L'optimisme affiché depuis la fin de l'année 2009 cède progressivement la place au doute quant à une réelle et solide reprise économique, notamment en Europe et à un degré moindre aux Etats-Unis. Les plans de croissance mis en place par les différents gouvernements ont certes permis d'éviter le grand choc, mais n'ont en rien endigué le mal. Ils ont stimulé la consommation, notamment dans le secteur de l'industrie automobile, ils ont aussi évité la faillite des institutions financières, mais ils n'ont fait qu'aggraver davantage le phénomène de l'endettement déjà très élevé et atteignant des chiffres astronomiques, aux Etats-Unis comme dans plusieurs pays d'Europe. En France et à titre d'exemple, la dette publique se situe aux alentours de 80% du PIB, le déficit pour cette année atteint les 8% du même PIB. Dans d'autres pays comme l'Italie, l'Espagne ou encore le Portugal, la situation est pire, tout comme d'ailleurs aux Etats-Unis où il est de 10%. La conjoncture du moment est loin d'être rassurante. Les risques de faillite planent sur plusieurs Etats d'Europe. Les créanciers, ne cachent plus leurs inquiétudes quant à la capacité de ces Etats de pouvoir honorer leurs engagements. La nervosité des marchés financiers en dit long sur l'état réel de plusieurs économies. Il est vrai que les places boursières ont positivement réagi à l'annonce de la mobilisation de plusieurs centaines de milliards d'euros pour venir en aide aux pays en difficulté, l'euro s'est aussi repris face aux autres monnaies, mais est-ce vraiment le bout du tunnel ? Difficile à prédire, tellement la crise actuelle, n'a de cesse de réserver au monde surprise après surprise. Elle est mutante au point de devenir déroutante. Financière au départ, elle est devenue économique, sociale avant de prendre une autre forme encore plus grave, celle des déficits et de l'endettement. Et c'est là sans doute où réside le nœud de tout le problème. Car il est de toute évidence insensé de continuer à s'endetter. Ceci implique impérativement des politiques d'assainissement dans les finances publiques avec les conséquences qui en découleront. Mis à part la Grèce et l'Irlande, dans beaucoup d'autres pays, il ne fait plus mystère que la rigueur sera de mise. Des coupes budgétaires sont prévues, des gels des dépenses aussi, on va même jusqu'à prévoir l'augmentation de certains impôts. Et pourtant on parlait de leur baisse, question d'encourager les investissements et de stimuler la consommation, deux facteurs liés de la croissance. Celle-ci est déjà revue à la baisse, sauf bien sûr dans les pays émergents (Chine, Inde, Brésil et même certains pays d'Afrique). C'est un véritable changement de cap qui s'opère et qui met en exergue une réelle prise de conscience de l'ampleur de la crise et de ce qui pourrait advenir, si des mesures draconiennes d'austérité ne sont pas décidées tant qu'il est encore temps. Les plans de relance ont montré leur limite, et de toutes les façons ils ne pouvaient continuellement durer d'autant que l'argent qu'on prête provient des emprunts contractés par des Etats dont les caisses sont aujourd'hui vides. Finie donc la chirurgie esthétique et place à la chirurgie lourde au risque d'entraver l'hypathétique relance et d'exacerber davantage les tensions sociales. Car toute politique d'assainissement est par essence une politique de rigueur qui met entre parenthèses tout espoir de rebond dans l'immédiat. Elle aura pour conséquence inéluctable d'accroître le nombre des demandeurs d'emploi, de rendre encore plus difficile le quotidien des ménages, de faire baisser la consommation et de ralentir l'investissement. Tous ces éléments réunis et qui vont à l'encontre de toute croissance sont de nature à faire entrer l'économie d'une grande partie du monde dans un cycle d'hibernation qu'impose la refonte, ce qui ne manquera pas d'avoir des effets négatifs sur les économies des autres pays dont celles des pays en voie de développement qui s'en ressentiront sans doute le plus par ces temps d'économie mondialisée. Loin d'être des Cassandre, tout indique que la réelle embellie et la vraie reprise ne le seront pas de sitôt.