L'empressement de quitter l'Afghanistan est de plus en plus perceptible au sein de la coalition occidentale dont les troupes sont en guerre contre les taliban et leurs alliés d'Al-Qaïda. La Grande-Bretagne, qui déploie 10.000 soldats, le contingent le plus important après celui des Etats-Unis, l'a solennellement signifié par la voix de son ministre de la Défense, en visite à Kaboul, avec les ministres des Affaires étrangères et du Développement international. " Les troupes britanniques doivent rentrer aussitôt que possible d'Afghanistan, un pays du 13ème siècle ", a-t-il déclaré. Ces propos, particulièrement acerbes, sonnent comme un avertissement adressé au gouvernement afghan et au président Hamid Karzaï. Le message est clair : Londres veut dire qu'elle est dans l'incapacité de prolonger son engagement direct dans cette guerre perçu par son opinion publique comme un enlisement et qui s'avère être une hémorragie pour ses troupes (300 soldats anglais tués depuis l'intervention des forces internationales en 2001). Elle interpelle aussi le gouvernement de Kaboul sur l'urgence d'assumer la mise sur pied de forces de sécurité crédibles afin de leur transférer la responsabilité de la sécurité dans le pays. Au fond, les Britanniques sont conscients que les forces afghanes sont incapables de faire face à un ennemi aguerri et qu'il est impossible d'imposer une solution militaire dans un pays témoin de la débâcle de la Grande-Bretagne au début du 20ème siècle et de celle des Russes dans un passé moins lointain. Londres voudrait aussi insinuer qu'il est temps de rechercher un règlement politique au conflit et d'inciter les taliban à négocier. Mais ce qui est sûr, c'est que la nouvelle coalition en Grande-Bretagne veut concevoir une politique étrangère moins interventionniste que celle des gouvernements précédents et de ne plus assumer le rôle de " gendarme universel ", comme affirmé par Liam Fox.