et qu'ils ont surtout un apport au niveau de la formation pédagogique ». Le responsable a rappelé à cette occasion les efforts déployés au niveau du centre pour développer des outils de TIC susceptibles de mieux servir les élèves aux besoins spécifiques. Une démarche qui s'inscrit dans le cadre de l'éducation pour tous. Depuis cinq ans, un groupe de spécialistes se penche sur « le diagnostic des difficultés d'apprentissage des TIC pour les enfants aux besoins spécifiques », précise le responsable. Un deuxième groupe de chercheurs s'intéresse à un autre profil d'élèves, les précoces ou les surdoués. « Ils sont en train d'élaborer les termes de référence qui permettraient de diagnostiquer à distance ces élèves », ajoute M. Gaha. Par ailleurs, Mme Amel Boukhari, Directrice Générale du Centre National de Formation des Formateurs en Education a présenté le profil de nos enseignant et surtout leur responsabilité dans la concrétisation de cette démarche : l'éducation pour tous à travers les TIC. En fait, « l'image de l'enseignants est fragilisée », signale Mme Boukhari. « Et le métier est de plus en plus complexe à cause des changements du niveau et du profil des élèves », enchaîne la DG tout en précisant que « cela fait que l'enseignant se sent déstabilisé face aux TIC». D'où l'importance de la formation dans le domaine qui est considérée même comme « un enjeu ». Car « la qualité de l'enseignement est tributaire de la qualification ou la « qualité » de l'enseignant », toujours d'après la même source. Mais il importe de dire à cet effet, que nombreux sont les enseignants qui manifestent une grande réticence face aux TIC. D'autres critiquent l'infrastructure installée jusqu'à présent et qui ne répond pas aux attentes des élèves. Avec des ordinateurs en panne, un faible débit d'Internet et surtout le manque d'équipements voire absence totale de ce matériel dans les établissements sis dans les zones rurales, certains enseignants trouvent du mal à assurer leurs cours. Peut-on ainsi parler d'éducation pour tous alors que nos établissements manquent toujours de moyens et d'entretien du matériel?