Concentration ! Voilà un mot que les parents lisent souvent dans les bulletins de notes de leurs enfants ou qu'ils entendent de la bouche même des enseignants. «Manque de concentration, élève ne participant pas en classe ! ». Telle est la fameuse remarque qu'un enseignant fait sur un élève qui passe son temps dans la lune pendant le cours ! En effet, parmi les doléances des enseignants dans tous les niveaux scolaires (primaire, collège, lycée), c'est surtout ce manque de concentration de la plupart des élèves en classe. Rares sont les élèves qui prêtent attention à leur maître ou prof du début jusqu'à la fin du cours ! A quoi est donc dû ce manque de concentration et d'attention chez ces élèves ? Les élèves dits inattentifs ou distraits se font remarquer en général dès le début de l'année par leurs profs. Ils préfèrent se mettre au fond de la classe et manifestent un manque d'intérêt dès les premiers cours. Certains sont redoublants et viennent avec une idée défaitiste en se disant : « On n'est pas bon, on ne comprend jamais rien ! ». Ils passent alors leur temps à rêvasser, à bavarder ou à taquiner leurs camarades. Par contre, les plus studieux sont ceux qui choisissent dès le premier jour les premiers rangs pour mieux écouter le prof et éviter la distraction. A vrai dire, les causes de ce manque de concentration sont multiples. Les unes sont inhérentes à la nature même de l'enfant : manque de maturité, désintérêt, paresse mentale, ennui, phobie scolaire, fatigue, manque de sommeil, stress, frustration, manque de confiance... Mais d'autres causes sont reliées directement à des facteurs d'ordre éducatif ou pédagogique : classe hétérogène, manque de discipline, programme surchargé ou démotivant, élève submergé par les études, cours magistraux, laxisme ou sévérité de l'enseignant... Bien d'autres causes de ce manque de concentration sont inhérentes aux conditions de travail de l'établissement scolaire, comme par exemple, les appels téléphoniques reçus en plein cours via les portables (soit des élèves, soit des profs !), le déplacement de certains élèves dans les couloirs sous prétexte d'aller aux toilettes, de mouiller un chiffon ou de secouer une brosse ou encore d'apporter de la craie de l'administration, les cris des élèves provenant du terrain de sport, situé tout près des salles de classes et sans oublier, le bruit des klaxons des autos et les pétarades des motos qui passent devant l'école... Chez certains élèves, ce manque d'attention en classe revient au fait qu'ils n'attachent pas beaucoup d'importance au cours dispensé par leur prof, comptant surtout sur les cours particuliers. Mourad, prof de maths, confirme ce phénomène : « c'est vrai, il n'y a pas une véritable concentration en classe. Seuls deux ou trois élèves suivent attentivement ; les autres ont l'esprit ailleurs ; un grand nombre d'élèves reçoivent des cours particuliers à l'extérieur et ils comptent beaucoup sur ces cours ! Et c'est dommage, car rien ne vaut le cours donné par le prof ! » Mais certains élèves ne l'entendent pas de cette oreille et ils se tournent contre leurs profs. Mondher, élève en 3ème secondaire : « Comment voulez-vous qu'un élève puisse se concentrer alors qu'on se croit parfois être au marché et non dans une classe : quand les élèves sont indisciplinés et que le prof ne peut pas les maîtriser, la concentration devient difficile dans cette situation. » Des parents sont souvent convoqués par les enseignants pour être informés sur le manque d'attention de leurs enfants pendant les cours. Les parents sont eux-mêmes surpris du comportement de leurs rejetons qui, aussi paradoxal que cela puisse paraître, font montre d'enfants studieux et appliqués à la maison ! En effet, certains de ces élèves arrivent à l'école avec les leçons apprises et les devoirs bien faits, mais dès qu'ils sont en classe, ils se sentent désemparés, immobilisés. Alors, ils s'ennuient carrément en classe ; ils passent leur temps à dessiner ou à gribouiller dans leur cahier ou sur leur pupitre, ne prêtant aucune attention au cours. Sihem, prof de français nous a affirmé à propos de ces cas : « Il est vrai que ces élèves-là ne gênent pas le déroulement du cours, puisqu'ils sont toujours silencieux. Ils sont plutôt indolents et préfèrent rester tranquilles dans leur coin. Mais notre devoir est de les faire participer ; alors il faut les interroger de temps en temps pour les sortir de leur inertie. » Que peuvent donc faire les enseignants face à ces cas d'enfants distraits, rêveurs et passifs qui, pour des raisons diverses, ne parviennent pas à se concentrer en classe ? Pour Fethi, prof de philo : « Il faut motiver tous les élèves en les mettant dans des situations contraignantes mais aussi en créant une ambiance décontractée et en adoptant une démarche souple pour les amener à se concentrer, à participer, à exprimer leurs points de vue. Il faut essayer à tout prix de mettre ces élèves désintéressés dans le bain et les pousser à intervenir ! C'est un effort supplémentaire de la part de l'enseignant ; mais une bonne volonté de la part de ces élèves fera accroître leurs capacités d'attention ! Négliger ces élèves et les laisser dans leur passivité pourrait entraver le déroulement du cours et influer sur le niveau général de la classe ! » Bref, une bonne concentration de la part de l'élève est primordiale dans tout apprentissage et à tous les niveaux. Toutefois, pour favoriser cette concentration il faut que l'école assure les conditions favorables et l'environnement approprié, et de même, il faut que les méthodes d'enseignement s'adaptent aux nouvelles techniques pédagogiques pour mieux motiver l'élève et le pousser à être plus attentif, donc plus actif.