Dans son bras de fer avec l'Occident sur la question du nucléaire, l'Iran a toujours compté sur l'appui et le soutien de la Russie. Mais voilà que ce nucléaire, facteur de coopération, d'entente et d'intérêts réciproques, se transforme subitement en une source de tension, de frictions et d'échanges acerbes, de critiques et d'accusations. L'atmosphère augure d'une période de grands soubresauts et tout laisse croire qu'une crise de confiance s'installe entre les deux pays. Quand le président iranien se demande « Sont-ils nos amis et nos voisins ? Sont-ils avec nous ou cherchent-ils autre chose ? », on décèle des accusations à peine voilées contre la Russie et un doute sur la sincérité de son amitié envers l'Iran. Téhéran est visiblement ulcérée de constater que son « allié » ne s'oppose plus à des sanctions par le Conseil de sécurité. C'est un revirement inacceptable pour elle et un alignement sur les positions de ses « ennemis ». Mais les choses sont vues différemment à Moscou qui n'a pas tardé à fustiger la « démagogie » du président iranien affirmant que la position russe reflète « les intérêts de tous les peuples de la grande Russie et ne peut donc être ni pro-américaine ni pro-iranienne ». Effectivement, il s'agit d'intérêts. Avec l'Iran, il y a la vente de missiles sol-air, la construction de la centrale de production d'électricité de Bouchehr et qui sont vitaux pour l'économie russe. Mais pour beaucoup d'observateurs, Moscou lorgne d'autres intérêts liés à une coopération étroite avec les Etats-Unis. Ils insinuent entre autres que le retrait du projet américain de bouclier antimissile aurait été subordonné à plus de cohérence sur le dossier iranien. Il est en tout cas trop tôt pour faire des pronostics sur l'avenir des projets russes en Iran et les jours qui viennent diront s'il ne s'agit tout simplement que d'un coup de froid sans grande importance.