Lundi dernier, une vague de chaleur a déferlé sur le pays. Des températures caniculaires ont été atteintes surtout sur le Grand Tunis allant jusqu'à 40° C, dépassant de loin la moyenne annuelle en cette période de l'année. Selon les services météorologiques, le mercure monterait encore dans les prochains jours. Cette chaleur prématurée comparable à celle de la saison estivale n'a pas été sans conséquences sur le comportement des élèves et sur leur travail scolaire. Chaque fois qu'il y a une hausse de température brusque et inhabituelle, on remarque ses effets immédiats sur le comportement des élèves qui, du coup, se débarrassent de leurs fringues de demi-saison et ne gardent que des vêtements légers, décolletés et sans manches, au risque de tomber malade au cas où le temps redeviendrait plus frais en ces derniers jours de printemps. C'est que nos enfants sont très sensibles aux changements climatiques qui pourraient influer sur leur conduite au sein même de l'établissement scolaire. En effet, en classe, ils se fatiguent vite et éprouvent de gros problèmes de concentration. L'ambiance devient suffocante en classe, surtout avec les odeurs puantes qui se dégagent des chaussures de sport portées par les élèves. Certains passent l'heure à somnoler, d'autres n'arrivent pas à tenir jusqu'à la fin de la séance et demandent l'autorisation de sortir pour aller boire et s'asperger le visage et la tête d'eau fraîche. Les enseignants, eux, subissent le même sort pendant les jours de canicule et se trouvent obligés parfois à adapter leurs cours en fonction des circonstances. Le trop de mouvement, dû à la sortie à tout instant des élèves aux toilettes en vue de se rafraîchir sous l'eau de robinet, pourrait déranger le déroulement du cours : « J'ai dû faire sortir mes élèves un par un, nous a déclaré un prof de français, pour aller s'imbiber d'eau fraîche, sans quoi, ils étouffent en classe ! D'ailleurs, chaque fois qu'il y a une température forte et imprévue, les élèves ont l'air fatigués et ne se concentrent pas assez sur le cours. Regardez-les, certains arrivent avec une bouteille d'eau pour en prendre de temps en temps une gorgée pour étancher leur soif ! La journée d'hier (lundi) était vraiment insupportable pour tout le monde ! » Les élèves du primaire et ceux du collège, dont l'âge varie entre 6 et 14 ans, sont trop fragiles pour supporter ces premières chaleurs qui annoncent l'été et ils ont du mal à suivre en classe. Ces enfants peuvent avoir un coup de soleil en s'exposant pendant un certain temps aux fortes températures, surtout lors de leur retour à midi à leur maison. A la récréation, on voit ces petits enfants se cacher sous un préau ou à l'ombre des arbres de la cour de l'école ou encore gardent leurs salles de classe à la recherche d'une température plus douce. On déplore, cependant, l'attitude de certains responsables d'établissements scolaires qui font couper l'eau courante pendant les heures de cours sous prétexte d'éviter le va-et-vient des élèves et les bousculades qui surviennent devant les robinets ! Ce genre de situation se reproduit d'ailleurs dans pas mal d'établissements chaque fois qu'une vague de chaleur anormale déferle sur notre pays, notamment en mai et en juin. Les élèves du secondaire, plus âgés et peut-être moins vulnérables, dont les lycées sont tout proches de la mer ont profité lundi dernier de la forte chaleur et se sont permis une belle baignade à la mer lors d'une heure creuse. Quant aux études, ils peuvent tout arranger avec leurs profs respectifs qui, généralement, se montrent compréhensifs dans les circonstances particulières. Comme ce groupe d'élèves de 3ème année secondaire que nous avons rencontrés : « Nous avons décidé de demander au prof de reporter le devoir prévu aujourd'hui à 14h pour un autre jour, car il fait très chaud à cette heure de la journée et personne n'est en mesure de se concentrer sur le devoir ! » Voilà ce qui se passe dans nos établissements en cas d'une hausse subite de température : c'est la fatigue, la nonchalance, le manque de concentration et la ruée vers les robinets, au risque de créer un remue-ménage (passager, heureusement !) dans le déroulement des cours. A l'heure où le monde entier risque un réchauffement de la planète due à la couche d'ozone, peut-être vaudrait-il penser à une réhabilitation de l'actuelle infrastructure de nos établissements scolaires en vue de mieux adapter les salles de cours aux nouveaux changements climatiques, de façon à permettre une bonne ventilation des salles en cas de chaleurs caniculaires (inhabituelles) qui, selon les prévisions des spécialistes en météo, vont être de plus en plus fréquents dans les années à venir. Et qui sait qu'un jour, même le calendrier scolaire subira des changements en fonction des aléas climatiques !